Sans la musique, la vie serait une erreur. (F. Nietzsche)


mercredi 29 janvier 2014

Un documentaire musical : "Twenty feet from stardom"

Que serait "Gimme shelter" des Stones sans la voix de Merry Clayton ? Ou encore "The hounds of winter" de Sting sans la plainte fantômatique de Lisa Fischer ?
 
La réponse à ces questions est évidente : sûrement pas les morceaux d'anthologie qu'ils sont devenus."Twenty feet from stardom" commence d'ailleurs sur un troisième exemple : les "doo, doo doo" sur "walk on the wild side" de Lou Reed.

Période merveilleuse où les rockeurs anglais ou ricains faisaient appel à des choristes noires fabuleuses auxquelles Bruce "the boss" himself rend hommage.


Le plus dur pour elles était de sortir de l'anonymat et de passer solistes.
Darlene Love l'explique avec une pointe d'émotion, elle qui a failli terminer sa carrière en faisant des ménages pour de riches Californiennes après sa rupture avec Phil Spector qui , en producteur peu scrupuleux, usait et abusait de sa voix d'or pour doubler les Crystals.




 Bourré d'anecdotes, ce petit documentaire remet à leur place les seconds rôles sans lesquels " la musique qu'on aime" ne serait pas tout à fait la même.

                              François S.P. Jazzbôf

mardi 21 janvier 2014

Jacques Schwarz-Bart :Soirée Vaudou à l’AmphiJazz

Soirée Vaudou à l’AmphiJazz  - Vendredi 17 janvier 2013
C’est avec grand plaisir que nous avons enfin retrouvé le chemin de l’AmphiJazz, son ambiance club, son son irréprochable, sa proximité avec les musiciens, cela me manquait terriblement. Un seul bémol, le prix des consos qui va crescendo ma non troppo…

Bref, l’idée de départ était de retrouver la trompette de notre ami Julien Alour (« il a belle alloure ») qui avait enchanté nos apéritifs au Tariquet sur la place de Marciac il y a deux ans déjà.

Jacques Schwarz-Bart, saxophoniste guadeloupéen New-Yorkais, en résidence, nous y attendait pour une soirée vaudou. Ca sentait donc un peu le mystère et la magie noire pour nous, pauvres profanes, lorsque la chanteuse Haitienne  Moonlight Benjamin entra sur scène avec une mélopée envoûtante, suivi des musiciens en file indienne.  Personne n’ose un applaudissement d’accueil. Nous entrons dans le vif du sujet  et nous irons sans entracte jusqu’au terme de ce parcours initiatique.
JSB parle beaucoup et c’est agréable, il est intelligent, drôle et sympa, simple sous son chapeau et dans ses chaussures à bascules. Il nous parle de son projet musical, en résumé une fusion des musiques haïtienne, caribéenne et du jazz moderne. Mais, nous prévient-il, nous ne sommes pas là pour le rythme mais pour la mélodie parfois simple mais aussi très complexe du chant vaudou.
Nous on veut bien, mais bon, le tempo du premier morceau nous décrassa déjà pas mal les oreilles, la suite fût à l’avenant. Et puis quand on est flanqué d’une telle bande, difficile de se tenir tranquilles sur la chaise.  
Tout d’abord le pianiste Martiniquais Greg Privat, qui nous fit la démonstration que le piano est bien un instrument de percussions. Ses longs doigts plaquent les accords avec une vélocité assez surprenante. Le piano a dû reculer de quelques centimètres. JSB nous dit que c’est un des plus grands, et il ne plaisante pas, lui qui vit à New York… en sait  quelque chose semble-t-il nous dire.

