Sans la musique, la vie serait une erreur. (F. Nietzsche)


lundi 25 février 2013

Baptiste Trotignon et Jeanne Added : Au théatre de Vienne

Le mardi  19 février au Théâtre de Vienne.
Il fait froid dans les rues de Vienne et les rares piétons que je croise, en allant au théâtre, sont pressés de rentrer retrouver une température plus clémente.
Nous sommes bien loin des chaleurs estivales, et des foules joyeuses et oisives qui trainent dans les rues de la ville aux sons des orchestres de tout poil pendant le Festival d'été.
Bon  nous sommes en février et c'est quand même Jazz à Vienne, Stéphane Kochoyan  le directeur du festival nous le confirme, en préambule du concert du soir, la volonté du festival  est de proposer désormais des rendez-vous jazz tout au long de l'année en  collaboration notamment avec le théâtre de Vienne.
Vienne LA ville du jazz dans la région ça nous va très bien: Heureuse initiative Messieurs, surtout si vous nous proposez des plateaux comme ce soir.
En effet à l'affiche  le pianiste français surdoué Baptiste Trotignon qui invite Jeanne Added chanteuse montante parmi la nouvelle génération du jazz vocal.
La promesse de ce concert était excitante, Baptiste Trotignon ayant sorti en fin d'année dernière un album flamboyant "Song, song, song" dont nous avons déjà parlé ici. Il a réunis pour ce projet en forme d'hommage à la chanson, française en particulier,  des voix tel que celle de Christophe Miossec, de Mélody Gardot ou de Jeanne Added justement, présente sur 3 chansons de l'album.
Mais les artistes les vrais ont plus d'un tour dans leur sac et ils nous amènent là où il veulent, là où on ne les attend pas forcément.
Et ça commence en trio jazz pur sucre, avec Thomas Bramerie à la contrebasse et Dré Pallemaerts à la batterie (un batteur qui suit ses partitions j'avais encore jamais vu) et deux nouvelles compositions très animées pleines de notes bleues, où déjà Baptiste Trotignon vocalise avec assurance. Tout va déjà très bien donc, c'est alors que Jeanne Added fait son entrée avec un morceau qui sent  les champs de coton sous un soleil torride, ça suinte le blues rocailleux :"Dazed and Confuse" reprise de Led Zeppelin où l'interprétation fait plus penser à Janis Joplin qu'à Robert Plant. En voilà une gifle en guise d'entame de concert.
Jeanne Added est une artiste exigeante, elle est concentrée, ne sourit pas beaucoup mais prend tous les risques sur scène, elle attaque chaque chanson comme un défit qu'elle transforme haut la main.
Du dernier album, le groupe reprend les deux compositions interprétées à l'origine  par Jeanne Added  "Awake" et "End of the gig" avec de très belles digressions en forme d'improvisations  qui font tout l'intérêt de venir en concert. Ils abordent, bien heureusement, le morceau phare du CD ( dixit le compositeur) " Gone", j'adore ce titre, elle (ou il) est peut être parti mais ça donne une musique enlevée, légère, aérienne, un hymne à la renaissance.
Mais l'artiste ne se contente pas d'interpréter des œuvres déjà publiées; comme si nous étions dans son atelier il nous sort de toutes nouvelles créations de derrières les fagots comme s'il nous disait " tient et puis j'ai ça aussi..." Nous voilà rassurés, l'inspiration ne manquera pas tout de suite.
Jeanne Added  nous lance, elle, un cri d'amour déchirant avec sa composition " I carry your heart" accompagnée au piano, c'est juste beau. Au rappel, pour nous achever ce sera "Du bist di ruh", dernier titre de l'album "song,song,song", qui nous rappelle que Jeanne Added à commencer l’apprentissage de  la musique par le chant lyrique.

