Sans la musique, la vie serait une erreur. (F. Nietzsche)


dimanche 14 juillet 2024

Mark Priore Trio à Jazz à Vienne


 Le 13 juillet 2024 Jazz à Vienne Scène de Cybèle.

C'est la dernière journée du festival aujourd'hui et quoi de mieux que de terminer avec la génération montante du jazz.

Mark Priore et son trio sont sur la scène de Cybèle; c'est un moment d'émotion pour lui qui a grandi dans la région.  
Il s'est formé notamment au contact de  Alfio Origlio et du regretté Mario Stantchev puis a intégré le Conservatoire National Supérieur de Paris. Il s'est produit depuis sur nombre de grandes scènes française et européennes. De nombreux prix à des concours prestigieux sont venus confirmer la reconnaissance de ses pairs.
La première fois que je l'ai écouté sur scène en 2019 (voir ici) il m'avait fortement impressionné dans un exercice qui consistait à reprendre le répertoire d'un des maîtres du piano jazz contemporain Brad Mehldau, Exercice auquel il s'était sorti plus que haut la main.
Depuis il a sorti l'année dernière un premier album en solo, mais c'est bien en trio que j'attendais ses premiers projets;  piano,basse,batterie: le trio emblématique du jazz.

C'est l'objet du concert du jour : présenter le premier album du Mark Priore Trio sorti lui en octobre


2023 "Initio"
L'ambition ici nous annonce Mark Priore est de mélanger la musique baroque et le jazz. Concernant la musique baroque il évoque Haendel ou Robert Shumann, côté jazz on entend effectivement l'influence d'Ahmad Jamal  ou de Dave Brubeck entre autre.

Ça commence par une montée crescendo qui de lancinante devient obsédante et dégénère en une folie maitrisée vers un apogée jouissif c'est " Orphée et Eurydice" qui ouvre l'album. Morceau qui s'inspire d'un épisode de la mythologie grecque où Orphée remonte Eurydice morte de l'antre de l'enfer.

Le trio va ensuite pour l'essentiel dérouler les autres titres de l'album ou on appréciera tantôt la  délicatesse et la légèreté comme sur " Roxana" ou l'énergie échevelée de "Air".

Outre la qualité des compositions la qualité d'un bon trio est bien la somme des talents des 3 protagonistes et assurément nous sommes bien servis avec cette fantastique rythmique constituée de  Juan Villarroel à la contrebasse et Elie Martin-Charrière à la batterie. Ils font preuve d'une cohésion parfaite avec leur leader et sont sources de propositions audacieuses et pertinentes.

Nous sommes pressés de les revoir en club dans des conditions plus feutrées. Dans tous les cas nous souhaitons longue vie à ce trio. 

JazzMarc

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Mark Priore : piano
Juan Villarroel : contrebasse
Elie Martin-Charrière : batterie

 

 

samedi 13 juillet 2024

Roberto Negro à la cathédral Saint Maurice pour Jazz à Vienne

 Le 11 juillet 2024 à la cathédrale Saint Maurice de Vienne

Un lieu majestueux s'il en est pour un concert: La cathédrale de Vienne.
Un des pianistes français les plus doués de sa génération
Une organisation du festival de Vienne au cordeau qui laisse la place à des concerts gratuits d'un très bon niveau.
Et pourtant!

Je me faisais une joie de retrouver Roberto Negro qui s'était fait plus rare sur les scènes de la région, cet artiste facétieux plein de talent et de fantaisie.
Il a décidé de proposer un concert en improvisation complète en annonçant qu'il y aurait "peut être" des fenêtres vers du répertoire.

J'avoue être resté en dehors du coup pendant tout le concert collé au plancher des vaches, sans ressentir d'émotion, ni trouver de fenêtre alors ... j'ai pris la porte.     

On dit que les voies de Dieu sont impénétrables; celle de l'improvisation aussi quelques fois. 

 

JazzMarc

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mercredi 10 juillet 2024

Babx au Musée des beaux arts à Vienne


Le lundi 8 Juillet au Musée des beaux arts pour Jazz à Vienne

Un lieu atypique pour un concert : c'est ça aussi Jazz à Vienne. Il n'est effectivement pas désagréable de cumuler les plaisirs en écoutant de la bonne zique au milieu d’œuvres picturales.
Le musée des beaux arts de Vienne se situe au centre de la ville au deuxième étage d'une ancienne hall aux grains.

C'est donc sous une verrière, entouré de tableaux du 16e au 19e siècles que s'installe Babx, alias David Babin, au piano. Il était la veille au soir sur la grande scène du théâtre antique devant 8000 personnes pour l'hommage à Claude Nougaro auquel il participait et le voici aujourd'hui sous le regard bienveillant de Napoléon devant une centaine de veinards. Quel choc! 

Dans cette configuration intimiste il se propose aujourd'hui de présenter principalement des morceaux de son album sorti en 2023 "Une maison avec un piano dedans" qu'il a composé uniquement pour piano solo.
Il fait cette annonce liminaire comme s'il s'excusait de ne pouvoir déployer tous ses talents d'auteur, compositeur, interprète, producteur, pianiste ... n'en jetez plus! Nous allons nous en contenter ...avec gourmandise!

Quelques notes lentes, très lentes commencent à vibrer pour finalement remplir toute la pièce, puis la musique se déploie; elle est cinématographique: Nous y sommes c'est " La maison avec un piano dedans". Morceau qui ouvre l'album et nous invite à entrer dans cette maison; voici le piano il sera la porte vers d'autres mondes encore, et d'autres histoires.

