Sans la musique, la vie serait une erreur. (F. Nietzsche)


mercredi 7 février 2018

Steven Wilson au Transbordeur

 Le mardi 6 Février au Transbordeur

Steven Wilson, le guitariste britannique aux pieds nus, le leader du groupe Porcupine Tree, c'est d'abord le son, puissant mais maîtrisé, truffé de mélodies familières et de déluges rythmiques crimsoniens type "Red", un son qui capte l'attention et ne la lâche plus.




Mais c'est aussi une mise en scène parfaite: un rideau de tulle transparent tendu devant les musiciens permet de projeter des images en premier plan comme cette choriste (Ninet Tayeb ?)ou cette danseuse démultipliée. Un autre écran en fond de scène prend le relais: y défilent des images surréalistes, ou des explosions de couleurs psychédéliques, ou encore des films de famille en super-8 quand ce ne sont pas des courts métrages d'animation.
Le spectacle est total.

  Steven Wilson, c'est aussi un citoyen du monde, qui n'hésite pas à vilipender le terrorisme religieux et à déplorer la mort des migrants (ah! La délicatesse de ces images d'une mer agitée et d'une plage jonchée d'objets familiers, une photo, un manteau,une paire de lunettes,etc).
C'est un être humain qui s'interroge sur la société où il vit, la solitude des citadins, l'angoisse de la mort.
  
Tous les musiciens sont à la hauteur du projet de leur leader. Il ne cite leur nom qu'une seule et unique fois, ce qui m'a empêché de les retenir. Les deux morceau du rappel sont magnifiques: "Harmony Korine" (le premier titre d'Insurgentes ) et "The Raven that refused to sing"(titre phare du CD eponyme).

On se retrouve sur le trottoir, ivre de musique et de lumière malgré la nuit.
                            François Progbôf

lundi 15 janvier 2018

Résidence Roberto Negro à l'amphi jazz

Le vendredi 12 janvier à L'amphi Jazz de Lyon.

"Y avait comme un goût amer en nous, comme un goût de poussière dans tout..."
pourtant l'appel de l'amphi jazz était trop fort ce soir ... Évidemment !

Mais qui est l'inconscient qui a donné une carte de blanche à Roberto Negro ?
ce pianiste est complètement barré on vous avez pourtant prévenu !
Lors d'une résidence ici même, il y a quelques années,  il nous avait déjà mis la tête à l'envers avec sa création "Loving suite pour Birdy so" qui embarquait avec bonheur la chanteuse Elise Caron.
Ce soir lors du premier set accompagné de son acolyte Théo Ceccaldi au violon il nous propose "Danse de salon".
Comme ils l'avaient fait, tous les deux déjà, autour du prétexte "Mozart"dans une précédente création,
de danse de salon, ici, il n'en est question qu'à l’extrême marge.
Oui çà et là  on entend bien un bout de menuet, de valse voir de danse country; mais la ficelle est grosse Messieurs! tout ça n'est que prétexte pour nous prendre en apnée au début du morceau et nous laisser une heure après ébahis, j'en convient, après nous avoir entrainés dans un voyage musical ahurissant.
Deux enfants turbulents qui prennent un plaisir jubilatoire de leurs fantaisies voilà ce que nous avons vu ce soir. Il sont bourrés de talent les bougres et font preuve en plus, en toute simplicité, d'une grande rigueur.
Est ce du jazz? certainement; de la musique contemporaine ? pourquoi pas, qui embraquerait alors   beaucoup d'autres styles musicaux : du rock, du folklore entre autre.
Ces garnements se sont nourris de toutes ces musiques pour nous délivrer une matière ébouriffante qui nous laisse béats.
J'aime beaucoup, pour ma part,  les musiques qui ne sont pas prévisibles qui sont capables de nous surprendre à chaque instant; nous voilà servis; ici on n'a pas bien le temps de rêvasser : Tout est possible tout le temps !
 Au deuxième set Vincent Courtois au violoncelle et Julian Sartorius à la batterie les ont rejoints pour une splendide déambulation d'environ trois quart d'heure aussi. Deux nouveaux musiciens d'exception, tout autant fantaisistes, faisant de ce quartet une fantastique source de créativité instantanée 
Les enchainements se révèlent quelquefois plus mélancoliques dans cette deuxième partie; de belles séquences de musiques répétitives y sont également introduites. Le tout emballe le public qui les ovationne en fin de set et obtient un rappel magnifique d'une composition tout en progression vers un pur moment d'apothéose.
"Si le bonheur existe, c'est une épreuve d'artiste" Michel Berger
JaZZmarc

