Sans la musique, la vie serait une erreur. (F. Nietzsche)


lundi 26 janvier 2015

Nik Bärtsch Ronin au Périscope

Le Samedi 24 Janvier 2015 au Périscope.
Au périscope ce soir on prend un billet pour un décollage immédiat vers la spirale musicale du groupe suisse Nik Bärtsch Ronin.
C'est la foule des grands jours, beaucoup les prétendants au voyage sont déjà enthousiastes, et certains sont venus de loin pour participer à cette expérience.  
Le démarrage est plutôt calme, les boucles, garanties fait à la main, s'enchainent doucement.
- Oh mais ça marche pas ton truc on est toujours sur le plancher des vaches ! ton attraction fabuleuse, ton manège enchanté: On ne sent rien !
Et puis ça prend, ça prend, oui ça prend la tête.... attends moi Alice j'arrive ...

Cette musique entêtante est une ensorceleuse !     

Tout a commencé pour moi, un soir de 2009 à l'amphi jazz avant un concert; une musique de fond était en train de me prendre la tête, de me happer. Je suis allé demandé au préposé à la console du son qui m'a répété 10 fois le nom du groupe que je ne comprenais pas et quand j'ai demandé le nom du morceau il m'a donné un numéro de module. Décidément nous avions à faire à un sacré cas.
Depuis j'ai beaucoup écouté  les différents "modules", et assisté à leur concert cet été au Jazzmix à Jazz à Vienne Voilà : je suis un fan, voir un adepte de cette musique mystique.

Depuis que le jazz existe, il n'a cessé de se réinventer, c'est bien là où réside tout son intérêt, il est en constant mouvement en s'adaptant à son temps et en embrassant toutes les influences. Les différents mouvements se sont succédé et se succèdent encore  : Ragtime, le swing, le behop, hard bop, jazz fusion, smooth jazz ...jazz Rap et j'en passe ( non pas le blues)
Le pianiste et compositeur  Nik Bärtsch a inventé, en toute simplicité, un nouveau mouvement ( un fork dans le langage informatique), une nouvelle branche du jazz : le "zen-funk"  ou le  "Ritual Groove" deux noms qu'il aime a utiliser

Ce sont des mélopées aux fortes influences Jazz Rock, et au montées progressives envoutantes.
Au Périscope ce soir on a tout bon, le son y est très bon et le groupe a mis au point un jeu de lumière très spectaculaire.

La scène, même pour cette musique très écrite, est vraiment un plus, le groupe percute beaucoup plus,  les modules s'enchainent différemment à chaque concert et les rares moments d'improvisation rendent  le moment unique.    

La seule réserve que j'émettrais concernant le concert du soir c'est sa brièveté, un peu plus 1h30 il me semble, mais perdu dans le tourbillon musical on perd aussi la notion du temps

Ces messieurs "développent" ( c'est le verbe que Nik Bärtsch a utilisé) leur musique tous les lundis dans un club de Zurich, alors si vous voulez communier régulièrement avec le Gourou Nik Bärtsch vous y êtes cordialement conviés.    

Disciple JaZZmarc
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Le module 22

mardi 20 janvier 2015

MUPOKESI au pérsicope: La poésique

Le samedi  17 janvier au Périscope
Nous voilà plus détendus que la semaine dernière  pour accueillir du jazz,  pour lâcher prise et nous enivrer avec cette musique de liberté.

Ce soir c'est Mupokesi au Periscope qui va nous faire oublier un moment la brutalité du monde et nous faire décoller sans autre substance que de la musique et de la poésie.
En effet le projet du quartet Mupokési  c'est la poésique : nous délivrer une musique pleine de poésie.

Mupokesi est un groupe de jazz moderne lyonnais, mené par Yanni Balmelle à la guitare et aux compositions; il est membre du collectif artistique Grolektif.
" Le plateau de la balance" est le morceau qui ouvre le concert et qui porte en lui tous les ingrédients qui font la singularité du groupe. C'est d'abord le dialogue entre  le saxophone et la guitare qui constitue la base du groupe. Les deux instruments sont tantôt à l'unisson parfait même lors d'enchainements délicats, ils partent à d'autres moments chacun de leur côté pour des cheminements improvisés et  inspirés puis se retrouvent en décalé pour des conversations harmoniques captivantes.
C'est Pierre Desassis qui est au saxophone, toujours mélodieux  il a un son chaud et des fulgurances énergisantes. Il est passé par la Loraine avant de rejoindre le groupe, on espère qu'il se plait bien dans la région et qu'on aura vite d'autres occasions de l'entendre sur scène.
Ce duo est soutenu par Guillaume Menard au clavier qui assure souvent la ligne de basse,en l’absence de contrebasse, et complète les solos; à la batterie un Willy Brauner qui est en osmose totale avec le groupe

Yanni Balmelle est entouré d'une armada de pédaliers en tout genre dont  il se sert vraiment pour produire des sons variés qui diversifient les ambiances et tiennent l'auditoire en éveille sans risque d'uniformité.

