Sans la musique, la vie serait une erreur. (F. Nietzsche)


lundi 16 octobre 2023

Sophie Alour à l'underground de l'opéra de LYon

 
Photo: Christophe Charpenel

Un vendredi 13 à l'underground de l'opéra de Lyon
"Délicat"
C'est le qualificatif qui me vient pour évoquer le concert de ce soir.
C'est un très grand plaisir de retrouver Sophie Alour découverte en 2008 avec son premier album "uncaged" au Radiant.

Oui c'est toujours la très grande classe, elle est entourée ce soir de musiciens d’exception dans une formule originale guitare, violoncelle, batterie et Saxophone/flute traversière pour la leader et compositrice Sophie Alour.
Pierre Perchaud est la guitare, Guillaume Latil au violoncelle et Fabrice Moreau à la batterie.
Pas exhibitionnisme pas de chichi juste de la belle zique avec des arrangements au cordeau  portés par des musiciens qui sont tous des leader dans d'autres formations.
Ce soir Sophie Alour présente son dernier Album " Le temps virtuose", projet qui évoque le thème du temps sur plusieurs aspects. Il a été composé dans les périodes troubles de Covid et de la guerre en Ukraine au regard de la vie qui avance. "Petite anatomie d'un présent qui passe" est par exemple un jolie titre écrit lui en pensant à sa fille de 10 ans.
J'ai adoré "Musique pour Messieurs" délicieusement tourmenté par la guitare saturée et une rythmique entêtante, suivra "Musique pour Dame" beaucoup plus apaisée, peut être nostalgique.
Elle revisite dans ce nouvel opus un morceau emblématique de son premier album justement  "Haunted"  : le temps passe mais le talent reste!     

Un ptit coup de griffe au passage, je regrette le temps où l'underground s'appeler l'amphijazz et où nous pouvions écouter/voir du jazz tous les mois. J'aime pas trop les "c'était mieux avant " mais en l’occurrence on ne va pas vers du mieux en la matière.  La dynamique est cassée. 

JazzMarc

Trio EYM au Periscope avec Varijashree Venugopal et BC Manjunath

Le mercredi 11 octobre 2023 au Périscope

Et si la musique pouvait sauver le monde !
C'est un langage commun à toutes les civilisations et un véritable véhicule d'émotions et de joies en commun.

Prenez le trio EYM qui se présente ce soir sur la scène du Périscope ils sont originaires de Lyon ( quelle bonne idée); ce qui les motivent eux, c'est d'aller rechercher de nouvelles sonorités et d'enrichir leur créativité en s'ouvrant aux influences du monde entier.
Ce soir ils présentent leur 4ème album "Bangalore" une fusion de jazz contemporain et de musique Carnatique du sud de l'inde.
Ces deux styles sont à des années lumière l'un de l'autre et pourtant! ... et pourtant leur fusion ce soir est tout simplement somptueuse. Alors si toutes les musiques du monde pouvaient se donner la note!

EYM  c'est d'abord un trio de jazz contemporain piano, basse et batterie  porté, dans le même ordre, par Elie Dufour, Yann Phayphet et Marc Michel. Le groupe est né en 2011 et depuis ils ont sillonné le monde et collaboré avec pas mal d'artistes de nombreux pays.
Cette ouverture donne à leur musique des couleurs chamarrées parfois au sein même d'un unique morceau.
Le concert démarre en trio seul avec  "Pique nique à Tchernobyl" morceau qui figurera dans un futur 5 ème album. Déjà les sonorités de l'orient sont là, je pense à Avishai Cohen ( Israël), à Tigran Hamasyan (Arménie) voir à Aziza Mustafa Zadeh ( Azerbaïdjan) quand la chanteuse Indienne interviendra: des artistes qui poussent la fusion musicale comme un instrument de paix massif. 

