Sans la musique, la vie serait une erreur. (F. Nietzsche)


lundi 23 janvier 2023

Octotrip à la Salle Molière à Lyon


Le 19 Janvier à la Salle Molière
  
La salle Molière est en effervescence en attendant Octotrip sur la scène, visiblement les connaisseurs étaient déjà sur le coup, et parmi eux beaucoup de musiciens des conservatoires de musique de la région.

Le trombone n'est pourtant pas l'instrument le plus populaire pour faire bouger les foules, il est souvent un très bon compagnons d'ensembles musicaux.
Dans le cas d'Octotrip, le Trombone en est la vedette et tous les à priori tombent, tellement l'étendu de ce qu'ils démontrent est vaste.
Ils sont bien huit musiciens, comme le suggère leur nom, dont 6 trombonistes, 1 joueur de Tuba et un d'
Euphonium (ou Tuba ténor) et ils nous entrainent dans un Trip totalement inédit.

Ce soir ils présentent pour la première fois leur nouveau projet: "Atrahasis"  qu'ils ont créé pendant leur récente résidence à Vienne.
A l'entame du concert le groupe arrive depuis la salle des 2 côtés de la scène, les 2 groupes se répondant pour une première pièce d'un certain JS Bach écrite pour des violoncelles à l'origine. Étonnamment on les entend vraiment les violoncelles.
Pour ce projet le groupe a invité deux artistes, la chanteuse Leïla Martial et la percussionniste Anissa Nehari.
Dés le 2 ème morceau les 2 invités sont en première ligne, l'ambiance a radicalement changé tout est plus percussif les trombones y compris. 
C'est la première fois, j'avoue que je voyais Leila Martial sur scène et je pense que cette femme est folle. Il semble que les différentes langues à sa dispositions étaient trop contraignantes trop limitées, alors elle a inventé des sons avec sa voix qui constituent son vocabulaire musical. En associant cette maitrise avec son agilité dans l'improvisation  elle en devient une artiste redoutable de la musique vivante. Sa folie est bien sûr magnifique, réconfortante, tout est alors possible sur scène.
Tantôt elle est une indigène sauvage dans la jungle, tantôt elle est lyrique, dans le morceau "Jérusalem"   au pied du mur des lamentations elle en devient même céleste.  

Le groupe fait preuve d'une énorme rigueur et de beaucoup d' humour c'est la marque du talent. Comment pourrait on classer leur musique alors qu'on entend un ensemble polymorphe : un orchestre de chambre puis une orchestre symphonique voir un ensemble tribal

Ces huit là se sont rencontré au Conservatoire Supérieur de Musique de Lyon. Leur recherche de sons et d'expressions musicales est passionnante. Le prestation est 100% acoustique, pourtant les effets produit par les différentes embouchures sont multiples.

Les compositions pour ce projet sont de François Chapuis et Robinson Khoury parmi les trombonistes et de  Pierre Tereygeol .
Robinson est bien connu de la scène jazz française, il est né à Lyon , il mène une carrière riche en collaborations ( Ibrahim Maalouf, Marcus Miller) en projets de groupe (Octotrip, Uptake, Aarab..) et personnels (déjà 2 albums )
Pour ce projet "Atrahasis" on le sent complètement dans son éléments lui qui a une formation classique à la base et qui s'est toujours dit très influencé par le chant.
Pour les 2 derniers morceaux il a lâché son trombone et s'est lancer dans des vocalises avec Leila Martial et Victor Auffray

 En 2018 Octotrip a déjà sorti un très bon premier album nous avons hâtes désormais de pouvoir écouter ce nouveau projet très prochainement.   

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JazzMarc

Jules Boittin, Alexis Lahens, François Chapuis, Nicolas Vazquez, Robinson Khoury, Charlie Maussion : trombones
Victor Auffray : euphonium
Lucas Dessaint : tuba
Leïla Martial : voix
Anissa Nehari : percussions

Octotrip Premier album


Leila Martial


lundi 16 janvier 2023

2 légendes d'Uzeb au club de Savoie à Chambery

 Le 14 janvier 2023 au Jazz Club de Savoie à Chambéry
Le Jazz Club de Chambery fête ses 45 ans d'existence ça valait bien un concert d’exception qui m'a mis en mouvement pour faire le déplacement vers ce lieu que je ne connaissais pas encore.
Rien de moins que 2 ex UZEB,  célèbre groupe de Jazz Rock Québecois des années 70/80, à nouveau sur une scène française. Je veux parler d'Alain Caron (mon héros) à la basse  et de Paul Brochu à la batterie eux même.
Le club d'abord est situé dans un lieux improbable dans un environnement plutôt industriel en rénovation où ce bâtiment largement tagué fait office de résistant. On s'attend à voir un panneau " Démolition imminente"
L'intérieur cependant est constitué d'un bel espace avec une très bonne acoustique aussi ...pourvu que ça dure. Des concerts y sont organisés tous les vendredis avec de beaux plateaux...à venir y compris au vu du programme de janvier.(voir ici)
 
