Au premier jour de sa résidence à l'amphijazz de Lyon, le saxophoniste Jacques Schwarz-Bart invite mister Eric Legnini le, génial, pas tout à fait français, pianiste belge.
Ils sont ensembles sur scène pour la première fois et pourtant ils se connaissent visiblement fort bien, les précédents projets communs ayant jusqu'à lors toujours avortés.
Jacques Schwarz-Bart d'origine Guadeloupéenne a déjà derrière lui une longue expérience de musicien de jazz, beaucoup à New-York au service d'une musique désormais métissée.
C'est un petit bonhomme trapu qui se présente, chapeau sur la tête. En quelques mots il se montre très chaleureux et nous annonce rapidement le drame: pendant son voyage pour venir à Lyon on lui a volé son Saxophone. C'est de toute évidence un évènement qu'il a du mal à vivre. Beaucoup de musiciens ont une relation presque charnelle avec leur instrument et la perte de leur compagnon est une épreuve comme une rupture avec un être cher.
Il semble redouté le moment de commencer le concert avec un saxophone ténor de location.
Nous, nous serons rapidement rassurés; la chaleur humaine que dégage ce musicien se retrouve dans le son de son sax, il est puissant et coloré.
Je m'attendais à plus d'africanité de ce duo, Eric Legnini avec son projet "Afro Jazz beat" a montré qu'il adorait lui aussi ces ambiances. Mais dans le premier set nous nous sommes plutôt retrouvés dans les clubs de jazz new-yorkais avec du swing et du groove à tous les étages.
Le répertoire du soir est tiré des compositions des deux protagonistes et de quelques standards. On a entendu par exemple "Lullaby from atlantis" une belle ballade langoureuse de Jacques Schwarz-Bart ou "Sing twice" un morceau très groove d'Eric Legnini. Pour les standards Jacques Schwarz-Bart a tenu à rendre hommage à Charles Lloyd saxophoniste américain qu'il juge trop peu mis en avant à son goût.
Le deuxième set s'est révélé plus personnel et plus fort encore. Avec un morceau comme "Casa Bamako" d'Eric Legnini on a bien vu les cocotiers et ça sentait bon le Ti-Punch, Jacques Schwarz-Bart nous a proposé, lui, un très beau morceau sur l'enfantement en hommage à sa propre mère. Elle était exceptionnellement présente dans la salle pour le soutenir dans son épreuve.
A chaque intervention d'Eric Legnini je suis scotché par tant de facilité créative instantanée et de dextérité. Toutes les notes sont claires, bien détachées même dans les moments ultra rapide ça doit être ça aussi un Grand pianiste.
Le deuxième set se termine par "Mercy, Mercy..." où Jacques Schwarz-Bart demande pitié avec ce gospel, comme s'il n'était pas sûr de la qualité de sa prestation sans SON saxophone.
Ils nous achèvent au rappel " Que reste t'il de nos amours" propice à quelques cheminements subtils et nuancés.
Si jamais Jacques Schwarz-Bart retrouve son sax je veux bien écouté si réellement ça peut être mieux ou si c'est seulement dans sa tête.
PS: le petit verre de "Saint Veran " en écoutant ce type de musique dans cet endroit magnifique qu'est l'amphi jazz c'est juste du bonheur pur sucre.
JaZZmarc
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"Ricken" la guitare que s'est fait voler Laurent Voulzy à New-York
T'es où petite sœur
Dans quel Brooklyn
Chez quel fumeur
T'es où petite sœur
Est-ce que son spleen te plaît
Y'a l'eau y'a l'heure
Qui nous séparent maintenant petite sœur
Qu'est-ce que tu pleures
Est-ce que c'est le blues des champs de coton
T'es à quelle heure
Rockeuse la frime et tout
J'ai d'autres sisters
Mais avec toi Miss Baker
Ça me faisait plus d'émotions
....
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