Dès le deuxième morceau la chanteuse Varijashree Venugopal et le percussionniste BC Manjunath rejoignent le groupe pour dérouler les titres de l'album "Bangalore". C'est juste un monde nouveau qui s'ajoute et se mêle au premier pour l'enrichir davantage. Comment ?  la question technique est vite oubliée tant le résultat semble une évidence (Au secours André Manoukian)
La voix de la chanteuse est envoutante, elle ne fait aucune surenchère c'est une musicienne comme les autres, elle est en osmose avec le groupe, elle improvise et participe pleinement à la fusion générale. (elle aurait mérité une meilleure sonorisation ce soir)
Le percussionniste BC Manjunath est un véritable phénomène il joue du mridangam, instrument traditionnel étonnant faisant partie des tambours en tonneau. Au cours du concert il propose au public un langage de la percussion et entraine tout le monde dans des phrases rythmiques.
Les morceaux s'enchainent  très percussifs comme "No madness" et "I'm traveling alone" ou des ballades comme  "song for Anilou". Tous sont des compositions d'Elie Dufour excepté  le très beau  chant traditionnel "Jagadoddarna"arrangé par lui.

Le groupe propose pour finir le titre "Bangalore" ville au sud de l'inde dont ils sont tombés amoureux et où ils ont rencontrés Varijashree et BC Manjunath. Au rappel ce sera  "Emile" une ballade composée par Elie pour son fils.

 Un mot sur le piano d' Elie Dufour qui est un sujet à lui tout seul, en effet avec un ami ingénieur ils ont mis au point une pédale spéciale qui active un dispositif venant appuyer sur les cordes pour en faire un piano "préparé" à la demande. Les notes sont ainsi altérées ponctuellement. Ce soir le piano a des sonorités  d'instrument à corde traditionnel me semble t'il comme une Kora africaine. ( fusion encore)

La salle était pleine ce soir pour accueillir les enfants du pays et leurs amis, elle était unanimement enthousiaste pour célébrer la beauté des musiques du monde et leur mélange. 

Les tyrans et les barbares ignorants n'aiment pas la musique; soit ! et bien défendons là encore plus! 

JazzMarc
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mercredi 12 juillet 2023

Liniker au théâtre antique de Vienne

 

Le 5 juillet 2023 au Théâtre antique de Vienne

Le groupe Snarky Puppy a certainement attiré la majorité du public ce soir, car en première partie le festival présente une découverte en la présence de la chanteuse Transgenre brésilienne Liniker annoncée comme la nouvelle sensation soul/pop brésilienne.

1ère sensation: P...  c'est fort!

Ouvre les yeux:
Le groupe est habillé uniformément en noir et blanc, la reine de la fête est en combinaison bouffante rose bonbon: le look scénique est soigné; d'aucuns diraient ostentatoire.

Écoute:
Ah oui c'est fort quand même, les basses sont profondes et ça tape fort.

Liniker est une chanteuse et compositrice Brésilienne, avec son groupe "the Caramelows" ( les caramels) elle a publié son premier album "Remonta" en 2016. Ce soir elle présente le dernier en date, son troisième, "Indigo Borboleta Anil"  ( Papillon indigo) et ça démarre avec "Lili" puis "Diz Quanto Custa"
Sur scène il s'agit d'une musique afro/brésilienne aux consonances samba/pop survitaminée très entrainante. 
Le show est taillé pour les grandes scènes des festivals ce qui anesthésie les subtilités des enregistrements en studio. Pour apprécier l'amplitude vocale de Liniker je conseille d'écouter par exemple un morceau comme "intimidade", certainement trop intimiste justement pour la scène du soir.

C'est ça ferme les yeux pour apprécier:
La voix est chaude, sensuelle et envoutante;
une voix de ténor qui reste puissante quand elle passe en voix de tête.