Puis le bassiste Reggie Washington que j’étais impatient de voir avec son ampli Markbass, l’ampli était bien là mais avec une contrebasse (pas sûr que ce soit son instrument de prédilection), il en joue assis avec des postures pas très académiques, mais bon le boulot est bien fait   (pas de solo, c’est rare) Mais nous ne sommes pas là pour le rythme…Puis  la batterie tenue par un jeune  Gadeloupéen de 13 ans (un peu plus..) nous dit JSB rajoutant qu’autant de talent s’est surprenant voire déprimant…Arnaud Dolmen, un roc.  Un dolmen dans une soirée vaudou si ce n’est pas de la fusion ça. La planète jazz regorge décidemment de jeunes  batteurs  talentueux. Mais nous ne sommes pas là pour le rythme… et à propos de planète, « la huitième s’appelle Claude Saturne », un peu lunaire, le regard souvent perdu dans les étoiles, il est parait-t-il le percussionniste haïtien de référence, et ça percute en rafale…Mais nous ne sommes pas là pour le rythme,  JSB offre  une petite dédicace à sa maman (dans la salle) qui l’a consolé car on vient de lui voler son sax dans le TGV , et cette fois c’est bien une biguine revisité qu’il nous offre mais… nous ne sommes pas pour le rythme, mais  pour écouter la mélodie vaudou et voir danser la prêtresse Moonlight, dans sa longue robe rouge, son turban vert et ses longs bijoux, elle se casse en deux, piétine les braises, écarte ses ailes, le sax de JSB est en pleine érection …(le morceau s’appelle Banda)

Bon allez, il est tant d’aller se coucher Monsieur le Préfet … (il était dans la salle)

JC  JazzBof

Jacques Schwarz-Bart et Eric Legnini à L'amphiJazz: Le sax perdu!

Le Jeudi 6 Janvier à l'AmphiJazz de Lyon.

Au premier jour de sa résidence à l'amphijazz de Lyon, le saxophoniste Jacques Schwarz-Bart invite mister Eric Legnini le, génial, pas tout à fait français, pianiste belge.
Ils sont ensembles sur scène pour la première fois et pourtant ils se connaissent visiblement fort bien, les précédents projets communs ayant jusqu'à lors toujours avortés.
Jacques Schwarz-Bart d'origine Guadeloupéenne a déjà derrière lui une longue expérience de musicien de jazz,  beaucoup à New-York au service d'une musique désormais métissée.

C'est un petit bonhomme trapu qui se présente, chapeau sur la tête. En quelques mots il se montre très chaleureux  et nous annonce rapidement le drame: pendant son voyage pour venir à Lyon on lui a volé son Saxophone. C'est de toute évidence un évènement qu'il a du mal à vivre. Beaucoup de musiciens ont une relation presque charnelle avec leur instrument et la perte de leur compagnon est une épreuve comme une rupture avec un être cher. 
Il semble redouté le moment de commencer le concert avec un saxophone ténor de location.
Nous, nous serons rapidement rassurés; la chaleur humaine que dégage ce musicien se retrouve dans le son de son sax, il est puissant et coloré.
Je m'attendais à plus d'africanité de ce duo, Eric Legnini avec son projet "Afro Jazz beat" a montré qu'il adorait lui aussi ces ambiances. Mais dans le premier set nous nous sommes plutôt retrouvés dans les clubs de jazz new-yorkais avec du swing et du groove à tous les étages.
Le répertoire du soir est tiré des compositions des deux protagonistes et de quelques standards. On a entendu par exemple "Lullaby from atlantis" une belle ballade langoureuse de Jacques Schwarz-Bart ou "Sing twice" un morceau très groove d'Eric Legnini. Pour les standards Jacques Schwarz-Bart a tenu à rendre hommage à Charles Lloyd saxophoniste américain qu'il juge trop peu mis en avant  à son goût.
Le deuxième set s'est révélé plus personnel et plus fort encore. Avec un morceau comme "Casa Bamako" d'Eric Legnini on a bien vu les cocotiers et ça sentait bon le Ti-Punch, Jacques Schwarz-Bart nous a proposé, lui, un très beau morceau sur l'enfantement en hommage à sa propre mère. Elle était exceptionnellement présente dans la salle pour le soutenir dans son épreuve.
A chaque intervention d'Eric Legnini je suis scotché par tant de facilité créative instantanée et de dextérité. Toutes les notes sont claires, bien détachées même dans les moments ultra rapide ça doit être ça aussi  un Grand pianiste.   
Le deuxième set se termine par "Mercy, Mercy..." où Jacques Schwarz-Bart demande pitié avec ce gospel, comme s'il n'était pas sûr de la qualité de sa prestation sans SON saxophone.
Ils nous achèvent au rappel " Que reste t'il de nos amours" propice à quelques cheminements subtils et nuancés.
Si jamais Jacques Schwarz-Bart  retrouve son sax je veux bien écouté si réellement ça peut être mieux ou si c'est seulement dans sa tête.  