J'ai mis les deux légendes d'Uzeb en avant cependant le projet est celui d'un sextet piloté par Pierre Bertrand (saxophone et flûte traversière) et Ron Di Lauro ( Trompette et Bugle) associés à Denis Leloup (trombone) et Alfio Origlio (piano).
Soit une des meilleures rythmiques du monde avec une élite de solistes. ( Je m'emballe)
Il s'agit aussi d'un échange entre le Québec et la France, Ron Di Lauro venant aussi de l'autre côté de l'atlantique.
Avec un tel plateau la difficulté est de choisir un répertoire parmi les compositions et les coups de cœur de chacun. Aussi nous avons entendu du Duke Ellington pour mettre tout le monde d'accord et de belles compositions d' Alfio Origlio, d'Alain Caron et de Denis Leloup.
Une très belle compagnie que ces 7 là donc, qui ont fait preuve de beaucoup de cohésion artistique et de bonne entente ( pas d'égo ostentatoire malgré le grand talent de chacun d'entre eux). Ils ont emballé la salle de connaisseurs qui leur a fait un accueil chaleureux.
Même si Alain Caron confirme sa place de héros pour moi, j'ai redécouvert la qualité du jeux de Paul Brochu à la batterie avec une inventivité et une présence de tous les instants. Là où certains batteurs peuvent se mettre en "pilotage automatique" lui il est un partenaire hors paire qui pousse tout le monde vers l'excellence.
La tournée du sextet en France ne compte que 3 dates: ils étaient à Grenoble le 12 à Chambery le 14 et seront au Sunside à Paris le 17.
 
Deux autres chroniques sont disponibles sur Jazz Rhone alpes.com
 pour Grenoble et pour Chambery.

Longue vie au Jazz Club de Savoie
 
JazzMarc

vendredi 15 juillet 2022

Robert Glasper au théâtre antique de Vienne

Jazz à Vienne le 8 juillet 2022

L'étoile montante du Jazz progressif américain est sur la scène du théâtre antique de Vienne pour sa 41 ème édition.
Robert Glasper est un pianiste et compositeur autodidacte qui participe a créer des passerelles entre des mondes musicaux qui ont l'habitude, au moins, de s'ignorer : Le Gospel, le Jazz, le hip-hop et le R&B.
Il a déjà remporté 4 Grammy Award.
Dans son dernier Album "Black Radio 3" il  poursuit son projet d'ouverture en invitant des artistes des différentes univers comme la chanteuse Lala Hathaway le rappeur Common, ou l'artiste de jazz Esperanza Splading pour ne citer qu'eux.

Ce soir il ne présente pas ce troisième opus de Black Radio pour lequel il est plus producteur que musicien, il nous offre ici une prestation dédiée à la scène où il est lui, en avant en tant que musicien, chanteur et surtout improvisateur avec tous les risques de l'exercice.

Le concert démarre avec un DJ qui se met derrière ses machines et lance ses samples et boucles en tous genres, "What's up Jazz à Vienne ?" nous harangue t'il. Mais les musicos tardent à arriver, et je ne suis pas prêt à assister à un concert avec un type qui bricole des machines.( Old school certainement)
Enfin le roi de la fête est annoncé en grande pompe ce qui rapidement tranche avec l'ambiance crée par le groupe à l'entame du concert. C'est un rythme lent, cool qui s'installe avec la voix de Glasper qui susurre doucement. Il est là où en ne l'attend pas.
Ça va groover comme ça tout au long du concert.
Chaque membre du groupe est exceptionnel. Le batteur Chris Dave parait en osmose avec son leader, il est placé d'ailleurs de façon à ce qu'ils puissent s'observer tous les deux.
Le DJ
Jahi Sundance prend tout son rôle dans ce collectif il est étonnant dans le lancement des samples et autres sons qu'il a préparé pour chaque morceau et c'est un vrai enrichissement.
Burniss Travis à la basse six cordes est impressionnant, sans esbroufe il assure un soutien rythmique rigoureux mais lorsqu'on le laisse partir un solo il est bluffant.  

