Sans la musique, la vie serait une erreur. (F. Nietzsche)


mardi 12 octobre 2021

The Very Big Experimental Toubifri Orchestra au Periscope


Le samedi 9 Octobre 2021 au Periscope de Lyon,

Coloré, survitaminé, déjanté, hilarant, précis, inventif, brillant....
voici quelques qualificatifs en vrac du concert des "Toubifri" ce soir au Périscope.
Mais cette équipe mérite bien qu'on y mette quelques phrases tout autour.

Le grand soir de la fin du monde nous a peut-être frôlé, l'illustration du troisième album du "Very Big" nous le fait bien penser; tel le rassemblement vers une arche de Noé délirant. Cependant cet album  s’appelant "Dieu poulet"  avant même son écoute on sait que le groupe à décidé de faire un pied de nez monumental à nos tracas et d'en rajouter une couche dans la déconnade.

On les avait quittés lors de leur belle collaboration avec le chanteur/poète Loîc Lantoine pour la présentation de leur 2eme album "Nous" présenté à l'opéra de Lyon en début d'année dernière.
On les retrouve tous: La femme à barbe, Captain Sax, la fée clochette et toute la bande pour présenter ce nouvel opus, seuls cette fois, enfin à 18 quand même; pour un projet cependant plus prêt de leur univers de départ celui qu'avait impulsé Grégoire Gensse à l'origine. Cet album lui est dédié d'ailleurs  


 

La grande scène du Périscope se révèle petite à 18, avec en autre 2 batteries, un clavier un xylophone et tout le reste ça fait du monde et de la puissance sous contrôle.
Ça commence très fort avec le premier morceau de l'album "sexe" qui donne un petit aperçu de la puissance en présence. C'est déjà l'occasion à l'entame du concert d'un moment d'hystérie totale ... mais parfaitement maitrisée.

Le groupe a trouvé une solution pour parler d'une seule voix, c'est de parler tous ensemble parfaitement synchronisé. C'est du plus bel effet.

Le spectacle est foisonnant, tout est possible : un chanteur de variété italienne sur le retour  peut même s'y croire, une bataille entre les deux batteurs, une explosion de confettis, les musiciens répartis dans la salle : tout est possible!    

On dit qu'un artiste est souvent un "Despote éclairé" mais alors comment font-ils tous ces despotes pour prendre des décisions et arriver à ce niveau de qualité?  

 "On n'a jamais su écrire une seule chanson, on sait toujours pas! alors on invente des méthodes interdites et très dangereuses..."
Mesdames et Messieurs surtout continuez !

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JazzMarc


jeudi 8 juillet 2021

One Shot Not en Live à Jazz à Vienne 2021


La 40 ème édition de Jazz à Vienne est celle de la promesse d'un retour de la musique en live sans contrainte.
Alors même que le off est très limité cette année, le plaisir procuré par cette édition semble être décuplé par tant d'abstinence durant tous ces mois.
En guise d'explosion des plaisirs musicaux les organisateurs du festival ont donné en cette soirée du 4 juillet une carte blanche à Manu Katché  pour une résurection de son émission culte "One Shot Not" en live.
De 2007 et 2011 le temps qu'a duré cette émission sur Arte  Manu Katché recevait des artistes dans un esprit de mélange de genres et de générations pour des interviews et des sessions musicales dans les conditions du live.
Le grand intérêt de cette émission était de retrouver quelques pointures qu'on voyait peu, voir pas, à la télé comme Marcus Miller ou David Byrne et de découvrir de nouveaux talents comme Portico Quartet, Krystle Warren  et bien d'autres.

Il me semble bien que c'est aussi la mission d'un festival comme Jazz à Vienne...chic!

Manu Katché est depuis toujours un hardant défenseur  du décloisonnement de la musique. Il l'a prouvé dans sa carrière de batteur en passant de la chanson française quand il accompagnait Michel Jonasz ou Véronique Samson, à la pop rock anglaise aux côtés de Peter Gabriel voir au Jazz pur jus quand il collabore avec Jan Garbarek où pour ses propres projets. La liste de ses compagnons de route est longue et éclectique
Il l'a prouvé aussi avec ses choix d'invités dans son émission et ce soir il enfonce le clou!

Le set commence comme un concert classique à Vienne; Manu Katché avec son groupe joue les morceaux de son dernier album "The Scope". Jérôme Regard est à la basse, Elvin Galland aux claviers et Patrick Manouguian à la guitare.

