Sans la musique, la vie serait une erreur. (F. Nietzsche)


mardi 16 février 2016

Andy Emler en Impro-Land à l'amphi Jazz

Le jeudi 11 février à l'Amphi Jazz.
Au deuxième set Andy Emler nous a pris par la main pour un voyage enchanté en Impro-Land.
C'est une expérience sensorielle qui nous a été offerte un moment d'extase à vivre si on accepte de lâcher prise. Rien que ça !



Andy Emler s'est entouré pour ce nouveau trio de Xavier Desandre-Navarre aux percussions et Emmanuelle Zagoria à la voix; oui Andy Emler n'aime pas les chanteuses mais il aime les voix, et Emmanuelle improvise et utilise sa voix comme une vraie soliste.

Pour commencer le set Emmanuelle psalmodie en utilisant le piano à queue comme caisse de résonance,  c'est un chant sacré venu d'on sait où peut être des hautes montagnes tibétaines. C'est une musique mystique, de transe, qui se lance et nous prend; les deux instrumentistes suivent et alimentent la montée progressive,   je me tiens moi même à ma chaise pour ne pas décoller ( sans blague ?) et les frissons de plaisir m'envahissent (et ça c'est vrai).
Actrice, adepte de l’improvisation,  compositrice et chanteuse la toute jeune Emmanuelle Zagoria se livre sur scène sans retenue avec un naturel déconcertant.
Xavier Desandre-Navarre aux percussions utilise un "kit batterie" personnalisé, il a agencé un poste de pilotage à lui, il est assis sur un Cajon et se sert d'une pédale de grosse caisse à l'envers, le reste est constitué de trucs et de machins qu'il utilise avec enthousiasme et beaucoup de créativité.

A l'issue des deux premiers morceaux Andy Emler nous confie qu'il nous avait emmenés dans des mondes lointains où on ne savait même pas si on avait pieds; c'est dire si on est parti loin.
Il y a même cassé une corde de piano c'est dire s'il a tout donné.

Un espace de liberté est laissé alors à Emmanuelle, qui se transforme en une pseudo handicapée du langage, qui veut dire des choses mais qui ne peut pas, qui s’interrompt, qui chante , qui reprend qui rechante
"Comment tu me trouv..?; chut!.. on prends des vacances.. , Chut!..je t'aim... "
Est ce une scène de ménage, une déclaration d'amour qui dégénère et se transforme en hystérie à moitié chantée en tout cas c'est beau !
Suivront une chanson plus légère et pour finir un délire autour de la chanson de Grace Jones "Slave to the Rhythm" 

C'est une sacrée expérience de spectacle vivant, ces artistes font preuve d'une audace folle et dégagent quelques chose de très euphorisant et de rassurant quand à la création loin des modèles tout fait du mainstream.   
 
Euh ! Monsieur; Monsieur Euh  c'était quoi exactement ce qu'on a vu là ?
Ché pas!  tais toi et rêve!

JaZZmarc
Sur jazz-rhone-alpes.com ce billet les autres chroniques de la semaine

Xavier Desandre-Navarre, batterie/percussions / Emmanuelle Zagoria, Voix / Andy Emler, piano

 

Andy Emler et les tubistes à l'amphi Jazz

Le Jeudi 11 février à l'Amphi Jazz
Andy Emler compositeur, chef d'orchestre et pianiste est un gros gourmand... de musiques et de créations.

 En résidence à l'amphi jazz pendant quatre jours il nous propose chaque soir 2 trios différents ce qui est une vrai performance et une première.
Il annonce qu'il s'agit d'un hommage qu'il se fait à lui même, mais malgré ses propos on sait que ce n'est nullement son égo qui le motive mais la passion pour son art et la volonté de mettre en avant d'autres artistes avec qui il aime travailler; il n'a en effet plus grand chose à prouver tant il a déjà été reconnu par ses pairs et son public.

Pour le premier set de cette première soirée, Andy Emler nous invite à découvrir un trio original constitué du piano du maître de cérémonie  et de deux tubas celui François Thuiller et celui d'Anthony Caillet ce dernier étant un tuba ténor ou Euphonium.
En voyant ces deux instruments au physique de pachyderme on se dit que la musique pourrait être, elle aussi, lourdingue, c'est sans compter l'agilité de ses deux experts et la richesse des compositions d' Andy Emler.
La grande difficulté  du chroniqueur à ce stade est de vouloir catégoriser le style de musique proposée par notre héros du soir; elle est a ranger, si vraiment il faut s'y résoudre, parmi les musiques improvisées sans nul doute, mais au delà de cette formulation il y a tant de références à des univers sonores différents qu'il vaut mieux s'en tenir là: Andy Emler est un gourmand... insatiable.