Les thèmes de chaque morceau seront de Glasper ou des reprises. On reconnaitra des musiques de  Nirvana , Tears for Fears ou Phil Colins il sont toujours l'occasion pour le musicien de les reprendre à son compte dans son univers et délivrer toute sa créativité dans ses soli.
Cette prestation m'a fait penser son album "Covered"  qui date de 2015 enregistré en club, en trio piano/basse/batterie où dans une ambiance plus feutré il reprenait des morceaux de Radiohead ou de Joni Mitchell et les triturait de la même façon pour nous emmener dans ses impros entêtantes.

A la fin du concert le DJ remet le disque( "Why We speak" du dernier album), ce qui empêche le public de réclamer le rappel, c'est un peu étrange, le groupe sort de scène....et revient contre toute attente alors que déjà pas mal de spectateurs ont quitté les lieux.
Un autre petit morceau et puis s'en vont à nouveau, ont gardera encore longtemps les   "Good vibration" que ces avant-gardistes nous ont offert. 

JazzMarc

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Robert Glasper - Clavier
Burniss Travis - Basse

Chris Dave - Batterie

Jahi Sundance - DJ

Nubya García au Théatre antique de Vienne

 


Le 8 Juillet 2022 à Jazz à Vienne 

En deuxième partie de la soirée "New generation" le festival à invité Nubia Garcia une jeune artiste Anglaise née dans le quartier de  Camden à Londres d'une mère Guyanaise et d'un père... anglais.
 Après quelques EP cette saxophoniste et compositrice de jazz a sorti son premier album en 2020 "Source". Ce n'était pas la meilleure période pour présenter l'album sur scène alors c'est une bonne occasion ce soir.
La prêtresse arrive en costume pourpre et lunettes fumées roses, c'est la classe.
Rapidement on découvre que c'est vraiment la grande classe aussi au niveau de la prestation scénique.
Ça démarre sur un rythme reggae qui chaloupe doucement et annonce immédiatement le niveau.
Le set sera court aussi le groupe donne tout dès le premier morceau, le saxophone avec son effet de reverb prend le leadership, la rythmique est efficace avec un vrai batteur Sam Jones  ( chic) et un contrebassiste Daniel Casimir new generation lui aussi surement.
Mais c'est le pianiste, Joe Armon-Jones qui impressionne à l’entame de ce concert quand il part dans un solo endiablé comme si on était au 2 ème rappel ( il n'y en aura pas, il a bien fait).
C'est une musique festive aux influences sud américaines et africaine qui fait du bien, a l'image du morceau  "La cumbia me hasta llamado " du dernier album. Il s'étire avec bonheur jusqu'à une apothéose,  pur moment de partage débridé avec le public. La Cumbia nous a tous appelés alors on y est allé.  

Nubya Garcia au saxophone montre beaucoup d'autorité dans son jeu, elle est solide, ses chorus sont nets et très inspirés. Tel un Guillaume Perret elle utilise pas mal d'effets avec son sax, sans excès cependant, ils  enrichissent encore son jeu et confirment sa position dans le jazz d'avant garde.       

Le concert a semblé trop court les conditions du festival avec 3 plateaux sont drastiques, il n'y aura donc pas de rappel. Le public est déçu bien sûr mais les artistes certainement aussi.
En voilà une belle découverte à revoir donc en longueur !    

JazzMarc

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Nubia Garcia - Saxophone
Joe Armon-Jones - Clavier
Daniel Casimir - Contrebasse
Sam Jones - Batterie

Blue Lab Beat à Jazz à Vienne

Le 8 juillet 2022 

"New generation" ce soir au théâtre antique, et la jauge n'est pas à son maximum,
pourtant Benjamin Tanguy annonce lors de son message de lancement que c'est le point d'orgue du festival. Les soirées de Blues à papa feraient elles plus recette que celles dédiés aux nouveaux acteurs de la scène jazz ?
Ce soir place à l'avant garde du jazz ou au moins celle qui braconne sur le terrain du Hip-Hop ou d'autres musiques urbaines.

Le duo londonien Blue Lab Beat ouvre les festivité.
Il s'agit du multi-instrumentiste David Mrakpor ( Mr-DM) et du claviériste  Namali Kwaten (NK-OK) qui délivrent une musique aux influences hip-pop et afrobeat mais reste bien campée dans le jazz.
Même si à l'entame du set on pouvait en douter les deux gaillards étant plantés derrière leur console, et qu'une voix synthétique fait les présentations....

