Sans la musique, la vie serait une erreur. (F. Nietzsche)


dimanche 14 juillet 2024

Mark Priore Trio à Jazz à Vienne


 Le 13 juillet 2024 Jazz à Vienne Scène de Cybèle.

C'est la dernière journée du festival aujourd'hui et quoi de mieux que de terminer avec la génération montante du jazz.

Mark Priore et son trio sont sur la scène de Cybèle; c'est un moment d'émotion pour lui qui a grandi dans la région.  
Il s'est formé notamment au contact de  Alfio Origlio et du regretté Mario Stantchev puis a intégré le Conservatoire National Supérieur de Paris. Il s'est produit depuis sur nombre de grandes scènes française et européennes. De nombreux prix à des concours prestigieux sont venus confirmer la reconnaissance de ses pairs.
La première fois que je l'ai écouté sur scène en 2019 (voir ici) il m'avait fortement impressionné dans un exercice qui consistait à reprendre le répertoire d'un des maîtres du piano jazz contemporain Brad Mehldau, Exercice auquel il s'était sorti plus que haut la main.
Depuis il a sorti l'année dernière un premier album en solo, mais c'est bien en trio que j'attendais ses premiers projets;  piano,basse,batterie: le trio emblématique du jazz.

C'est l'objet du concert du jour : présenter le premier album du Mark Priore Trio sorti lui en octobre


2023 "Initio"
L'ambition ici nous annonce Mark Priore est de mélanger la musique baroque et le jazz. Concernant la musique baroque il évoque Haendel ou Robert Shumann, côté jazz on entend effectivement l'influence d'Ahmad Jamal  ou de Dave Brubeck entre autre.

Ça commence par une montée crescendo qui de lancinante devient obsédante et dégénère en une folie maitrisée vers un apogée jouissif c'est " Orphée et Eurydice" qui ouvre l'album. Morceau qui s'inspire d'un épisode de la mythologie grecque où Orphée remonte Eurydice morte de l'antre de l'enfer.

Le trio va ensuite pour l'essentiel dérouler les autres titres de l'album ou on appréciera tantôt la  délicatesse et la légèreté comme sur " Roxana" ou l'énergie échevelée de "Air".

Outre la qualité des compositions la qualité d'un bon trio est bien la somme des talents des 3 protagonistes et assurément nous sommes bien servis avec cette fantastique rythmique constituée de  Juan Villarroel à la contrebasse et Elie Martin-Charrière à la batterie. Ils font preuve d'une cohésion parfaite avec leur leader et sont sources de propositions audacieuses et pertinentes.

Nous sommes pressés de les revoir en club dans des conditions plus feutrées. Dans tous les cas nous souhaitons longue vie à ce trio. 

JazzMarc

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Mark Priore : piano
Juan Villarroel : contrebasse
Elie Martin-Charrière : batterie

 

 

samedi 13 juillet 2024

Roberto Negro à la cathédral Saint Maurice pour Jazz à Vienne

 Le 11 juillet 2024 à la cathédrale Saint Maurice de Vienne

Un lieu majestueux s'il en est pour un concert: La cathédrale de Vienne.
Un des pianistes français les plus doués de sa génération
Une organisation du festival de Vienne au cordeau qui laisse la place à des concerts gratuits d'un très bon niveau.
Et pourtant!

Je me faisais une joie de retrouver Roberto Negro qui s'était fait plus rare sur les scènes de la région, cet artiste facétieux plein de talent et de fantaisie.
Il a décidé de proposer un concert en improvisation complète en annonçant qu'il y aurait "peut être" des fenêtres vers du répertoire.

J'avoue être resté en dehors du coup pendant tout le concert collé au plancher des vaches, sans ressentir d'émotion, ni trouver de fenêtre alors ... j'ai pris la porte.     

On dit que les voies de Dieu sont impénétrables; celle de l'improvisation aussi quelques fois. 