En fait il a fait très beau le temps d'une soirée sous le ciel de ce théâtre à l'italienne à l'acoustique irréprochable, je ne vais pas attendre l'été pour revenir.
JaZZmarc
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lundi 18 février 2013

The loving suite pour Birdy so: Roberto Negro et Elise Caron

Le mercredi  13 Février au périscope.
En mars 2011, Roberto Négro en résidence à l'amphi jazz avait présenté ce spectacle qu'il avait appelé alors "la théorie des cordes"; il nous avait laissé chaos debout de plaisir et ébahit en pensant que ce ne pourrait être qu'une création éphémère, un cadeau d'un seul soir.
Bonne nouvelle pour ceux qui n'y étaient pas, ce spectacle commence une nouvelle vie, et sa deuxième représentation mondiale à eu lieu mercredi au Périscope de Lyon.
Sur scène toujours que des cordes; celles du  violon et du violoncelle des frères Céccaldi, de la guitare électrique de Federico Casagrande,  de la contrebasse de Nicolas Bianco, du  piano de Roberto Negro, et enfin celles d'Elise Caron, vocales celles ci,
Mais bas les masques puisqu'il s'agit d'un chant d'amour, le spectacle s'appelle désormais "The loving suite pour Birdy So", un beau cadeau pour toutes les Birdy So à la veille de la saint Valentin.

Nous sommes ici à la frontière du jazz et de la chanson, on peut penser à l'univers de Michel Legrand mais sous acide, car il faut dire que les deux compères Xavier Machault pour les textes et Roberto Negro pour les compositions sont un tantinet déjantés, ils laissent libre cours à leur fantaisie pour notre plus grand bien.

Les mélopées du compositeur sont enivrantes et les mots de l'auteur font mouche:
- Le choix des mots c'est pas rien,...toi c'est pas rien
- Tu es like un oiseau
- Dans la maison il y a toi, il y a moi, il y a oie 
- Quand vous m'avez vu vous m'avez dit vous, vous m'avez vouvoyée
...ce n'est qu'après que nous nous tûmes

L'amour fêlé du fantasque Roberto Negro, il le décline avec de très bon  musiciens de jazz qui prennent semble t' il beaucoup de plaisir à cette fantaisie,Théo et Valentin Ceccaldi se laissent même aller à quelques pas de danse : de l'humour, du charme et de la volupté à tous les étages 

Et puis LA VOIX ( en français dans le texte, n'en déplaise aux apprentis chanteurs), la voix émouvante, souvent haut perchée, toujours juste et claire, la voix d'Elise Caron nous  fait littéralement fondre de plaisir.
 Elle possède, en plus, des talents de comédienne, alors elle nous promène tantôt en nous faisant rire, tantôt en nous attendrissant.
Elle excelle dans son interprétation de "Champagne"; depuis la première représentation elle a gagnée encore en puissance émotionnelle. C'est un des temps forts du spectacle. "J'ai bu toute ma tristesse" dit-elle. 
  
C'était donc la deuxième fois que j'assistais à ce spectacle et j'avoue que quelques frissons de plaisir m'ont traversés à nouveau.
Ce spectacle se donnera bientôt à Paris, et il nous reviendra en juillet à Vienne ( mais chut c'est confidentiel)

Mais la meilleure bonne nouvelle c'est que le petit groupe entrait en studio tout de suite après ce concert, pour enregistrer un CD, alors soyez attentifs c'est pour bientôt,... et nous aurons nous l'occasion d'en reparler ici.  
JaZZmarc
Un coucou à So!
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Photos: Pascal Derathé 
2 morceaux à l'écoute ici

lundi 11 février 2013

Céline Bonacina un soir au club à l'amphi jazz

Samedi 9 février 20h30 à l'amphi jazz,
Troisième et dernier jour de résidence à l'amphi jazz de Lyon pour Céline Bonacina,
comme à l'accoutumé l'artiste en résidence invite des musiciens avec qui il a des affinités pour un projet d'un soir ou plus si la magie opère.
Et alors on pourra dire : j'y étais !

J'étais, moi, très enthousiaste a l'idée de voir à nouveau sur scène Céline Bonacina après avoir écouté son dernier album très bien produit "Open heart", très enthousiaste aussi de venir écouter un grand monsieur de la Contrebasse en France, Michel Bénita; mais mais mais  la surprise est venue d'ailleurs, Gwilym Simcock jeune pianiste anglais venu compléter le dispositif nous a cueillis par la qualité de sa prestation.  