Ce "house band" va accompagner quelques invités, en devenir ou prestigieux que Manu va présenter en fabuleux maitre de cérémonie témoignant d'une grande complicité avec les uns et les autres.

Et ça commence avec des locaux de l'étape:

En effet Manu Katché présente avec moult superlatifs la chanteuse Célia Kameni* bien connue de la scène jazz locale. Elle chantera ce soir un morceau de l'album The Scope mais aussi 3 autres de l'album "Secret places" qu'elle a enregistré avec la complicité du pianiste Alfio Origlio,sur scène également ce soir, une autre pointure locale qui nous rend fiers du jazz que nous défendons au quotidien à jazzrhonealpes.com.

Le décloisonnement musical façon Manu Katche sera illustré ensuite par l'intervention du rappeur Jazzy Bazz, pour 2 morceaux puis par celle d'une artiste rare Sophie Hunger qui, elle, joue déjà sa propre partition de l’éclectisme.

Elle a repris magnifiquement à son compte une chanson de Noir Désir "le vent l'emportera", a fait une incursion dans le jazz lors d'une collaboration avec Erik Trufaz sur son album " in Between" et le titre " Let me go" qu'elle chantera ce soir, mais son registre de prédilection c'est une pop folk énergique et polyglotte.

Après un petit retour de Raoul Midon le guitariste virtuose et chanteur ( Que j'avais pour ma part connu lors d'une émission de "One Shot Not") qui a assuré la première partie de la soirée Michel Jonasz arrive alors en véritable star.

Il est accompagné de son fidèle pianiste Jean-Yves D'Angelo, et nous régalera de quelques unes de ses chansons tubes inoxydables: "Du blues, du blues, du blues", "Lucie", "Super Nana". Bien sûr le public en redemande c'est tellement bon de partager à nouveau ces chansons intemporelles !

Mais la vrai star internationale arrive !
La surprise était bien gardée et c'est le policeman en chef , Sting himself qui entre en scène.
Ah quand même ! ( Oui j'avais envie de placer "Ah quand même!" dans cette article)
Il annonce qu'il n'a pas fait de scène depuis 2 ans; qu'il ne sait pas s'il sait encore faire.
Nous fumes très vite  rassurés avec pour notre plus grand plaisir des morceaux presque jamais entendus: " Message in a botle" , "English man in New York" et " Shape of my heart" avec le guitariste Dominic Miller et Célia Kameni toute heureuse de se retrouver en duo avec cette star. Excusez du peu !.

Et si on finissait avec " If you love somebody, set them free" tous ensemble: Bon et ben d'accord.

Si je me permettais un écart de langage pour qualifier cette soirée,  je dirais qu'après une année de merde ( dixit Manu Katché lui même) c'était un putain de plateau ( dixit moi même!)

JazzMarc

*: pour mémoire, Célia Kameni a débuté sa carrière de chanteuse en janvier 2011, avec le projet collectif « Motown revival » à l’instigation d’un certain Jérôme Regard qui dirigeait le département jazz du C.R.R. de Lyon à l’époque. (j'y étais )

dimanche 23 mai 2021

The D-Day avec Bruno Ruder au Périscope


 Le mercredi 19 mai c'est le D-Day au Périscope.

On nous prend, faut pas déconner, pour des con...des confinés
alors qu'on est désormais libérés dans la foule sentimentale avide de partager à nouveau des émotions artistiques.

Émotion musicale en l’occurrence pour ce jour de libération des salles de concerts. Les organisateurs du Périscope qui trépignaient de montrer leur toute nouvelle salle ont proposé au pianiste Bruno Ruder de nous dégourdir les oreilles pour l'occasion.

Le beau son du Yamaha emplie la salle à l'acoustique impeccable, les harmoniques se déploient et viennent nous enchantées à nouveau:  c'est bon ça le refait, on est bien!

Bruno Ruder a déjà une biographie impressionnante. Parmi ses nombreuses collaboration il a occupé notamment  le poste de pianiste de Magma pendant quelques années.
Il nous présente ce soir majoritairement de nouvelles compositions qui ont germées pendant le confinement.
A l'entame du concert il nous plonge dans une atmosphère plutôt sombre, des cheminements labyrinthiques, des impasses, des questions sans réponse à l'image de la période compliquée que nous venons de vivre.
Mais dans sa tête, plus que sur les nombreuse partitions qu'il a devant lui,  il y a du monde il y a un monde bien à lui, torturé certainement à certains moments mais aussi plus léger voir euphorisant à d'autres.
Dans ce dernier registre il a détourné ce soir un standard Jazz/ragtime sur un rythme endiablé, et repris un morceau  de Pat Metheny et Ornette Coleman "Kathelin Gray".
La promesse des jours heureux transpire dans ce morceau, une sorte de ballade dans une nature sautillante. Est-ce une évocation nostalgique ou bien réellement une incantation pour notre futur?