Les thèmes sont lancés, a bases de samples ou de boucles rythmiques les chorus alors peuvent s'enchaîner. Mr-DM prend sa guitare à l'occasion, le dispositif est aussi rapidement compléter par deux Guest au saxophone et la  trompette

Et ça groove frère ! 

NK-OK s'occupe notamment de la batterie sur son pad électronique, et j'avoue que mes oreilles ont souffert du cadencement en Hyper Basse (heureusement la boutique propose des boules Quies).

En 2022 le groupe à sorti son album " Motherland journey" dans lequel apparaissent  de nombreux invités de la scène britannique.

Mr-DM alias David Mrakpo parle d'“ Un projet visant à guérir et donner espoir à ceux qui sont épuisés par le racisme et les préjugés. Une musique qui célèbre la résilience, rassure et suscite la joie.

La résilience je ne sais pas mais la joie j'en suis sûr.

 Jazz-Marc

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Namali Kwaten - Clavier électronique
David Mrakpor - Guitare + guests


jeudi 7 juillet 2022

TùCA à Cybèle Jazz à Vienne

 

Le 7 Juillet 2022 Cybèle 

 Tùca ça veut dire dune en Gascon, et nous voici parti avec un nouveau groupe de 5 jeunes impétueux  venus de Bordeaux pour un nouveau set dans le cadre du tremplin Rezzo.
 

Une trompette encadrée de 2 guitares électriques soutenues par une contrebasse et une batterie, voici le dispositif en présence.
On s'attend à ce que "ça envoi du bois" tout de suite mais le band est plutôt en retenu, me semble t'il respectueux des codes du jazz.


Tous les morceaux sont des compositions personnelles avec des ballades en hommages aux paysages du sud ouest  "Camis" ( le chemin) ou à des proches "Planus" et "Hélène". Les morceaux sont  parsemés de soli surtout des 2 guitaristes.


Le son atmosphérique des guitares accompagne les autres solistes, celui de la contrebasse est claire est précis. 


Au dernier morceau "Rumination", le groupe se lâche un peu plus et parait plus authentique.
Derrière la dune...de beaux paysages musicaux en devenir.  

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 JazzMarc

Espace Impair à Cybèle Jazz à Vienne

 Le 7 Juillet 2022 Cybèle

Espace Impair finaliste du tremplin Rezzo est un groupe singulier venu de Lille.
Singulier du fait de sa constitution : Un violoncelle, une flute traversière et un piano entrainant une singularité dans les compositions elles mêmes à mi-chemin entre classique et jazz.


La flute est aérienne et fluide dans ce bel après-midi de juillet où le retour à la vraie vie, pour Cybèle aussi, nous fait un bien fou. 


Les héros du moment nous offrent un beau moment de musique issu d'un projet original sur une ligne de crête loin de toutes facilités.


Tous les fondamentaux du jazz sont là; l'improvisation en premier lieu où chacun y prend goulument sa part. Les combinaisons instrumentales sont multiples, le Violoncelle de Matthieu Buchaniek se fait contrebasse avec aisance, les percussions peuvent être assurées par Frédéric Volanti sur son piano et Gérald Lacharrière sur sa flute et les vocalises prises en bouche avec par Matthieu également avec succès.


Les compositions s'enchainent nous entrainant dans des paysages rythmiques différents, nous voilà "Plaza de Espana", en "mer morte" ou dans la "Toundra" autant de titres énigmatiques. Nous sommes parti aussi dans les Balkans le temps d'un autre morceau. Ces cheminements m'ont fait penser à certains moment aux déambulations entêtantes de Steve Reich. 

Ces jeunes musiciens se sont créé un espace musical à part; "impair" certainement

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JazzMarc

mardi 12 octobre 2021

The Very Big Experimental Toubifri Orchestra au Periscope


Le samedi 9 Octobre 2021 au Periscope de Lyon,

Coloré, survitaminé, déjanté, hilarant, précis, inventif, brillant....
voici quelques qualificatifs en vrac du concert des "Toubifri" ce soir au Périscope.
Mais cette équipe mérite bien qu'on y mette quelques phrases tout autour.

Le grand soir de la fin du monde nous a peut-être frôlé, l'illustration du troisième album du "Very Big" nous le fait bien penser; tel le rassemblement vers une arche de Noé délirant. Cependant cet album  s’appelant "Dieu poulet"  avant même son écoute on sait que le groupe à décidé de faire un pied de nez monumental à nos tracas et d'en rajouter une couche dans la déconnade.