PS: le petit verre de "Saint Veran " en écoutant ce type de musique dans cet endroit magnifique qu'est l'amphi jazz c'est juste du bonheur pur sucre.   
    
JaZZmarc
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Annonce:  Ce saxophone de 1954 couleur bronze est un Selmer Mark VI Ténor - numéro 57 320. L'instrument est à rapporter à l'Opéra, place de la Comédie (04 69 85 54 54). Serge Dorny, le directeur de l'Opéra de Lyon, offre une récompense de 300 euros à celui qui trouvera et qui rapportera l'instrument.
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"Ricken" la guitare que s'est fait voler Laurent Voulzy à New-York 

T'es où petite sœur
Dans quel Brooklyn
Chez quel fumeur
T'es où petite sœur
Est-ce que son spleen te plaît
Y'a l'eau y'a l'heure
Qui nous séparent maintenant petite sœur

Qu'est-ce que tu pleures
Est-ce que c'est le blues des champs de coton
T'es à quelle heure
Rockeuse la frime et tout
J'ai d'autres sisters
Mais avec toi Miss Baker
Ça me faisait plus d'émotions
....

lundi 13 janvier 2014

Antoine Bacherot Trio à la clef de voute

Le vendredi 10 Janvier à la clef de voute,
Retour au club, en ce 10 janvier 2014 la saison démarre pour moi par une soirée découverte. Antoine Bacherot tout jeune pianiste de la scène régionale se présente ce soir en trio, groupe qu'il a formé il y a seulement quelques mois avec deux autres jeunes musiciens, Matin Berliou à la Contrebasse et Valentin Franceries à la batterie.
Au programme du swing et des ballades du bon vieux répertoire du jazz classique: Duke Ellington, Thelonious Monk, Miles Davis et Charly Parker.

C'est étonnant que cette toute jeune génération s’approprie avec une réelle gourmandise ce patrimoine intemporel.
Antoine Bacherot nous confit qu'il se sent plus libre dans ce registre; avec des thèmes repris mille fois par les plus grands interprètes du monde, où il n'est plus question de compétition ni de surenchère; il s'agit juste de liberté et de plaisir.
Et c'est incontestable qu'il est réellement habité par certains morceaux comme par exemple le "Stella by Starlight" de Victor Young, ou il fait preuve tout à la fois de dextérité, sincérité, légèreté et d'inspiration. Les espaces de liberté  que représente l'improvisation, un des fondamentaux du jazz, permettent à cette musique de rester vivante et d'attirer des musiciens de toutes générations qui veulent s'épanouir et exprimer leur personnalités.

Avec un petit "In Walked Bud" de Monk ça balance bien et le public ondule de plaisir.
La cohésion du groupe n'est pas encore complètement au point, le batteur par exemple joue un peu trop fort à certains moments, il faudra encore un peu de temps pour se caler complètement.

En fin de set la chanteuse Anne-Sophie Ozanne rejoint le trio, elle montre beaucoup de complicité avec le pianiste car c'est en duo qu'ils ont l'habitude d'être sur scène.
Deux chansons, trop vite passées,  pas faciles à interpréter, mais Anne-Sophie s'en tire avec assurance.
A 23h 30: c'est l'heure ! alors place à "Around Midnight" pour finir brillamment ce concert.


Bonne année de jazz à tous dans les clubs ou ailleurs soyez curieux vous en serez heureux.

JaZZmarc

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