Sans la musique, la vie serait une erreur. (F. Nietzsche)


mardi 22 mai 2018

Stracho Temelkovski Quartet à l'Amphi

Le jeudi 17 ami à l'Amphi Jazz 

A quoi reconnait on un artiste, un vrai ?
sans doute au fait qu'il trimballe son propre univers !?
 
L'univers musical de Stracho Temelkovski, en résidence à l'AmphiJazz cette semaine,  est baigné d'abord par la culture des Balkans, région de son enfance, il est aussi traversé par tellement d'influences qu'il en devient un objet totalement singulier.

Ce soir il pourrait s'agir d'un concert de "musiques du monde" catégorie un peu facile en guise de fourre-tout, pourtant j'aime assez cette idée dans le cas de Stracho Temelkovski tant il invente la musique d'un monde fantasmé, d'un monde idéal qui aurait vu fraterniser l'Europe, l'Orient et l'Afrique; avec le jazz comme principale vecteur de fraternisation.     

Stracho est un insatiable homme orchestre. Il est tantôt aux percussions tantôt à la  guitare basse ou à la viola voir tout à la fois. Pourquoi se limiter à un instrument quand on a 2 mains, 2 pieds et une bouche. Quand les mains sont prises par les 2 guitares, il peut faire les "percus" avec sa bouche et ses pieds. What else ?
Malgré son talent l'exercice de style pourrait tourner à la démonstration s'il ne s'était entouré de trois pointures qui ne se font nullement oublier.
Ashraf Sharif Khan est le musicien le plus exotique du quartet venu du Pakistan avec sa sitar; quelques notes de son étrange instrument suffisent à nous transporter vers son ailleurs, la fusion avec les autres semblant étonnamment naturelle.
Le duo de choc, locaux de l'étape, Jean-François Baëz à l' accordéon et Jean-Charles Richard aux  saxophones complète l'ensemble démontrant à chacune de leur interventions une entente qui tient elle du surnaturel.

Nous avons entendu ce soir des fanfares Balkanes, des musiques de mariages et des mélodies plus mélancoliques qui pourraient évoquer la nostalgie et l’exil; ainsi le voyage onirique côtoie d'autres voyages plus douloureux.
"Le miel de la vie" composition de Stracho évoque justement le fait que la vie n'a pas toujours le goût du miel, ce morceau en particulier se termine dans un délire collectif... un délicieux chaos.

Ce quartet a ravi un public clairsemé, quelques chanceux sortis les yeux encore brillants de contentement.
Stracho annonce le concert prometteur du lendemain "The Sound Braka", où le quartet devient sextet : est ce bien raisonnable? non ! alors tant mieux! 

 JaZZmarc
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mardi 1 mai 2018

Suzanne Abbuehl à L'amphi Jazz: Le monde selon Abbuehl

Le samedi 28 avril 2018 à l'Amphi

Le monde selon Abbuehl n'est que douceur, légèreté et volupté!

Pour son troisième jour de résidence à l'Amphi Suzanne Abbuehl nous propose de visiter son dernier album paru en 2017 : Princess


Dans le monde d'Abbuehl la voix n'est que chuchotement, douce mélopée et scat susurré; le public de l'amphi en est resté coi! Comme la qualité des silences a un rôle central dans l’atmosphère que pose l'artiste, ici associée à une sonorisation exceptionnelle, les conditions d'écoute sont ce soir  irréprochables.


Dans le monde d'Abbuehl  le batteur ne frappe pas les peaux, il les caresse, les effleure  et parfois même il se contente de les frôler. Øyvind Hegg-Lunde, d'origine norvégienne, plus percussionniste que batteur nous a bluffé dans cette approche singulière de son rôle. Point de baguette seules des balais voir des maillets avec beaucoup de feutre ont droit de cité ici. Des sources de son différenciés sont multiple:  des clochettes et autres petites soucoupes de métal; un vrai festival de douces percussions.
Nous avons même eu droit à un solo de batterie uniquement avec des balais: Rarissime !

Pour l'album "Princess" Suzanne Abbuhel reprend à son compte des compositions de Jimmy Giuffre, Don Cherry, Keith Jarrett et Stephan Oliva superbe pianiste complétant le trio du soir.
Un pianiste délicat qui évite les excès de virtuosité, jouant avec précision les notes absolument indispensables. “La perfection est atteinte, non pas lorsqu'il n'y a plus rien à ajouter, mais lorsqu'il n'y a plus rien à retirer.” Antoine de Saint Exupery

Parmi les perles que nous ont offert le trio, j'ai retenu la belle reprise de Keith Jarrett  " Great Bird", une version infiniment mélancolique de "What a Wonderful World" la plus triste qu'il m'est donné d'entendre à ce jour, et un échange Batterie/voix délicieux sur "Mosquito Dance" de Don Cherry.

Au premier rappel  une gourmandise qu'est "Ida Lupino" du premier album "April"  qu'elle avait déjà chanté ici même il y a une dizaine d'années.   

Suzanne Abbuehl est une grande dans le monde réel du jazz, elle est sur un chemin de crête loin des hurleuses et des standards rabâchés, elle fait son chemin en toute sincérité et singularité.

Alors ne la ratez pas !

Jazz-Marc
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