Les projets proposés ce soir sont uniques, ils n'ont jamais étaient présentés sur scène avant, c'est de la création "in vivo", pleine de fantaisie, d'humour et de prise de risque.
L'humour est partout, dans les titres " 2 toubibs pour un pianiste",  dans les intros délirantes aussi, voir dans les parenthèses musicales où on entend "le boléro" de Ravel, "ne me quitte pas" et j'en passe.

Un morceau est annoncé entre Folk et musique de la Renaissance ce qui semble à priori être  vraiment un grand écart cependant à l'écoute on se dit qu'après tout s'était bien vu, on a même entendu du heavy métal avec deux Tubas ça fait rêver quand même.

 La musique est tout de même très écrite mais quand Andy Emler part en impro tout seul le spectateur bienveillant le sent bien passé : virtuosité mais aussi énergie, créativité et lâcher prise. 

Mais ça c'était avant, c'était seulement le premier set...

JaZZmarc

Sur jazz-rhone-alpes.com ce billet et les autres chroniques de la semaine


François Thuillier, tuba / Anthony Caillet, euphonium / Andy Emler, piano

dimanche 7 février 2016

Ange : L’Ode à Emile au Karavan de Chassieu

Le vendredi 5 Fevrier 2016 au Karavan de Chassieu

Mai 1977, Ange au Palais des Sports de Lyon, je m’en souviens comme si c’était hier, 10.000 personnes, Ange au sommet, disques d’or etc… et Christian Descamps qui pestait contre le son (échos, larsens etc…)

Un ange est immortel, Février 2016, Ange au Karavan de Chassieu, nous fait « Emile Jacotey Résurrection » et avec PhilBlues  nous sommes venus à la messe, retrouver un peu de notre jeunesse.
Ange aujourd’hui c’est Christian Descamps qui peste toujours, le physique imposant à la Orson Welles, il ressemble désormais carrément ou plutôt rondement à son nain Stanilas qu’il a tellement chanté. Gros bide, longs cheveux blancs et barbe assorti. La voix puissante et le geste toujours aussi théâtral.
C’est aussi le petit Tristan, fils de Christian, qui aux claviers à la place de Francis donne aussi de la voix très belle et puissante comme celle du papa. Mais c'est aussi trois autres musiciens remarquables : Benoit Cazzulini à la batterie, une grande envergure dans le geste, il n’a pas fait le déplacement pour rien, le travail abattu est colossal. A son flanc droit Thierry Sudhoum, un bassiste qui n’est pas sur la réserve comme souvent, il alterne son jeu et fait le spectacle. Hassai Hadji à la guitare, nourri au biberon Jimi Hendrix, nous gratifie de quelques envolées de belles factures. Sur une belle intro de Tristan Descamps à la Rick Wright il sait aussi amusé à nous servir du Gilmour pur jus.

 Nous avons donc eu droit à un Emile Jacotey bien péchu et revisité avec bonheur. Rien à redire si ce n’est le break du milieu qui présente deux ou trois morceaux actuels ou extensions ( ?) dont une compo de Tristan qui ne restera pas dans les annales malgré sa voix magnifique. Heureusement Ego et Deus nous replonge rapidement dans l’album, et c’est là qu’on réalise ce qu’est un grand album. Un univers, un son,  des textes…uniques, on s’y sent bien, on a envie d’y rester.

Le rappel se fait sur Fils de Lumières, nous sommes alors dans l’Au-delà du Délire, résurrection prochaine ?

Descamps est un péquenot, un bouseux, il a de la terre sur les godasses et se mouche dans un mouchoir en tissus à carreaux, mais il est vivant, énorme, on irait bien boire un pot avec lui, il nous remercie d’être venu au spectacle vivant et de ne pas être resté devant la « lucarne à blaireaux » puis on entend une dernière fois avec bonheur Emile le maréchal-ferrant Franc-Comtois nous dire à l’oreille : « Maint'nant à c’tâge … qu’est-ce vous v'lez….  On se r'pose…. »

Un Ange passe.

JC RockBof