Les compostions sont souvent complexes et élégantes,
j'ai retenu entre autre " Sarah" une ballade avec le son moelleux du saxophone, c'est beau l'amour... mais attention ça pique.
 "L'appartenance" est aussi une belle composition illustrant la cohésion du groupe. C'est un thème important pour Yanni, et je ne suis pas loin de penser comme lui en ces périodes tourmentées il est important de se sentir appartenir avec solidarité à un groupe;  à un groupe de musique, une entreprise,  un pays voir à une planète. Serait ce ça l'esprit Charlie?

Pour revenir au groupe j’émettrais une réserve sur quelques compositions un peu sages  et un certain manque de fantaisie parfois.

Au rappel pour le coup, ils se lâchent vraiment avec un morceau tendance rock "Une seule chose" une vrai réussite loin d'une invitation à aller gentiment se coucher.

Un premier disque du groupe est disponible depuis l'année dernière pour vous rattraper si vous les avez ratés où si vous voulez prolonger votre plaisir. 

JaZZmarc
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Yanni Balmelle (Guitare) /Pierre Desassis (Saxophone)/ Guillaume Menard (Clavier)/Willy Brauner (Batterie)


    

dimanche 18 janvier 2015

Fatih Akin "the cut" : Un réalisateur qui a des couilles


Une bande originale très guitare électrique de Alexander Hacke accompagne le premier film sur le génocide arménien réalisé par un Turc, Fatih Akin, que les critiques se plaisent à éreinter.

 C'est vrai que Fatih Akin est un Turc d'Allemagne,ou plutôt un Allemand d'origine turque ; vrai aussi que son film "the cut" prend paradoxalement moins aux tripes que "Head on" ou " De l'autre côté", les deux autres volets de sa trilogie. Mais quand même !

C'est le premier film où je vois une reconstitution du génocide arménien de 1915.

Avec de multiples conseillers historiques ( ce qui fait qu'on retrouve ce qu'on a pu lire dans les livres d'histoire sur le sujet).Avec Le talent de Mardik Martin, le scénariste de "Mean Streets" de Scorcese ( à qui Akin rend d'ailleurs hommage à la fin du film). Avec plusieurs langues originales (arménien, turc, espagnol, anglais). Même si Tahar Rahim est quant à lui muet.

Et il parait qu'en septembre le film a réussi à passer dans 24 salles en Turquie malgré les menaces des ultranationalistes.Alors, je trouve les critiques un peu durs de faire la fine bouche, surtout dans le contexte actuel.

D'accord, c'est très classique comme mise en scène. Mais au moins, le film existe !




                         François Filmbôf




lundi 12 janvier 2015

David Bressat Trio à l'Esplanande Saint Vincent

Le vendredi 9 janvier à l'esplanade Saint-Vincent de Vienne.

Partagé entre le plaisir d'aller écouter du jazz et la sensation qu'il allait être difficile de se lâcher complètement tant l'atmosphère du moment était tendue;
c'est avec abnégation que je n'ai finalement écouté que ma détermination à résister face aux obscurantistes qui haïssent le jazz et me suis rendu à l'esplanade Saint Vincent de Vienne qui accueillait ce soir le Trio David Bressat.

L épreuve fut redoutable.
Imaginez plutôt un diner concert organisé un vendredi sur deux dans un cadre chaleureux, ou les participants sont accueillis avec décontraction et professionnalisme par Joelle et François et où la qualité du contenu des assiettes et du jazz proposé à nos oreilles également aimables* est toujours d'un très bon niveau:
C'est dur la résistance !
François Robin est intraitable: Ici on respecte profondément la gastronomie et le Jazz aussi c'est tantôt des moments où l'on mange, boit et converse et tantôt des moments où l'espace sonore est réservé à la musique et aux musiciens avec le plus grand respect
C'est dur quand même François !
Alors quand on sait que l'acoustique y est très bonne, et quand un piano Bösendorfer 3/4 de queue est mis à disposition, et réglé par Yves Dugas ( Lyon Music), pour la maestria de David Bressat

Non décidément ...c'est trop dur ... je reste.