 

JazzMarc

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mercredi 10 juillet 2024

Babx au Musée des beaux arts à Vienne


Le lundi 8 Juillet au Musée des beaux arts pour Jazz à Vienne

Un lieu atypique pour un concert : c'est ça aussi Jazz à Vienne. Il n'est effectivement pas désagréable de cumuler les plaisirs en écoutant de la bonne zique au milieu d’œuvres picturales.
Le musée des beaux arts de Vienne se situe au centre de la ville au deuxième étage d'une ancienne hall aux grains.

C'est donc sous une verrière, entouré de tableaux du 16e au 19e siècles que s'installe Babx, alias David Babin, au piano. Il était la veille au soir sur la grande scène du théâtre antique devant 8000 personnes pour l'hommage à Claude Nougaro auquel il participait et le voici aujourd'hui sous le regard bienveillant de Napoléon devant une centaine de veinards. Quel choc! 

Dans cette configuration intimiste il se propose aujourd'hui de présenter principalement des morceaux de son album sorti en 2023 "Une maison avec un piano dedans" qu'il a composé uniquement pour piano solo.
Il fait cette annonce liminaire comme s'il s'excusait de ne pouvoir déployer tous ses talents d'auteur, compositeur, interprète, producteur, pianiste ... n'en jetez plus! Nous allons nous en contenter ...avec gourmandise!

Quelques notes lentes, très lentes commencent à vibrer pour finalement remplir toute la pièce, puis la musique se déploie; elle est cinématographique: Nous y sommes c'est " La maison avec un piano dedans". Morceau qui ouvre l'album et nous invite à entrer dans cette maison; voici le piano il sera la porte vers d'autres mondes encore, et d'autres histoires.

En voici  une "Milonga", nous nous retrouvons dans une salle de danse argentine. La musique est a elle seule évocatrice mais les tableaux nous invitent eux aussi à nous y plonger. Il y a parmi eux la représentation d'une salle de bal...  je m'y égare.

En voici une autre, nous sommes sur le fleuve Congo avec une princesse et c'est "Merveille dans une pirogue"  

Une autre encore, où des apprentis danseuses répètent inlassablement leurs exercices et c'est "Ballerine"

Finalement même si aucun micro n'est prévu, Babx nous propose  de chanter "Rime" de Nougaro, interprétation qu'il a délivré au public du théâtre la veille et qui fut selon moi un des moments forts de cet hommage. Il est en léger décalage voix et piano ce dernier se faisant dissonant lors du refrain: une superbe reprise plus mélancolique que la version originale.

Au rappel il chantera aussi un espèce de blues poisseux " Omaya part 3" tiré de l'album "Ascensions" de 2017. Superbe cheminement vers une issue fatale : C'est triste et beau.

Un moment magique dans un lieu d'exception.

  JazzMarc

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mardi 9 juillet 2024

Gabi Hartamm à Jazz à Vienne : OUF et bienvenue à la douceur et à la fraternité


 Le 7 juillet 2024 au Théâtre Antique de Vienne

OUF! c'est la clameur entendu dans le théâtre à 20 heures en attendant le début du spectacle à la prise de connaissance des résultats du 2eme tour des législatives que beaucoup surveillaient sur leurs portables.

OUF c'est aussi le cris du cœur de Gabi Hartamm lors de son entrée sur scène à 20 heures 30 qui avoue avoir eu peur et s'est dit soulagée et libérée avant de partager sa musique toute en douceur et pleinement ouverte au monde. 

Gabi Hartamm est une jeune chanteuse française, autrice-compositrice et guitariste de 31 ans dont les influences revendiquées sont le jazz, les musiques latines et la chanson.
Ouverte au monde;  elle le prouve en chantant en anglais, français, arabe et portugais. Elle à vécue quelques années au Brésil  aussi tout au long du concert  on l'a sent proche de cette langue et cette culture.

Son premier album éponyme sorti en 2023 a eu un très grand succès. Il faut dire qu'outre son talent elle a su très bien s'entourer. Le grand Jesse Harris auteur, compositeur, guitariste et producteur y a largement participé. Lui qui avait déjà travaillé avec des Norah Jones, Madeleine Peyroux ou autre Melody Gardot.
"Don't know why" c'est lui !

Ce soir elle déroule les chansons de ce premier album avec pour commencer "Lullaby" et "Buzzing bee"et celles de son EP sorti récemment "little song lines".