On les avait quittés lors de leur belle collaboration avec le chanteur/poète Loîc Lantoine pour la présentation de leur 2eme album "Nous" présenté à l'opéra de Lyon en début d'année dernière.
On les retrouve tous: La femme à barbe, Captain Sax, la fée clochette et toute la bande pour présenter ce nouvel opus, seuls cette fois, enfin à 18 quand même; pour un projet cependant plus prêt de leur univers de départ celui qu'avait impulsé Grégoire Gensse à l'origine. Cet album lui est dédié d'ailleurs  


 

La grande scène du Périscope se révèle petite à 18, avec en autre 2 batteries, un clavier un xylophone et tout le reste ça fait du monde et de la puissance sous contrôle.
Ça commence très fort avec le premier morceau de l'album "sexe" qui donne un petit aperçu de la puissance en présence. C'est déjà l'occasion à l'entame du concert d'un moment d'hystérie totale ... mais parfaitement maitrisée.

Le groupe a trouvé une solution pour parler d'une seule voix, c'est de parler tous ensemble parfaitement synchronisé. C'est du plus bel effet.

Le spectacle est foisonnant, tout est possible : un chanteur de variété italienne sur le retour  peut même s'y croire, une bataille entre les deux batteurs, une explosion de confettis, les musiciens répartis dans la salle : tout est possible!    

On dit qu'un artiste est souvent un "Despote éclairé" mais alors comment font-ils tous ces despotes pour prendre des décisions et arriver à ce niveau de qualité?  

 "On n'a jamais su écrire une seule chanson, on sait toujours pas! alors on invente des méthodes interdites et très dangereuses..."
Mesdames et Messieurs surtout continuez !

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JazzMarc


jeudi 8 juillet 2021

One Shot Not en Live à Jazz à Vienne 2021


La 40 ème édition de Jazz à Vienne est celle de la promesse d'un retour de la musique en live sans contrainte.
Alors même que le off est très limité cette année, le plaisir procuré par cette édition semble être décuplé par tant d'abstinence durant tous ces mois.
En guise d'explosion des plaisirs musicaux les organisateurs du festival ont donné en cette soirée du 4 juillet une carte blanche à Manu Katché  pour une résurection de son émission culte "One Shot Not" en live.
De 2007 et 2011 le temps qu'a duré cette émission sur Arte  Manu Katché recevait des artistes dans un esprit de mélange de genres et de générations pour des interviews et des sessions musicales dans les conditions du live.
Le grand intérêt de cette émission était de retrouver quelques pointures qu'on voyait peu, voir pas, à la télé comme Marcus Miller ou David Byrne et de découvrir de nouveaux talents comme Portico Quartet, Krystle Warren  et bien d'autres.

Il me semble bien que c'est aussi la mission d'un festival comme Jazz à Vienne...chic!

Manu Katché est depuis toujours un hardant défenseur  du décloisonnement de la musique. Il l'a prouvé dans sa carrière de batteur en passant de la chanson française quand il accompagnait Michel Jonasz ou Véronique Samson, à la pop rock anglaise aux côtés de Peter Gabriel voir au Jazz pur jus quand il collabore avec Jan Garbarek où pour ses propres projets. La liste de ses compagnons de route est longue et éclectique
Il l'a prouvé aussi avec ses choix d'invités dans son émission et ce soir il enfonce le clou!

Le set commence comme un concert classique à Vienne; Manu Katché avec son groupe joue les morceaux de son dernier album "The Scope". Jérôme Regard est à la basse, Elvin Galland aux claviers et Patrick Manouguian à la guitare.

Ce "house band" va accompagner quelques invités, en devenir ou prestigieux que Manu va présenter en fabuleux maitre de cérémonie témoignant d'une grande complicité avec les uns et les autres.

Et ça commence avec des locaux de l'étape:

En effet Manu Katché présente avec moult superlatifs la chanteuse Célia Kameni* bien connue de la scène jazz locale. Elle chantera ce soir un morceau de l'album The Scope mais aussi 3 autres de l'album "Secret places" qu'elle a enregistré avec la complicité du pianiste Alfio Origlio,sur scène également ce soir, une autre pointure locale qui nous rend fiers du jazz que nous défendons au quotidien à jazzrhonealpes.com.

Le décloisonnement musical façon Manu Katche sera illustré ensuite par l'intervention du rappeur Jazzy Bazz, pour 2 morceaux puis par celle d'une artiste rare Sophie Hunger qui, elle, joue déjà sa propre partition de l’éclectisme.