L'information n'a pas été donnée sur la composition du groupe en présence, très bon et bien équilibré au demeurant. Votre serviteur le regrette, j'aurais aimé mettre avant en particulier, le guitariste plein de ressources et d'inventivité et le batteur qui chante fort bien lui aussi. Peut être sont-ce une partie des "Caramelows" (les durs uniquement ?)

Un groupe de fan est au devant de la scène, ils connaissent les chansons par cœur et brandissent un drapeau brésilien, il finira sur scène aux mains de Liniker.

Obrigado Brasil 
Obrigado ao festival por esta descoberta
Obrigado Google translate

JazzMarc
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mercredi 5 juillet 2023

Randonnée en musique Jazz à Vienne avec Amin & Luna


Le 2 juillet 2023 Randonnée en musique à Jazz à Vienne
Belle surprise que la découverte de la musique d'Amin & Luna sur les hauteurs de Vienne lors de la randonnée en musique que Jazz à Vienne organisait pour la première fois ce dimanche matin . 

9h00 c'est tôt pour le jazz normalement, mais la promesse d'assister à un concert surprise de 45 minutes après une randonnée d'un peu plus de 5 km sur une des collines adjacente à Vienne nous a mis en mouvement.
A l'arrivée dans une petite clairière donnant sur une vue grandiose de Vienne et du Rhône nous attendent les 2 artistes et on devine que le concert sera aux consonances Oriental au vu des instruments en présence.      

Nous voilà instantanément transportés en Irak au bord du tigre, au Caire au bord du Nil en Arménie, en Iran et tout ça pour une empreinte carbone nul.
Amin & Luna interprètent des chansons traditionnelles de ces origines lointaines, des chants d'amour des Odes à la nature qu'ils ont repris à leur compte pour une délicieuse fusion entre orient, musiques actuelles, classique et jazz.     


Amin c'est Amin Al Aiedy  musicien, joueur de Oud et de contrebasse, compositeur et improvisateur à ses heures. Outre ses talents techniques c'est un  érudit de l'histoire des musiques et sur les poésies orientales. Il aime a jouer son "Manoukian" quoi!.

Luna c'est Luna Nieto chanteuse qui étudie le jazz vocale au conservatoire de Lyon. Elle a abordé la musique orientale depuis quelques années seulement, elle semble pourtant rompu à ces harmonies complexes et à la langue arabe. Elles est étonnante de précision et de fantaisie, c'est la première fois que j'entends du Scat Arabe et c'est bluffant. Dans une de ses Interview  j'ai entendu qu'elle citait Youn Sun Nah et Leila Martial parmi ces chanteuses préférés et influences : rien d'étonnant.      

Voici des artistes à suivre, merci à Jazz à Vienne de permettre toujours la découverte de nouveaux talents.

JazzMarc
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Amin en video sans Luna

lundi 3 juillet 2023

André Manoukian 4tet & Balkanes + Livizz à Jazz à Vienne

Le 28 juin au théâtre antique de Vienne

Il est certainement plus connu pour ses émissions audiovisuelles que pour sa musique pourtant André Manoukian a derrière lui une longue carrière de compositeur et d'interprète. On le connait pour son travail avec les chanteuses Liane Foly ou Malia mais il a collaboré avec quantité d'autres artistes. Il publie son premier album solo en 2008.


On aime à rappeler ici son attachement à la région puisqu'il est né à Lyon et qu'il a créé en 2010 le festival Cosmojazz à Chamonix où il hisse, dans le sens propre,  le jazz aux sommets.

En 2017 il réoriente ses compositions vers ses origines : l'Arménie; en publiant l'album "Apatride" où l'on retrouve avec bonheur les sonorités d'autres musiciens comme Avishai Cohen ou Tigran Hamasyan. En 2022 il récidive avec "Anouch" où il évoque le souvenir de sa grand mère. Dans cette album il fait appel a des chœurs "ethniques" que l'on retrouve abondamment ce soir.