Sur jazz-rhone-Alpes.com ce billet et les autres chroniques de la semaine


samedi 23 décembre 2017

Paris sera toujours Paris: Gibert Joseph et Samy Thiebault

 Encore une occasion de vérifier le pouvoir d'attraction de la planète jazz parisienne. Je lisais il y a un mois Jazz Magazine numéro 700 et à la page 108, la célèbre revue recommandait le passage au rayon import de Gibert Joseph du quartier latin. Qu'à cela ne tienne ! J'étais à Paris ce mardi 12 décembre.

Direction le 34 du boulevard St Michel, au sous-sol. Et là ,c'est la caverne d'Ali Baba. Chaque artiste a droit à un ensemble de CD proprement hallucinant. En particulier des imports japonais. Impossible de ne pas craquer (j'ai trouvé sous le label Hi Hat trois perles - deux Tony Williams, conseillés d'ailleurs par Jazzmag, et un Oscar Peterson live ).Et si je n'avais pas été accompagné, j'y aurais passé l'après-midi.


  Ensuite, soirée rue des Lombards avec apéro sur la terrasse chauffée du Sunset/Sunside, puis concert du saxophoniste Samy Thiebault au Duc des Lombards (qui nous interprète en quintet et même sextet son dernier opus,  Carribbean Stories). Si les deux concerts ne s'étaient pas chevauchés, j'aurais pu écouter Christophe Wallemme au Sunset en sortant.

Vous me direz qu'à Lyon, on n'a pas à se plaindre, entre l'Amphi et les petits clubs. C'est ce qu'on a dit à un type de La Rochelle qui déplorait les carences jazzistiques des Charentes.
On a aussi un Gibert Joseph, même s'il est moins fourni en imports que celui de Paris (ah, le plaisir de chiner).
Mais enfin, y'a pas à dire: Paris sera toujours Paris.

                                             François Jazzbôf

mardi 5 décembre 2017

BABX Cristal Automatique

De la mélancolie encore !
des mots 
de la poésie
de la musique envoutante

Avec son album "cristal automatique" Babx musicien, compositeur et chanteur nous prend à la gorge avec un art qu'il invente.
Il redonne vie à des poèmes majeurs qu'on avait trop vite vitrifié par dévotion ou crainte de ne pas être à la hauteur.   

Lui il les prend et les interprète avec la musique qui leur colle parfaitement et nous les offre à déguster: Alors on n'a plus qu'à déguster
Baudelaire, Genet, Miron, Tom Waits....
Enjoy!
JazzMarc



"Parfois je m'assois par pitié de moi
J'ouvre mes bras à la croix des sommeils
Mon corps est un dernier réseau de tics amoureux
Avec mes doigts à la ficelle des souvenirs perdus
Je n'attends pas demain... je t'attends
Je n'attends pas la fin du monde... je t'attends
Dégagé de la fausse auréole de ma vie". 
Gaston Miron




Blue Polar : Une Trouvaille

C'est un petit bouquiniste situé rue d'Algérie à Lyon, tout près des Terreaux. "Temps Livre", tel est le nom de la boutique. Eté comme hiver, le bouquiniste veille et propose des livres de poche et des BD (beaucoup de comics) dans un espace réduit.
 Et là, je pousse la porte (une fois de plus), dis bonjour, tourne la tête à gauche et mon regard tombe sur un petit bouquin, style série noire, intitulé "Blue Polar". Auteur: collectif. Date d'édition: mai 1999.4e de couv :"ce recueil de nouvelles vous est offert par Blue Note" pour tout achat de 2  CD de sa collection."

  Suit la liste des auteurs des nouvelles en question: Jerome Charyn,Jean-Claude Izzo,Jean-Bernard Pouy, Michel Le Bris,Peter Guralnick, Luc Baranger,James Crumley,Pierre Willi, Hervé Prudon. Super ! J'en connais 6 sur 9, et ce ne sont pas des manches. Je soulève la couverture et regarde le prix inscrit au crayon à papier: 2 euros. Elle est pas belle,la vie ?