Le pianiste David Bressat et son trio sont bien connu dans la région, Charles Clayette est à la batterie et ce soir c'est Benjamin Guyot qui est la contrebasse.
Une des spécialités du groupe est de partir d'une chanson française et de la réinventer pour le trio jazz. On retrouve ces constructions dans le  premier album du trio " french connexion". Au menu de nos oreilles ce soir on trouve "L'orage" de Brassens ou "La pluie fait des claquettes" de Nougaro. Les arrangements pour "le petit jardin" de Jacques Dutronc sont  particulièrement spectaculaires, le petit jardin devient rapidement une forêt luxuriante où on s'y perd délicieusement puis par un petit chemin on repousse le portillon qui nous ramène au petit jardin de banlieue.

Ces morceaux type "Frenche touche" alternent avec des compositions du magnifique dernier album du groupe " Soleil caché" dont nous avons déjà dit tout le bien que nous en pensions ici, et qui mérite d'être plus largement connu.
Pour finir le groupe a arrangé superbement, le morceau de Daft Punk "Get luky" la vrai French touch cette fois, le rythme y est syncopé l’ambiance est electrojazz, je préfère définitivement cette version.

L'épreuve de résistance de soir a été éprouvante à souhait, et en plus ce n'est vraiment pas très cher aussi je reviendrais bien vite...résister 

  * Formule de Philippe Meyer sur France Inter

CharlieJazzMarc

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Sangoma Everett trio à l'Amphijazz avec Grégoire Maret

Le jeudi 8 janvier à L'Amphijazz

Habituellement c'est le cœur léger que je me rends à l'Amphijazz, mais ce soir c'est plutôt avec l'esprit grave, encombré par les évènements dramatiques de la veille à Charlie Hebdo.
Ma consolation c'est de considérer que venir écouter du jazz est un acte de résistance face aux islamistes qui exècrent la musique et l'art en général.

 Moi qui ne crois pas en Dieu, ce que je regrette parfois, c'est pourtant en écoutant certaines musiques que je me sens proche du divin; comme invité à une communion spirituelle.
C'est dans une ambiance lourde que François Postaire, directeur de l'Amphi de l'Opéra de Lyon, nous accueille en déclarant que c'est notre liberté qui a été attaquée cette semaine, que le jazz est une musique de liberté, s'il en est, et en rappelant que Cabu était un grand amoureux du jazz et surtout du swing.
Il a dédié le concert aux victimes de Charlie Hebdo.

Place donc à la première des trois soirées consacrées à la résidence du batteur Sangoma Everrett.
Pour cette soirée il a choisi de présenter son trio.
Sangoma Everett est d'origine américaine, il a sillonné les scènes jazz en sideman, il est en France depuis 1979, et a décidé il y a quelques années de former son propre trio. Bastien Brison est au piano,  bien connu de la scène locale, du haut de ses 23 ans il démontre désormais une grande assurance et une belle créativité,    Christophe Lincontang est à la contrebasse un autre local de l'étape puisqu'il a été formé à l'école nationale de musique de Villeurbanne.
Le trio démontre une grande complicité et dispose d'un répertoire déjà fournis, beaucoup de compositions de Bastien et quelques unes de Sangoma, elles sont très percusives et embrassent des ambiances rythmiques très différentes : Aériennes, tropicales, syncopées
Sangoma affiche toujours un grand sourire, et ce soir il est particulièrement heureux, d'abord parce qu'il est en résidence ici, et qu'il a attendu ce moment depuis longtemps, nous dit il, et surtout parce qu'il a pu inviter l'harmoniciste : Grégoire Maret.


Ce dernier nous a fait grosse, grosse... impression, avec son petit jouet qui tient dans la main il crée à lui tout seul des ambiances sonores magnifiques qui sont quelques fois proches des cuivres. Avec un grand sens de la mélodie, une économie de notes et une grande inspiration dans les improvisations, il a scotché le public de l'Amphi.

On comprend qu'il soit un des harmonicistes les plus demandés de la planète, et qu'il ait déjà tourné avec Pat Metheny et Marcus Miller pour ne citer qu'eux. On compare son style à celui de Stevie Wonder et effectivement quand il reprend sur scène "Overjoy" un morceau du maître il est bluffant.

Le monsieur à l'allure taciturne, est d'origine suisse, il vit depuis longtemps aux Etats Unis, alors comme une partie de sa famille est en suisse, son frère Nicolas est venu sur scène pour les accompagner au udu, un instrument de percussion traditionnel d'origine africaine, rare dans le jazz et pas très suisse pour le coup.
Alors quand ils reprennent " The man i love" de Gershwin dans cette formation nos sombres pensées se sont pour un moment évanouies.

La soirée se terminera au rappel par un morceau de circonstance "Right back to bed", alors on y ait allé avec la conviction renforcée qu'il est essentiel de se battre pour la culture, pour les musiques libres autant que les dessins et les paroles libres.      

CharlieJazzMarc
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