Il nous a gâté pour cette soirée, c'est comme une carte blanche où MONsieur reçoit ses invités  
C'est avec son quartet qu'il entame le concert, un quartet atypique, ils ne sont pas tous arméniens, nous dit il, mais c'est bien de l'Orient fantasmé qu'ils sont venus nous faire rêver.
Guillaume Latil est au violoncelle et bascule en basse au besoin; Rostom Khachikian au Duduk, c'est une sorte de flute de la famille des hautbois qui est un des symboles de la musique Arménienne.
Aux percussions: un phénomène Mosin Kawa qui utilise des instruments indiens, notamment le "tabla" c'est étonnant ce qu'il arrive à produire avec on dirait qu'il a 50 doigts.

Alain Manoukian est incorrigible, il ne peut s’empêcher d'endosser le rôle de professeur d'histoire de la musique... bon on aime ça et encore plus votre serviteur chroniqueur à qui il facilite bien la tâche.
Ce qu'il aime encore plus c'est évoquer le peuple arménien, peuple d'exilés, éparpillé sur la planète avec la nostalgie d'un paradis perdu ...fantasmé. C'est dur d'être arménien! ( nous dit il)

 Les Balkanes sont les premières invitées un groupe vocal bulgare, d'origine France, composé de 3 chanteuses. Dans un premier temps elles chantent a capella puis accompagnent le groupe comme on peut l'entendre sur l'album avec par exemple " l'ange à la fenêtre d'Orient" . Cette fusion et cette puissance vocale sont du meilleur effet.

Dafne Kritharas entre alors sur scène présentée comme chanteuse franco-grecque capable de faire pleurer les pierres! effectivement l'émotion produite par cette voix céleste a emporté tout le monde. Les pierres du théâtre antique se sont faites moins dures on ne les sentait plus; comme en suspension... Atterrissage ! "Aie"



Heureux Manoukian le voilà maintenant entouré par un Big Band de meufs comme il a plaisir à l'annoncer, en effet 6 chanteuses du groupe Liv'izz viennent en arrière de la scène compléter le dispositif déjà bien fournis. Liv'izz est un ensemble vocal exclusivement féminin issu du Conservatoire de Musique et Danse de Vienne.

Ils produiront ensemble notamment un très entrainant "Rondo Arménien" autre extrait du dernier album.

Bravo l'artiste, professeur, animateur pour toute cette richesse accumulée pour ce concert d'ouverture.

 JazzMarc

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Sarah Lenka & Macha Gharibian à Jazz à Vienne 2023

Le 28 juillet Au théâtre antique de Vienne

C'est parti pour la 42 ème édition du festival Jazz à Vienne en version "esprit libérée" sans gestes barrières ni appréhensions quelconques. "Ouf" on n'est bien sur les pierres chaudes du théâtre antique pour cette soirée d'ouverture généreuse qui nous est proposée avec 4 plateaux de choix dont le point d'orgue  avec Dee Dee Bridgewater pour clôturer la soirée.

Il fait encore jour  quand Sarah Lenka & Macha Gharibian entrent sur scène pour entamer leur set.
Il y a 10 ans déjà nous découvrions Macha Gharibian qui présentait son premier album "Mars" au Hot Club de Lyon un soir d'octobre 2013 et étions alors déjà tout a fait sûr de son potentiel.(voir ici)
La voici donc sur la scène de Vienne aujourd'hui mais pas vraiment là où on l'attendait.
Macha Gharibian est pianiste, chanteuse, auteure et compositrice alors on a envie de tout avoir quand elle est sûr scène car elle nous a habitué à des concerts somptueux dans son propre univers qui embarque le jazz, l'Arménie, New York et ...Rachmaninoff.



Non ce soir elle est au piano et en soutien vocal au service de la chanteuse Sarah Lenka.

