Le théâtre antique de Fourvière est un magnifique écrin pour écouter du jazz, beaucoup plus petit que son grand frère de Vienne, il est idéal pour les ambiances intimistes, alors merci aux Nuits de Fourvière d'avoir prévu quelques dates jazz dans son long programme pluridisciplinaire de cet été.
Pour la première d'entre elles Avishai Cohen présente ce soir son dernier album " Almah" sorti en 2013 (voir ici). Avishai artiste dans l'âme n'est jamais là où on l'attend, contrebassiste et compositeur Israélien génial il se remet en question à chaque projet , après avoir exploré le Trio jazz avec succès (on se souvient de la formidable équipe avec Sahï Maestro et Mark Giuliana), il s'est produit avec des ensembles de musiques traditionnelles aux sonorités orientales.
"Almah" est un nouveau défit, celui de marier un trio jazz à un quatuor à corde et un hautboïste pour créer un ensemble étonnamment cohérent où les musiques traditionnelles, classiques et jazz ne font plus qu'une et il faudra encore trouver un nouveau tiroir pour classer ce genre. Bon on n'est pas obligé !
Il n'y a bien que le jazz pour oser de telle alchimie, une musique ouverte en constant renouvellement, et il n'y a bien que des artistes comme Avishai Cohen, sûr de ses fondamentaux pour construire une œuvre qui fait fi des genres et des époques et a le souci obstiné de rapprocher les peuples.
C'est donc dans un cadre magnifique doté d'une sonorisation exceptionnelle que nous avons cédé avec délectation aux charmes de ce nouveau spectacle. L'ordre des morceaux est parfaitement respecté au début au moins, l' "ouverture Noam opus 1" purement classique pour commencer, puis le très beau "Song for my brother" qui pour moi illustre le mieux l'esprit de projet; et puis il déroule pour nous présenter l'intégralité du CD. Les versions live sont quelques fois moins percutantes que sur l'album mais l'apport des séquences d'improvisation est un vrai plus.
La soirée sera aussi parsemée de morceaux d'albums précédents comme "Puncha Puncha" chanson d'amour pour sa mère ou "Morenika" de l'album Aurora chanté par Avishai himself qui fait mouche à chaque fois.
Au premier rappel il est tout seul au piano pour une sorte de blues du type qui est loin de chez lui, comme lui qui est toujours en tournée, " Sometimes I feel like motherless child"; et puis tout seul à la contrebasse il nous offre "Alfonsina y el mar" comme il a l'habitude de le faire sur scène; les frissons ne sont pas loin et ils ne sont pas dus aux premières fraicheurs du soir.
Au dernier rappel, en guise d'ultime prise de risque il présente un nouveau morceau pas encore enregistré pour le tester sur nous; le test est passé haut la main avec la mention : Bravo l'artiste.
JaZZmarc
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