Face à l'indicible...la musique !
La musique pas plus que les mots n’arrêtera les balles, mais elle nous aide à soigner nos plaies et à vaincre nos peurs.
Ce vendredi, une semaine après l'horreur, nous avons retrouvé le chemin de l'amphi jazz, la gorge serrée; les crispations étaient palpables au sein de personnel d'accueil et des nouveaux intervenants de sécurité de l'Opéra.
On va y arriver! reprenons notre vie de liberté, allons écouter de la musique de "dépravés" en buvant des bières, montrons leur qu'ils ne gagneront pas.
La salle est pleine ce soir, les résistants sont venus nombreux, pour écouter et voir la première soirée de résidence à l'amphi Jazz de Lyon du trompettiste David Enhco. Il a réuni autour de lui pour l'occasion un Quatuor pour un projet où le jazz invite la musique classique et les musiques traditionnelles. Pas de chapelles, non, juste l'envie de partager l'enthousiasme de jouer de la musique ensemble. Il s'agit bien alors d'un quatuor et pas d'un quartet qui serait uniquement jazz.
Deux instruments à vent et deux plus percussifs constituent ce quatuor, Adrien Sanchez au saxophone ténor complète la première catégorie, Thomas Enhco, le frère chéri, est au piano et Vassiilena Serafimova est au Marimba qui est comme chacun sait un instrument à percussion.
Ah non, tout le mode ne le sait pas ? Bon j'avoue que moi non plus j'ignorais son existence avant ce concert. Il s'agit d'une déclinaison du Xylophone plus répandu dans les pays de l'Amérique latine. En voilà une fille qui percute, d'origine Bulgare, Vassiilena avec son instrument percute tantôt la ligne de basse, tantôt la mélodie, quelques fois elle percute simplement pour percuter et à d'autre moment encore elle percute en toute liberté en improvisation. Le Marimba apporte à l'ensemble une ambiance "exotique" qui souvent donne la couleur à un morceau.
C'est la première fois que ce quatuor ce donne sur scène pour présenter ce répertoire, ou chacun à participé aux compositions.
"Looking for the Moose" de Thomas Enhco permet d'apprécier toute l'élégance du pianiste et donne l'occasion d'un dialogue réjouissant entre les deux soufflants, ils sont à l'unisson, puis se répondent, se perdent chacun dans un entêtement réciproque puis reviennent à la raison de l'unisson pour un final en toute fraternité avec le groupe.
"Interlude 2608" de David Enhco est un morceau plus vaporeux, le Marimba pose une ambiance onirique, la trompette de David alors déambule, torturée avec une sensibilité à fleur de peau, le piano poursuit d'abord aérien puis complétement dégingandé.
J'ai retenu aussi le morceau fleuve de Thomas sur fond de massacre historique contre les indiens d'Amérique au 19 ème siècle "The Sand Creek Song". Il le joue en solo sur son dernier album "Feathers". Mais ce soir en quatuor dans le contexte du moment il prend une résonance toute particulière.
Il pourrait s'agir d'une musique de film, une caravane d'indien s'achemine vers son camp, joyeuse et insouciante, le rythme et l'ambiance sont donnés par le Marimba et le piano; puis la part belle est donnée à la trompette qui progresse vers une envolée spectaculaire voir violente, c'est la bataille. Après le massacre tout semble mort la musique se fait rare. Enfin la vie reprend doucement, la caravane reprend progressivement son rythme qui devient plus assuré encore.
Après ce morceau le groupe proposera une minute de silence tout à fait à propos, avant d'enchainer par une musique pleine d'espoir, un chant d'amour traditionnel Bulgare. Un beau moment de communion.
La musique est belle, elle était encore très belle ce soir,
Ariane Mnouchkine a écrit " S'il y a un Dieu, je pense que la musique est son expression".
elle est un rempart contre la barbarie disait encore Thomas Enhco ce soir lors du concert.
Moi j'ai toujours l'impression qu'elle me grandit, qu'elle me rapproche du divin alors partageons là...vite.
Jazz will never die
JazzMarc
Sur Jazz-Rhônes-Alpes.com ce billet et les autres chroniques de la semaine
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