Sarah Lenka est une jeune chanteuse saluée par la Sacem en 2007 avec le  prix de la meilleure artiste féminine. Elle publie son premier album "Am I blue" en 2008 après avoir  fait des études aux beaux arts. Son univers à elle est tout autant singulier flirtant avec le jazz en venant du folk avec sa voix à peine éraillée presque enfantine propice aux berceuses.

Son propos toutefois est autrement plus engagé puisqu'il est centré sur la causes des femmes. Elle a beaucoup interprété des chansons de Billie Holiday puis de Bessie Smith. Dans son dernier album "Women's Legacy" elle réunis des chansons qui rendent hommage aux femmes fortes à différentes époques qui ont œuvré pour leurs libertés. 

En 2022 Sarah a enregistrer un EP avec 6 titres où elle invite d'autres artistes pour l'accompagner sur certains d'entre eux. C'est sur " It happened" que Macha Gharibian apparait, la collaboration a dû être enrichissante puisqu'elle se prolonge avec ce projet sur scène. 

Ce soir le duo est une évidence, la voix est aérienne, elle s'envole jusqu'en haut des gradins, elle est doublée à certains moments par celle de Macha et soutenue par les volutes d'un piano qui a envie d'Orient.

Le répertoire c'est celui de Sarah Lenka avec de nouveaux arrangements qui laissent la place à quelques solos au piano inspirés, salués par un public attentif. C'est l'occasion d'apprécier le talent de pianiste de Macha Gharibian en dehors de ses compostions.

Cette dernière tient à évoquer un fin de concert le 200 ème jour de blocus par l'Azerbaïdjan du Haut-Karabagh en Arménie d'où sont ses origines. La musique est un langage universelle, elle adoucit les mœurs il parait, mais hélas elle reste impuissante devant les "sourds dingues"!

 JazzMarc
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Bonus

mardi 9 mai 2023

Ramdam Fatal au Périscope

Photo: Jean-Pierre Jacquot
 Le 6 mai au Périscope de Lyon

Ils sont venu de leur massif central pour faire du ramdam au périscope de Lyon et ils ont fort bien fait.
Ils nous ont régalé et bien dégagé les oreilles pour l'occasion.

Ramdam Fatal est un groupe né de la fusion du trio Utra Zook et de membres de la compagnie "L'Excentrale"  avec l'ambition d'une musique totalement déconfinée osant des grand écarts entre les musiques traditionnelles d'Auvergne, le rock, les musiques improvisées, le jazz...
Le raccourci possible serait la "bourrée progressive" mais en tentant de définir leur projet on ne dit rien de l'énergie festive qu'ils dégagent et du bouillonnement créatif qui les anime.

Les textes sont décalés, la musique est pleine de syncopes et de "stop and go" avec des montées progressives vers des moments de pure d'hystérie bienfaisante.

En les écoutant je pense, moi, à une filiation entre "Franck Zappa" et "Ange" bon d'accord ça date un peu mais la bourrée aussi.

Leur spectacle est tout à fait singulier, on assiste à une grande parade qui annonce ce qui sera peut être un bal " Cavalier Per l'Ecir", ou à un colloque pour analyser "22 propositions pour sortir de l'impasse" tout aussi loufoques les unes que les autres.
Ce sont 2 titres de leur album qui vient de sortir et qu'ils présentaient ce soir pour la 1ère fois.

Les musiciens sont tous formidables, c'est plus le choc entre les styles qui cohabitent sur une même scène qui est le plus remarquable. Entre par exemple les sons de l'espace sortant du clavier Benjamin Bardiaux est le violon de bal de Clémence Cognet qui rythme la cadence avec ses pieds.

A la fin du dernier morceau, l'hystérie finale est à son comble, un cri primal s'est alors fait entendre  poussé par une Clémence Cognet semblant en transe qui nous à laissé béats.  

Le périscope n'était pas plein ce soir, c'est quand même un regret face à autant de talent et d'énergie et au final à une telle production de plaisir brut. c'est dommage! Mais vous pouvez-vous rattraper, le disque est disponible désormais et d'autres dates sont d'ores et déjà annoncées.