De cet Ep je retiens surtout la très belle ballade "Milles rivages " composé elle aussi avec Jesse Harris,  et la reprise de la regretté Lhasa "Is anything Wrong".
Sur le morceau "l'amour incompris" c'est elle qui chante le couplet en arabe qui est interprété en duo avec Ghandi Adam sur l'enregistrement studio.

Il y a un an j'avais assisté à son concert au festival de Marciac dans une salle plus intimiste de 500 places, qui sied davantage à l'ambiance feutré que dégage ses concerts me semble t'il. Depuis elle a gagné en assurance et en professionnalisme; son groupe, lui, s'est agrémenté d'un souffleur de talent Robby Marshall (clarinette, saxophone, flute traversière...).

La chanson qui gagne tous les suffrages du public à chaque fois c'est "la mer" qui n'est absolument pas une bluette mais un cri contre la mort de migrants en méditerranée et notre inaction.

"La mer qu'on voit danser À des reflets de sang Des corps de naufragés Dans l'oubli, chavirant
..."
  
Un cri qu'elle poussera encore nous a t'elle confié tant que ces drames continueront.

C'est une artiste sincère tout en délicatesse qui montre aussi toute sa fantaisie avec des morceaux plus enlevés comme "Samba de la terre" ou "maladie d'amour"    

On la retrouvera plus tard dans la soirée comme invitée pour l'hommage à Claude Nougaro, mais c'est une autre histoire.  

JazzMarc

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 Gabi Hartmann (chant, guitare)
 Robby Marshall (clarinette, saxophone)
 Abdoulaye Kouyate (guitare)
 Florian Robin (piano)
 Elaine Beaumont (contrebasse)
 Bruno Marmey (percussions)

samedi 6 juillet 2024

Stracho Temelkovski Trio au Musée Gallo Romain pour Jazz à Vienne


Le jeudi 4 juillet 2024 au Musée Gallo Romain de Saint Romain en Gal 

La grande tente déployée sur la pelouse du musée Gallo Romain s'est transformée en tente berbère  le temps d'un concert. Stracho Temelkovski en trio y déploie pour notre plus grand plaisir son univers métissé, mêlant l'Orient, les Balkans, l'Europe et d'autres contrées imaginaires.

Originaire de Macédoine ce passionné de musique est devenu au fil des années multi-instrumentiste partageant sa passion de la musique et des sonorités du monde. Cet après midi il en trio avec ses complices de longue date  Jean-François Baez, à l'accordéon et  Ashraf Sharif Khan  au Sitar

On commence par s'accorder, Stracho nous glisse au passage que si on commençait tous par là nous aurions moins d'embrouille.

Et nous voilà parti en voyage sur un tapis volant vers un orient fantasmé, nostalgiques d'une fraternité entre les peuples portée par une musique cosmopolite à laquelle Stracho veut encore croire.

Stracho Temelkovski commence par une ligne de basse sur laquelle tout va s'appuyer. Pour sa part il va assurer aussi tout au long du concert les percussions avec sa voix ou ses instruments. 

La constitution d'un groupe composé d'un sitar d'un accordéon et d'une basse n'est pas tout à fait intuitif chaque instrument trimbalant des stéréotypes tellement différents. Et pourtant il s'accordent merveilleusement bien. Y a t'il dans une leçon à retenir de cet assemblage ? 

Stracho m'étonne toujours dans sa gourmandise à jouer de plusieurs instrument à la fois c'est le seul que j'ai vu percuter d'une main les cordes de sa basse et de l'autre les peaux de ses tambours .. avec brio.

On ne peut que s’enthousiasmer de la richesse qu'apporte la fusion des cultures à l'heure ou certains voudrait revenir à une France bien blanche avec béret et tablier d'écolier qui bien heureusement n’existe pas

Il est en résidence à jazz à Vienne cette année aussi il sera présent sur d'autres scènes alors n'hésitez pas.

JazzMarc
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Stracho Temelkovski : guitariste / basse / viola / percussions
Jean-François Baez,: accordéon
Ashraf Sharif Khan  : Sitar