C’est avec grand plaisir que nous avons enfin retrouvé le chemin de l’AmphiJazz, son ambiance club, son son irréprochable, sa proximité avec les musiciens, cela me manquait terriblement. Un seul bémol, le prix des consos qui va crescendo ma non troppo…
Bref, l’idée de départ était de retrouver la trompette de notre ami Julien Alour (« il a belle alloure ») qui avait enchanté nos apéritifs au Tariquet sur la place de Marciac il y a deux ans déjà.
Jacques Schwarz-Bart, saxophoniste guadeloupéen New-Yorkais, en résidence, nous y attendait pour une soirée vaudou. Ca sentait donc un peu le mystère et la magie noire pour nous, pauvres profanes, lorsque la chanteuse Haitienne Moonlight Benjamin entra sur scène avec une mélopée envoûtante, suivi des musiciens en file indienne. Personne n’ose un applaudissement d’accueil. Nous entrons dans le vif du sujet et nous irons sans entracte jusqu’au terme de ce parcours initiatique.
JSB parle beaucoup et c’est agréable, il est intelligent, drôle et sympa, simple sous son chapeau et dans ses chaussures à bascules. Il nous parle de son projet musical, en résumé une fusion des musiques haïtienne, caribéenne et du jazz moderne. Mais, nous prévient-il, nous ne sommes pas là pour le rythme mais pour la mélodie parfois simple mais aussi très complexe du chant vaudou.
Nous on veut bien, mais bon, le tempo du premier morceau nous décrassa déjà pas mal les oreilles, la suite fût à l’avenant. Et puis quand on est flanqué d’une telle bande, difficile de se tenir tranquilles sur la chaise.
Tout d’abord le pianiste Martiniquais Greg Privat, qui nous fit la démonstration que le piano est bien un instrument de percussions. Ses longs doigts plaquent les accords avec une vélocité assez surprenante. Le piano a dû reculer de quelques centimètres. JSB nous dit que c’est un des plus grands, et il ne plaisante pas, lui qui vit à New York… en sait quelque chose semble-t-il nous dire.
Puis le bassiste Reggie Washington que j’étais impatient de voir avec son ampli Markbass, l’ampli était bien là mais avec une contrebasse (pas sûr que ce soit son instrument de prédilection), il en joue assis avec des postures pas très académiques, mais bon le boulot est bien fait (pas de solo, c’est rare) Mais nous ne sommes pas là pour le rythme…Puis la batterie tenue par un jeune Gadeloupéen de 13 ans (un peu plus..) nous dit JSB rajoutant qu’autant de talent s’est surprenant voire déprimant…Arnaud Dolmen, un roc. Un dolmen dans une soirée vaudou si ce n’est pas de la fusion ça. La planète jazz regorge décidemment de jeunes batteurs talentueux. Mais nous ne sommes pas là pour le rythme… et à propos de planète, « la huitième s’appelle Claude Saturne », un peu lunaire, le regard souvent perdu dans les étoiles, il est parait-t-il le percussionniste haïtien de référence, et ça percute en rafale…Mais nous ne sommes pas là pour le rythme, JSB offre une petite dédicace à sa maman (dans la salle) qui l’a consolé car on vient de lui voler son sax dans le TGV , et cette fois c’est bien une biguine revisité qu’il nous offre mais… nous ne sommes pas pour le rythme, mais pour écouter la mélodie vaudou et voir danser la prêtresse Moonlight, dans sa longue robe rouge, son turban vert et ses longs bijoux, elle se casse en deux, piétine les braises, écarte ses ailes, le sax de JSB est en pleine érection …(le morceau s’appelle Banda)
Bon allez, il est tant d’aller se coucher Monsieur le Préfet … (il était dans la salle)
JC JazzBof
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