Jazzmarc

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 Félix Gibert (Direction, trombone) – François Arbon (Saxophone basse, trombone) – Clémence Cognet (violon,voix, pieds, trombone) – Romain « Wilton » Maurel (violon, voix)
& le trio Ultra Zook : Benjamin Bardiaux (claviers, voix) – Rémi Faraut (batterie, voix) – Manu Siachoua (guitare, basse, voix).


samedi 22 avril 2023

Nicole Mitchell & Silvia Bolognesi au Périscope

Photo: Jean-Pierre Jacquot
Le 19 Avril 2023 au Périscope de Lyon

Un, deux,trois soleil...
Dans la cours de récréation qu'est devenue la scène du Périscope ce soir deux musiciennes de haut vol jouent et s'amusent surtout beaucoup. 


Entre la flutiste américaine Nicole Mitchell et la contrebassiste italienne Silvia Bolognesi, c'est la marelle, cache cache ou chat perché c'est la création en temps réel de mondes imaginaires merveilleux qu'elles se créent pour un instant. 

C'est le dialogue entre deux continents,
- entre le grave et le léger
- entre la terre et ciel, la terre pour la contrebasse ancrée dans la terre et la flute qui s'envole tel le rossignol
- entre la rigueur et la fantaisie
voir le chaos et l'ordre associé à l'une ou l'autre selon les cas.

Au début du set on a l'impression que chacune part pour une improvisation qui lui est propre et puis doucement les possibilités de synchronisation s’effleurent, le jeu s'installe entre elles. Le cadre posé de chaque morceau semble ténu mais il suffit de se laisser aller, de lâcher prise alors on peut partager le plaisir qu'elles ont, elles, à jouer ensemble.

Nous sommes proche de la performance expérimentale avec des artistes cependant qui sont passées maitres en la matière. Chacune utilise son instrument selon toutes les méthodes possibles et elles ne sont pas toutes répertoriées dans les manuels.
Silvia Bolognesi pince, frotte, percute son instrument tant qu'elle peut, le son de sa contrebasse est parfait. Ses solos ne sont jamais ennuyeux, et quand son instrument ne suffit pas elle fait des percussions avec d'autres jouets à elle, voir elle nous harangue des "What's good in music ?"
Nicole Mitchell mélange,elle, allégrement le son de sa flute avec des vocalises, du chant, du souffle bref elle donne tout avec générosité. 

Il m'est arrivé de perdre le fil, peut être même l'ont elles perdu elles aussi, rien d'étonnant tellement la prise de risque est importante.  

C'est une musique qui, dans tous les cas, convient moins à une écoute d'un enregistrement dans son salon mais plus en live dans une salle de concert voir dans une autre cours de récréation.
Et maintenant on dirait que tu serais un cosmonaute et moi une fleur...

JazzMarc  

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samedi 15 avril 2023

EST le retour ! Home.s et Rymden

15 ans déjà que Esbjörn Svensson disparaissait dans un tragique accident de plongée,
journée tragique aussi pour le monde de la musique qui s'est depuis assombri sans cette lumière musicale incandescente.

Et puis en septembre dernier l'album "Home.s" a été publié constitué d'inédits de Esbjörn au piano solo.
Je suis resté collé à cet album pendant plusieurs semaines et je mis replonge avec délice régulièrement encore. C'est bon de retrouver des nouvelles d'un proche d'être bercé par ces cheminements mélodieux intimes et imparables.

 

Il n'y aura pas d'autre Esbjörn Svensson mais ses enregistrements pourront nous enthousiasmer et nous apaiser encore longtemps. Et puis son héritage est aussi porté par ses deux compères le bassiste Dan Berglund et le batteur Magnus Öström qui constituaient la rythmique enflammée du Trio EST.
 