Elle a repris magnifiquement à son compte une chanson de Noir Désir "le vent l'emportera", a fait une incursion dans le jazz lors d'une collaboration avec Erik Trufaz sur son album " in Between" et le titre " Let me go" qu'elle chantera ce soir, mais son registre de prédilection c'est une pop folk énergique et polyglotte.

Après un petit retour de Raoul Midon le guitariste virtuose et chanteur ( Que j'avais pour ma part connu lors d'une émission de "One Shot Not") qui a assuré la première partie de la soirée Michel Jonasz arrive alors en véritable star.

Il est accompagné de son fidèle pianiste Jean-Yves D'Angelo, et nous régalera de quelques unes de ses chansons tubes inoxydables: "Du blues, du blues, du blues", "Lucie", "Super Nana". Bien sûr le public en redemande c'est tellement bon de partager à nouveau ces chansons intemporelles !

Mais la vrai star internationale arrive !
La surprise était bien gardée et c'est le policeman en chef , Sting himself qui entre en scène.
Ah quand même ! ( Oui j'avais envie de placer "Ah quand même!" dans cette article)
Il annonce qu'il n'a pas fait de scène depuis 2 ans; qu'il ne sait pas s'il sait encore faire.
Nous fumes très vite  rassurés avec pour notre plus grand plaisir des morceaux presque jamais entendus: " Message in a botle" , "English man in New York" et " Shape of my heart" avec le guitariste Dominic Miller et Célia Kameni toute heureuse de se retrouver en duo avec cette star. Excusez du peu !.

Et si on finissait avec " If you love somebody, set them free" tous ensemble: Bon et ben d'accord.

Si je me permettais un écart de langage pour qualifier cette soirée,  je dirais qu'après une année de merde ( dixit Manu Katché lui même) c'était un putain de plateau ( dixit moi même!)

JazzMarc

*: pour mémoire, Célia Kameni a débuté sa carrière de chanteuse en janvier 2011, avec le projet collectif « Motown revival » à l’instigation d’un certain Jérôme Regard qui dirigeait le département jazz du C.R.R. de Lyon à l’époque. (j'y étais )

dimanche 23 mai 2021

The D-Day avec Bruno Ruder au Périscope


 Le mercredi 19 mai c'est le D-Day au Périscope.

On nous prend, faut pas déconner, pour des con...des confinés
alors qu'on est désormais libérés dans la foule sentimentale avide de partager à nouveau des émotions artistiques.

Émotion musicale en l’occurrence pour ce jour de libération des salles de concerts. Les organisateurs du Périscope qui trépignaient de montrer leur toute nouvelle salle ont proposé au pianiste Bruno Ruder de nous dégourdir les oreilles pour l'occasion.

Le beau son du Yamaha emplie la salle à l'acoustique impeccable, les harmoniques se déploient et viennent nous enchantées à nouveau:  c'est bon ça le refait, on est bien!

Bruno Ruder a déjà une biographie impressionnante. Parmi ses nombreuses collaboration il a occupé notamment  le poste de pianiste de Magma pendant quelques années.
Il nous présente ce soir majoritairement de nouvelles compositions qui ont germées pendant le confinement.
A l'entame du concert il nous plonge dans une atmosphère plutôt sombre, des cheminements labyrinthiques, des impasses, des questions sans réponse à l'image de la période compliquée que nous venons de vivre.
Mais dans sa tête, plus que sur les nombreuse partitions qu'il a devant lui,  il y a du monde il y a un monde bien à lui, torturé certainement à certains moments mais aussi plus léger voir euphorisant à d'autres.
Dans ce dernier registre il a détourné ce soir un standard Jazz/ragtime sur un rythme endiablé, et repris un morceau  de Pat Metheny et Ornette Coleman "Kathelin Gray".
La promesse des jours heureux transpire dans ce morceau, une sorte de ballade dans une nature sautillante. Est-ce une évocation nostalgique ou bien réellement une incantation pour notre futur?

La jauge du soir doit être à 40% mais c'est reparti et c'est l’essentiel. 

Le Périscope a désormais publié sa programmation et on retrouve dès le 26 mai Bruno Ruder au piano avec le groupe Le Quadivium. Pour avoir déjà entendu un échantillon je vous recommande cette soirée.... chic c'est parti.          

Qu'est ce qui vous a manqué le plus pendant cette période ?
Je ne dois pas être le seul à répondre: un concert à partager dans la foule sentimentale!  

JazzMarc

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