mercredi 12 décembre 2018
Un film russe pour amateurs de rock : Leto
Si vous avez envie de redécouvrir le pouvoir subversif de la chanson "Psychokiller" des Talking Heads (un vrai film dans le film avec coloriages et gribouillages à la fois), mais aussi de découvrir la scène rock en U.R.S.S à la fin de l'ère Brejnev, courez voir l'excellent long métrage de Kirill Serebrennikov :"Leto".
Le choix du noir et blanc évoque bien ce qu'a du être cette époque pour la jeunesse soviétique. Ces clubs de rock surveillés par le pouvoir où les spectateurs assis en rang d'oignon doivent rester le plus calmes possible relèvent du supplice de Tantale.
Le réalisateur a d'ailleurs la bonne idée de représenter une sorte de conteur(un peu comme Kenneth Branagh dans "Henry V) qui introduit les scènes rétablissant ce qu'aurait dû être la réalité.
Découverte aussi de l'influence du glam rock ( T.Rex , Lou Reed, David Bowie ) sur les musicos soviétiques du début des années 80 et des moyens de fortune dont ils disposaient pour écouter la musique qu'ils aimaient.
Touchante histoire d'un ménage à trois ( le rocker reconnu, sa femme séduisante et le nouveau rocker ) où l'amour de l'art l'emporte chez le premier sur l'amour tout court mais où la femme se révèle plus subtile que l'Eve biblique devant l'arbre de la tentation.
Quant à la bande-son, elle est excellente. Rentré chez moi, je consulte le Net et apprend sur le site de Telerama que c'est l'histoire de " Viktor Tsoï, Eurasien à la gueule d’ange ténébreux,[qui] n’est pas encore le chanteur du groupe new wave Kino, dont le tube "Changement !" a servi d’hymne à la perestroïka."
Décidément, on en apprend tous les jours .Serebrennikov est en résidence surveillée dans la Russie d'aujourd'hui tant la transparence n'est plus de mise chez Poutine.
François Rockbôf
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