La deuxième formidable nouvelle c'est que ces deux là, après des expériences chacun de leur côté,  ont eu la bonne idée de reconstituer un trio avec le formidable pianiste et compositeur norvégien Bugge Wesseltoft qui arrive avec son univers et sa longue expérience. J'aime beaucoup son album de 2016 "somewere in Between"  une rétrospective de quelques 20 ans de son expérience musicale  et celui de 2017 en piano intimiste " Everybody loves angels"  et puis et puis ...en fait j'aime beaucoup cet artiste.
Et voilà donc Rymden le nouveau trio qui permet à la rythmique mythique de feu EST de ce reconstituer autour de ce pianiste exceptionnel.

Deux album studio sont déjà disponibles depuis la constitution du groupe, plus des "live" plus un album de reprises (déjà) avec un orchestre symphonique.
Voici un extrait de l'album "Space Sailors" paru en 2020: c'est bon de retrouver cette pulsation, c'est bon d'être en bonne compagnie !

 

JazzMarc

lundi 23 janvier 2023

Octotrip à la Salle Molière à Lyon


Le 19 Janvier à la Salle Molière
  
La salle Molière est en effervescence en attendant Octotrip sur la scène, visiblement les connaisseurs étaient déjà sur le coup, et parmi eux beaucoup de musiciens des conservatoires de musique de la région.

Le trombone n'est pourtant pas l'instrument le plus populaire pour faire bouger les foules, il est souvent un très bon compagnons d'ensembles musicaux.
Dans le cas d'Octotrip, le Trombone en est la vedette et tous les à priori tombent, tellement l'étendu de ce qu'ils démontrent est vaste.
Ils sont bien huit musiciens, comme le suggère leur nom, dont 6 trombonistes, 1 joueur de Tuba et un d'
Euphonium (ou Tuba ténor) et ils nous entrainent dans un Trip totalement inédit.

Ce soir ils présentent pour la première fois leur nouveau projet: "Atrahasis"  qu'ils ont créé pendant leur récente résidence à Vienne.
A l'entame du concert le groupe arrive depuis la salle des 2 côtés de la scène, les 2 groupes se répondant pour une première pièce d'un certain JS Bach écrite pour des violoncelles à l'origine. Étonnamment on les entend vraiment les violoncelles.
Pour ce projet le groupe a invité deux artistes, la chanteuse Leïla Martial et la percussionniste Anissa Nehari.
Dés le 2 ème morceau les 2 invités sont en première ligne, l'ambiance a radicalement changé tout est plus percussif les trombones y compris. 
C'est la première fois, j'avoue que je voyais Leila Martial sur scène et je pense que cette femme est folle. Il semble que les différentes langues à sa dispositions étaient trop contraignantes trop limitées, alors elle a inventé des sons avec sa voix qui constituent son vocabulaire musical. En associant cette maitrise avec son agilité dans l'improvisation  elle en devient une artiste redoutable de la musique vivante. Sa folie est bien sûr magnifique, réconfortante, tout est alors possible sur scène.
Tantôt elle est une indigène sauvage dans la jungle, tantôt elle est lyrique, dans le morceau "Jérusalem"   au pied du mur des lamentations elle en devient même céleste.  

Le groupe fait preuve d'une énorme rigueur et de beaucoup d' humour c'est la marque du talent. Comment pourrait on classer leur musique alors qu'on entend un ensemble polymorphe : un orchestre de chambre puis une orchestre symphonique voir un ensemble tribal

Ces huit là se sont rencontré au Conservatoire Supérieur de Musique de Lyon. Leur recherche de sons et d'expressions musicales est passionnante. Le prestation est 100% acoustique, pourtant les effets produit par les différentes embouchures sont multiples.