La jauge du soir doit être à 40% mais c'est reparti et c'est l’essentiel. 

Le Périscope a désormais publié sa programmation et on retrouve dès le 26 mai Bruno Ruder au piano avec le groupe Le Quadivium. Pour avoir déjà entendu un échantillon je vous recommande cette soirée.... chic c'est parti.          

Qu'est ce qui vous a manqué le plus pendant cette période ?
Je ne dois pas être le seul à répondre: un concert à partager dans la foule sentimentale!  

JazzMarc

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jeudi 29 avril 2021

Le Quadrivium au périscope : Un échantillon de contrebande de la vie artistique d'après !

 Le jeudi 22 Avril au Périscope.

Ce n'est plus le monde d'avant, pas encore celui d'après.
C'est dans cet entre deux qu'il nous ait proposé d'assister à un échantillon de concert, comme un fragment de contrebande organisé par le Périscope.
L'équipe du Périscope trépigne d'impatience à présenter sa nouvelle grande salle de concert en extension du lieu historique. Une salle agencée pour accueillir 150 spectateurs, et destinée à présenter des concerts de fin de résidences et d'autres projets en complément de la première salle. Cette promesse nous fait très envie! on en bave d'impatience de découvrir de nouvelles pépites.
Ainsi ce soir le groupe Quadrivium présente pour quelques "professionnels" le résultat de sa résidence dans ces lieux. Voici donc comment nous avons eu le droit à une petite heure de concert, soit un échantillon, dans une ambiance de quasi-clandestinité.
Tels des accrocs en sevrage nous aurions bien crié "ENCORE" tellement la musique vivante nous manque et que pour le coups ce projet Le Quadrivium se révèle fort enthousiasmant.
C'est la musique du 14 siècles qui a inspiré l'initiateur de projet le Batteur et compositeur Emmanuel Scarpa qui chante aussi pour l'occasion.
On reconnait bien des harmonies médiévales en début de morceau qui évoluent ensuite dans tous les sens pour nous amener vers bien d'autres univers musicaux qui se mélangent,  le jazz et le rock en particulier. C'est bon d'être amener. 
La musique est pour partie très écrites, elle laisse tout de même des espaces de liberté qui s'éloignent des règles de mathématiques que promet le nom de Quadrivium.
Ces espaces sont remplis avec gourmandise par les individualités de grand talent qui participent à cette aventure avec Emmanuel Scarla : Bruno Ruder aux  Fender Rhodes et synthétiseur, Philippe Gordiani  à la guitare et  Olivier Lété à la  basse électrique.
 

Si tout va bien, selon la formule consacrée,...
si tout va bien donc le groupe présentera son projet complet au Périscope ...bientôt.
Restons vigilants ! le monde  d'après s'annonce foisonnant de créativité. 

JazzMarc

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dimanche 7 mars 2021

Shai Maestro : Human


 Tu lis  dans Jazzmag qu'un nouveau CD qui t'intéresse vient de sortir, ou tu l'apprends par un copain. Tu cherches à entendre un seul morceau, pour tester, mais tu réserves le reste pour le jour où tu découvriras l’œuvre en question.

Tu achètes l'objet dans un des rares magasins spécialisés qui restent. Tu rentres chez toi. Tu glisses le CD dans ton lecteur et tu te cales dans ton canapé. Et là, TU ECOUTES... et tu fonds de bonheur.
 Cela m'est encore arrivé avec le dernier opus de Shai Maestro, autrefois pianiste d'Avishai Cohen (le bassiste, pas le trompettiste ).Il s'intitule "human". On y retrouve Jorge Roederer à la basse et Ofri Nehemya à la batterie.Je les ai vus à Evian, il y a quelques années.C'était déjà excellent.
 

Mais là, il y a un quatrième larron à la trompette, un bon, Philip Dizack, aux sonorités parfois proches d'Ibrahim Maalouf.Et le tout est d'une richesse et d'une finesse époustouflantes.Chaque écoute fait découvrir un nouveau détail.C'est BEAU !
 

  Essayez ... Vous m'en direz des nouvelles.
                                   François Jazzbôf