La soirée n'a pas repris les climats africains qu'affectionnent la saxophoniste, ni les ambiances électros que Michel Bénita intègre à sa musique avec talent, nous étions plus dans l'atmosphère ouaté d'"un soir au club", en référence au très bon film de Jean Achache dont Michel Bénita a assuré la Bande originale.( voir ici) 


Chacun des trois musiciens propose ses compositions pour ce projet, sélectionnées pour l'occasion.
Pour Céline nous avons entendu notamment " Free Visa" et " Bar emergence" tiré de son album "Vue d'en haut". "Bar" pour Barython, saxophone qu'elle pratique avec génie telle une dompteuse tant l'instrument paraît imposant et lourd à côté de ce petit bout de femme. Sans ostentation elle démontre pendant le concert ses capacités de femme orchestre avec quelques boucles électroniques: le sax percute pour la rythmique, puis met en place un thème et enfin chemine en improvisation. 
Le son rond et clair de la contrebasse de Michel Bénita tapisse l'atmosphère comme une marque de fabrique, c'est un artiste facétieux qui semble aimer la prise de risque dans des projets ambitieux.

Et enfin Gwilym Simcock (Un nom décidément difficile pour nous, mais il va falloir si faire) fut la révélation de la soirée pour moi, un pianiste fluide au son limpide étonnant de dextérité et d'assurance. Ces compositions, qu'il présente avec un humour tout britannique se sont révélées plus qu’efficaces. Avec  "Antics" la composition qu'il présente à la fin du premier set il a mis toute la salle dans sa poche, un morceau brillant dans lequel on aimerait se vautrer quelques heures si c'était possible,... ah ce n'est pas possible, alors tant pis!

Il m'a semblé qu'à partir de ce moment le centre de gravité du concert a basculé, tant cet artiste semble complet;  à l'écoute télépathique des autres et volontiers à leurs services mais aussi très créatif, virtuose" l'air de rien". Son dernier album "lighthouse" fait référence à des influences tel que : Chick Corea, Bill Bruford, Yellowjackets et John Coltrane : ça pourrait être pire.        

La magie a bien opérée ce soir là, quelques dates sont prévues pour ce trio et je l'espère un enregistrement.
Laissons nous nous faire surprendre par le jazz, and "let's get lost" comme nous le conseillait Chet Baker.
JaZZmarc

Céline Bonacina, saxophones / Gwilym Simcock, piano / Michel Benita, contrebasse
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Photos: Christophe Chapenel 


dimanche 3 février 2013

Laurent de Wilde au Saint-Fons Jazz Festival

Jeudi  31 janvier. 
Le Saint-Fons Festival se déroule dans le petit théatre "Jean-Marais" qui se révèle être un  bel écrin pour les musiciens. Il forme un amphithéâtre de 160 places très chaleureux où le public reste très proche des artistes.
Laurent de Wilde pour sa prestation ici, récupère le redoublant Jérôme Regard à la contre-basse déjà présent sur scène en première partie (avec le très beau projet "l'équilibre de Nash"), et ajoute au dispositif son batteur explosif Laurent Robin.

Pour ma part j'adore cet artiste, Laurent de Wilde est un chercheur enthousiaste et infatigable de sons et de rythmes qui brouille les pistes du jazz.
Ses vagabondages vers des projets très electro déjantés, lui donne une liberté fantastique même quand il revient avec une formation classique et acoustique Piano/Basse/Batterie. Le voilà donc créant des ambiances Electro syncopé sans synthétiseur, ou Rock sans guitare électrique.
Ce claviériste est un dandy du jazz, élégant, raffiné et anticonformiste, il est curieux de tout ce qui l'entoure, alors il aborde aussi bien le thème de la catastrophe de fukushima ou du régime politique du Niger.

Le répertoire du soir est essentiellement tiré de son dernier album "Over the cloud", ou les rythme africains, côtoient les latinos et d'autres très intimistes en solo au piano comme" le bon médicament", et si c'est bon pour lui, c'est très bon pour nous.       
Des reprises il y en a aussi dans cet album, elles aussi très éclectiques jugez en plutôt : "Prélude to a kiss" de Duke Ellington et "fefe naa efe"  de Fela Kuti
L'illustration la plus significative de sa démarche artistique lors du concert, c'est lorsqu'il ajoute de la patafix sur les cordes du piano pour recréer au final un son proche du balafon africain, le piano est trop cartésien par moment dit il.
Anticonformiste disions nous ?
Laurent de Wilde a été très présent dans la région cette semaine la chronique de Michel Perrier pour son autre concert au cavajazz est à lire sur Jazz-rhone-Alpes.com 
JaZZmarc