Les compositions pour ce projet sont de François Chapuis et Robinson Khoury parmi les trombonistes et de  Pierre Tereygeol .
Robinson est bien connu de la scène jazz française, il est né à Lyon , il mène une carrière riche en collaborations ( Ibrahim Maalouf, Marcus Miller) en projets de groupe (Octotrip, Uptake, Aarab..) et personnels (déjà 2 albums )
Pour ce projet "Atrahasis" on le sent complètement dans son éléments lui qui a une formation classique à la base et qui s'est toujours dit très influencé par le chant.
Pour les 2 derniers morceaux il a lâché son trombone et s'est lancer dans des vocalises avec Leila Martial et Victor Auffray

 En 2018 Octotrip a déjà sorti un très bon premier album nous avons hâtes désormais de pouvoir écouter ce nouveau projet très prochainement.   

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JazzMarc

Jules Boittin, Alexis Lahens, François Chapuis, Nicolas Vazquez, Robinson Khoury, Charlie Maussion : trombones
Victor Auffray : euphonium
Lucas Dessaint : tuba
Leïla Martial : voix
Anissa Nehari : percussions

Octotrip Premier album


Leila Martial


lundi 16 janvier 2023

2 légendes d'Uzeb au club de Savoie à Chambery

 Le 14 janvier 2023 au Jazz Club de Savoie à Chambéry
Le Jazz Club de Chambery fête ses 45 ans d'existence ça valait bien un concert d’exception qui m'a mis en mouvement pour faire le déplacement vers ce lieu que je ne connaissais pas encore.
Rien de moins que 2 ex UZEB,  célèbre groupe de Jazz Rock Québecois des années 70/80, à nouveau sur une scène française. Je veux parler d'Alain Caron (mon héros) à la basse  et de Paul Brochu à la batterie eux même.
Le club d'abord est situé dans un lieux improbable dans un environnement plutôt industriel en rénovation où ce bâtiment largement tagué fait office de résistant. On s'attend à voir un panneau " Démolition imminente"
L'intérieur cependant est constitué d'un bel espace avec une très bonne acoustique aussi ...pourvu que ça dure. Des concerts y sont organisés tous les vendredis avec de beaux plateaux...à venir y compris au vu du programme de janvier.(voir ici)
 
J'ai mis les deux légendes d'Uzeb en avant cependant le projet est celui d'un sextet piloté par Pierre Bertrand (saxophone et flûte traversière) et Ron Di Lauro ( Trompette et Bugle) associés à Denis Leloup (trombone) et Alfio Origlio (piano).
Soit une des meilleures rythmiques du monde avec une élite de solistes. ( Je m'emballe)
Il s'agit aussi d'un échange entre le Québec et la France, Ron Di Lauro venant aussi de l'autre côté de l'atlantique.
Avec un tel plateau la difficulté est de choisir un répertoire parmi les compositions et les coups de cœur de chacun. Aussi nous avons entendu du Duke Ellington pour mettre tout le monde d'accord et de belles compositions d' Alfio Origlio, d'Alain Caron et de Denis Leloup.
Une très belle compagnie que ces 7 là donc, qui ont fait preuve de beaucoup de cohésion artistique et de bonne entente ( pas d'égo ostentatoire malgré le grand talent de chacun d'entre eux). Ils ont emballé la salle de connaisseurs qui leur a fait un accueil chaleureux.
Même si Alain Caron confirme sa place de héros pour moi, j'ai redécouvert la qualité du jeux de Paul Brochu à la batterie avec une inventivité et une présence de tous les instants. Là où certains batteurs peuvent se mettre en "pilotage automatique" lui il est un partenaire hors paire qui pousse tout le monde vers l'excellence.
La tournée du sextet en France ne compte que 3 dates: ils étaient à Grenoble le 12 à Chambery le 14 et seront au Sunside à Paris le 17.
 
Deux autres chroniques sont disponibles sur Jazz Rhone alpes.com
 pour Grenoble et pour Chambery.

Longue vie au Jazz Club de Savoie
 
JazzMarc