  Je paye illico et sors de la boutique.Je lis immédiatement les premiers mots de la première nouvelle. "On l'appelait le Kid, le Kid de Cleveland, parce qu'il n'avait pas grandi dans un cimetière comme nous,qu'il n'avait pas mangé des ordures et pompé ses vitamines à même la terre.Il n'avait pas dix ans qu'il jouait du sax dans l'orchestre de l'église de son père, comme un petit ange noir."
  C'est bien parti. Je sens que je vais me régaler.Il fait gris et froid, c'est l'hiver mais il suffit de se caler au coin de la cheminée pour déguster ce plateau digne d'un écailler de luxe.Y'a des jours comme ça ...

François Jazzbôf
(pour faire écho à l'interview sur Jazz Chorus à propos des liaisons -dangereuses ?- entre jazz et polar).

samedi 25 novembre 2017

Emission "Jazz Chorus" sur Crock Radio 89.5


Tous les mercredis entre 20 heures à 21heures Philippe Simonci anime une émission consacrée au Jazz sur Crock Radio 89,5 station située à Vienne.


Sur la bande FM la reception n'est pas toujours facile depuis Lyon mais vous pouvez vous rattraper sur le Web. http://crockradio.com/?


Crock Radio affiche une vocation: " la musique pas comme les autres"... avec tendance rock affirmée.

Philippe Simonci, lui, avec une grande décontraction défend toutes les semaines la musique qu'il chérit, sa une grande culture Jazzistique et son enthousiasme indéfectible participe à faire de "Jazz Chorus" un moment privilégiée pour ceux qui aime le jazz et son rayonnement dans la région. 

Votre serviteur y a été invité le 22 novembre pour parler de l'expérience de chroniqueur de jazz évoquer ce blog et mes goûts musicaux du moment.
Vous pouvez la réécouter ici : Jazz Chorus - Emission 10 du 22 11 2017
J'ai réussi à placer : Neil Young, Marcus Malte, Esbjorn Svensson, Jean Kapsa ..et pas mal d'autres de mes compagnons de musiques.

A nouveau invité le 28 février 2018, j'ai proposé de se poser la question de "est ce bien du jazz ?" une question éminemment inutile, mais qui nous a donné l'occasion d'écouter de la bonne Zique à la marge du jazz : Tendances rock, folk, contemporain, Classique, electro, variété ...
Ci ça vous tente c'est ici: Jazz Chorus - Émission 22 du 28 02 18     

 JaZZmarc

dimanche 5 novembre 2017

Macha Gharibian Jazz au carrés

Le Vendredi 3 novembre à Annecy

C'est sur le haut plateau Arménien, que démarre le concert; le flutiste Tosha Vukmirovic nous y accompagne avec son Kaval, instrument traditionnel des Balkans; il nous transporte sans somation vers ce pays fantasmé entre folklore et onirisme, il est  rejoint rapidement par les autres membres du quintet tous décidés à nous faire planer béatement.      

C'est donc la bouche ouverte que nous accueillons le groupe qu'à réuni autour d'elle Macha Gahribian, pour ce concert à Annecy dans le cadre du festival  "Jazz au carré".
La jeune pianiste, chanteuse et compositrice prouve tout l'étendu de son talent, dans cette formule en quintet où elle laisse de vastes espaces instrumentaux teintés d'improvisations.

Après "Marmashen" un instrumentale issu du folklore Arménien... La voix!
Sur le son cristallin de son "Steinway & Sons" Macha pose sa voix ample et forte  "I Who Have Nothing" le voyage ne fait que commencer.
Le style de son jeu au piano est souvent percussif,  elle est soutenu dans cette effort par une pointure à la batterie Dré Pallemaerts.
Tous les musiciens sont présents aussi sur l'album y compris le guitariste David Pothaux-Razel qui balance ses riffs atmosphériques sans économie de grimaces explicites participant ainsi à sa façon au spectacle.  
Les morceaux instrumentaux ou chantés se succèdent, ils sont essentiellement tirés du deuxième album  "Trans Extended" sorti l'année dernière.
J'ai un petit faible pour les chants en arménien comme "Anoushes" une mélopée envoutante; alors même si nous ne comprenons pas forcément les paroles elle nous emplie de mélancolie bienfaisante.  "La mélancolie c'est le bonheur d'être triste"  disait Hugo (Victor de son prénom) alors profitons!

