Sans la musique, la vie serait une erreur. (F. Nietzsche)


mercredi 2 octobre 2013

1Q84: Le roman Hypnotique de Haruki Murakami

Haruki Murakami, auteur japonais, a dirigé pendant une période de sa vie un club de jazz: Nobody is perfect; mais ce n'est pas pour ça que j'ai lu cette trilogie, un ami de 30 ans me l'avait chaleureusement conseillé.
Et effectivement j'ai plongé dans ces quelques 1600 pages avec gourmandise, en y retrouvant des tas de références qui me sont chères.
D'abord on  trouve une référence appuyée à une œuvre majeure de la littérature de science fiction "1984" de Georges Orwell, on pense aussi, pour les amateurs de ce genre, à Philip.K.Dick auteur américain qui a toujours été obsédé par les frontières vaporeuses entre différentes réalités on se rappelle de   "Total Recall", "Paycheck" ou "Blade Runner" qui ont fait l'objet d'adaptations cinématographiques.

Il est vrai que les références qui s'imposent au lecteur sont davantage, me semble t'il  issues du cinéma "1Q84" c'est la logique floue de David Lynch, un monde créé comme une œuvre d'art qui répond uniquement aux caprices de son créateur, c'est aussi Nikita de Luc Besson pour un des personnages central, Aomamé en justicière froide.

L'auteur nous plonge dans une histoire qui ne se passe pas tout à fait pendant l'année 1984 mais dans une déclinaison de cette année: est ce un monde parallèle? les personnages du roman sont ils victimes d'hallucinations ? Dans cette déclinaison de 1984 il y a deux lunes, les morts tapent aux portes des appartements, et des personnes en miniature font des apparitions mystérieuses. Dans ce monde énigmatique on suit la trajectoire de deux êtres singuliers, Tengo et Aomamé , deux âmes sœurs  qui se cherchent et qu'un livre va peut être réunir à nouveau.

Haruki Murakami, est un intellectuel plein de malice, il nous tient en haleine avec des rebondissements et des mystères qui s'entrechoquent, il parsème son récit de scènes de crime et de sexe tout droit sorties de la fantasmagorie japonaise.
Mais en plus de nous amuser et de nous familiariser avec la vie japonaise, il nous invite à réfléchir sur la présence des sectes dans nos sociétés et  porte une réflexion sur le travail de l'écrivain et l'édition littéraire. Cette idée de l'écrivain comme un Dieu créateur qui s'observe me plait beaucoup.
Pour tout dire je trouve le livre 3 beaucoup moins dense, il aurait pu faire beaucoup moins long. Ce qui fait le charme au début: les répétitions comme un balbutiement, une rythmique lancinante; devient un peu pesant sur la fin. Au moment où le lecteur a envie que le rythme s'accélère s'est l'inverse qui se produit, tout se ralentit. C'est vraiment un malin, il évoque à plusieurs reprise Marcel Proust et son oeuvre longue et difficile à lire comme si encore une fois il s'observait. 

Et alors le jazz dans tout ça ?
La musique en générale est très présente dans cette trilogie et en particulier le jazz, que Tengo écoute dans des conditions...lascives.( Voir l'extrait) C'est plutôt du jazz traditionnel Louis Amstrong, Billie Holiday, nous sommes en bonne compagnie.
JaZZmarc
 
Louis Amstrong "Atlanta Blues" 

Extrait Livre 2 pages 35/36
Mais elle préférait le vieux jazz. ...Ils l'écoutaient souvent quand ils étaient au lit après avoir fait l'amour. Elle ne s'en lassait pas...A chaque fois que débutait "Atlanta Blues"...elle l'attrapait sur une partie du corps et s'extasiait à propos d'un solo bref et délicat, situé entre un chant et une partie soliste, de Louis Amstrong. " Là écoute bien ! D'abord on dirait un enfant qui pousse un cri, longtemps. On ne sait pas si c'est de la surprise, une joie exubérante, ou du bonheur. Puis ça devient comme un soupir de ravissement, qui serpente comme un joli petit canal, et qui va déboucher ensuite en un lieu inconnu, fantastique, hop, ça y est. Écoute donc! A part lui qui pourrait exécuter un solo aussi extraordinaire ? Jimmy Noone, Sydnet Bechet, Pee Wee Russell, Benny Goodman, oui, tous ont été fantastiques. Mais ce qu'il fait là, c'est une pure œuvre d'art. Personne ne l'égale."
"Comment se fait-il que tu t'y connaisses autant en jazz ancien? lui avait demandé Tengo un jour.
- Il y a dans mon passé beaucoup de choses que tu ne connais pas. Un passé que personne ne pourra retoucher", et puis elle avait caressé gentiment les testicules de Tengo de la paume de la main. 
  

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