Délicatesse,volupté et légèreté sont les sensations qui me restent du concert, quand la plupart des groupes proposent des prestations sur scène plus énergiques que leurs enregistrements en studio,  Macha Gharibian, elle, invite son public à un voyage paisible et plein d'harmonie après quoi on se sentirait meilleur.
Quel ambition!
JazzMarc
    
Macha Gharibian Piano/voix ; Théo Girard Contrebasse ; Dré Pallemaerts Batterie ; David Pothaux-Razel  Guitare ; Tosha Vukmirovic Clarinette/Kaval

Sur jazz-rhone-Alpes.com ce billet et les autres chroniques de la semaine








vendredi 20 octobre 2017

Gong au Ninkao le 19 octobre 2017, le concert de l'année ?



Le Ninkao le 19 octobre 2017.

Le concert qui bouscule, l'originalité psychédélique dans les sons et les projections d'images , les mélodies hypnotiques, une patate pas possible et une joie de vivre communicative, voilà tout ce que contenait cette soirée du 19 octobre au Ninkao.


Daevid Allen est mort en 2015, mais Gong fête cette année son cinquantième anniversaire avec une toute nouvelle formation : Fabio Golfetti à la guitare, Ian East à la flûte et au saxophone, Dave Sturt à la basse , Orlando Alen à la batterie et surtout un vrai leader, Kavus Torabi à la guitare.

Frisé comme un Hendrix blanc, facétieux, déjingandé, convivial, Kavus est LE chainon manquant à la saga Gong.


Et la salle ne s'y est pas trompée, peuplée certes de quinqua et de sexagénaires,mais aussi de jeunes qui dansent sur cette musique incroyable qui décoiffe,c'est le moins qu'on puisse dire.

Leur dernier disque s'intitule "Rejoice ! I'm dead".C'est dire ...


                       François Psychedelic Jazzbôf




Tom Petty: Il ne fera plus chavirer les coeurs


3 octobre 2017: il pleut sur la ville. Hier, Tom Petty s'est éteint à l'âge de 66 ans. Crise cardiaque. L'hecatombe continue dans le monde de nos musicos favoris.

C'était mon ami Christian, le guitariste,qui me l'avait fait découvrir en 1979.Pourtant,curieusement,j'ai attendu 1985 pour acheter mon premier vinyle de Tom Petty "Pack up the plantation", un live qui rassemblait ses meilleurs titres.

Tom Petty et ses heartbreakers venaient de Floride. Ils faisaient partie de ces groupes du sud qui vous pondent un morceau de bravoure chaque année. Le genre de zique qui vous redonne la pêche quand vous avez le blues.

Moi, j'avais un faible pour "Runnin' down a dream" et "Into the great wide open".


Mais je conclurai cet épitaphe par un vers d'un de ses plus grands succès ,"Free falling" ,qui résume bien le bonhomme:


I'm a bad boy for breakin' her heart







Aujourd'hui c'est à nous que tu brises le coeur ...
                                                     François Jazzbôf

Good Time: une B.O. envahissante ?





Le film "Good time" des frères Safdie se distingue par bien des références positives:un vrai scénario de film noir (entre Goodis et Chester Himes), New-York comme lieu de l'action (on pense à Scorcese), des éclairages violents de néons rouges,verts ou bleus ( un peu à la Winding Refn),des gros plans multiples (à la Leone) et une camera souvent portée à l'épaule qui donne du mouvement au film.



 Un regret cependant: la musique électro de Oneohtrix Point Never, redondante et parfois même bruyante. On se prend à regretter le rock des Stones dans "Mean Streets", d'autant que le  morceau final (excellent) est chanté par Iggy.


Heureusement ! C'est Pattinson qui joue à merveille le rôle principal: rien que pour lui, on peut craquer ...

                                        François Jazzbôf