En voici  une "Milonga", nous nous retrouvons dans une salle de danse argentine. La musique est a elle seule évocatrice mais les tableaux nous invitent eux aussi à nous y plonger. Il y a parmi eux la représentation d'une salle de bal...  je m'y égare.

En voici une autre, nous sommes sur le fleuve Congo avec une princesse et c'est "Merveille dans une pirogue"  

Une autre encore, où des apprentis danseuses répètent inlassablement leurs exercices et c'est "Ballerine"

Finalement même si aucun micro n'est prévu, Babx nous propose  de chanter "Rime" de Nougaro, interprétation qu'il a délivré au public du théâtre la veille et qui fut selon moi un des moments forts de cet hommage. Il est en léger décalage voix et piano ce dernier se faisant dissonant lors du refrain: une superbe reprise plus mélancolique que la version originale.

Au rappel il chantera aussi un espèce de blues poisseux " Omaya part 3" tiré de l'album "Ascensions" de 2017. Superbe cheminement vers une issue fatale : C'est triste et beau.

Un moment magique dans un lieu d'exception.

  JazzMarc

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mardi 9 juillet 2024

Gabi Hartamm à Jazz à Vienne : OUF et bienvenue à la douceur et à la fraternité


 Le 7 juillet 2024 au Théâtre Antique de Vienne

OUF! c'est la clameur entendu dans le théâtre à 20 heures en attendant le début du spectacle à la prise de connaissance des résultats du 2eme tour des législatives que beaucoup surveillaient sur leurs portables.

OUF c'est aussi le cris du cœur de Gabi Hartamm lors de son entrée sur scène à 20 heures 30 qui avoue avoir eu peur et s'est dit soulagée et libérée avant de partager sa musique toute en douceur et pleinement ouverte au monde. 

Gabi Hartamm est une jeune chanteuse française, autrice-compositrice et guitariste de 31 ans dont les influences revendiquées sont le jazz, les musiques latines et la chanson.
Ouverte au monde;  elle le prouve en chantant en anglais, français, arabe et portugais. Elle à vécue quelques années au Brésil  aussi tout au long du concert  on l'a sent proche de cette langue et cette culture.

Son premier album éponyme sorti en 2023 a eu un très grand succès. Il faut dire qu'outre son talent elle a su très bien s'entourer. Le grand Jesse Harris auteur, compositeur, guitariste et producteur y a largement participé. Lui qui avait déjà travaillé avec des Norah Jones, Madeleine Peyroux ou autre Melody Gardot.
"Don't know why" c'est lui !

Ce soir elle déroule les chansons de ce premier album avec pour commencer "Lullaby" et "Buzzing bee"et celles de son EP sorti récemment "little song lines".

De cet Ep je retiens surtout la très belle ballade "Milles rivages " composé elle aussi avec Jesse Harris,  et la reprise de la regretté Lhasa "Is anything Wrong".
Sur le morceau "l'amour incompris" c'est elle qui chante le couplet en arabe qui est interprété en duo avec Ghandi Adam sur l'enregistrement studio.

Il y a un an j'avais assisté à son concert au festival de Marciac dans une salle plus intimiste de 500 places, qui sied davantage à l'ambiance feutré que dégage ses concerts me semble t'il. Depuis elle a gagné en assurance et en professionnalisme; son groupe, lui, s'est agrémenté d'un souffleur de talent Robby Marshall (clarinette, saxophone, flute traversière...).

La chanson qui gagne tous les suffrages du public à chaque fois c'est "la mer" qui n'est absolument pas une bluette mais un cri contre la mort de migrants en méditerranée et notre inaction.

"La mer qu'on voit danser À des reflets de sang Des corps de naufragés Dans l'oubli, chavirant
..."
  
Un cri qu'elle poussera encore nous a t'elle confié tant que ces drames continueront.

C'est une artiste sincère tout en délicatesse qui montre aussi toute sa fantaisie avec des morceaux plus enlevés comme "Samba de la terre" ou "maladie d'amour"    

On la retrouvera plus tard dans la soirée comme invitée pour l'hommage à Claude Nougaro, mais c'est une autre histoire.  

JazzMarc

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 Gabi Hartmann (chant, guitare)
 Robby Marshall (clarinette, saxophone)
 Abdoulaye Kouyate (guitare)
 Florian Robin (piano)
 Elaine Beaumont (contrebasse)
 Bruno Marmey (percussions)

samedi 6 juillet 2024

Stracho Temelkovski Trio au Musée Gallo Romain pour Jazz à Vienne


Le jeudi 4 juillet 2024 au Musée Gallo Romain de Saint Romain en Gal 

La grande tente déployée sur la pelouse du musée Gallo Romain s'est transformée en tente berbère  le temps d'un concert. Stracho Temelkovski en trio y déploie pour notre plus grand plaisir son univers métissé, mêlant l'Orient, les Balkans, l'Europe et d'autres contrées imaginaires.

Originaire de Macédoine ce passionné de musique est devenu au fil des années multi-instrumentiste partageant sa passion de la musique et des sonorités du monde. Cet après midi il en trio avec ses complices de longue date  Jean-François Baez, à l'accordéon et  Ashraf Sharif Khan  au Sitar

On commence par s'accorder, Stracho nous glisse au passage que si on commençait tous par là nous aurions moins d'embrouille.

Et nous voilà parti en voyage sur un tapis volant vers un orient fantasmé, nostalgiques d'une fraternité entre les peuples portée par une musique cosmopolite à laquelle Stracho veut encore croire.

Stracho Temelkovski commence par une ligne de basse sur laquelle tout va s'appuyer. Pour sa part il va assurer aussi tout au long du concert les percussions avec sa voix ou ses instruments. 

La constitution d'un groupe composé d'un sitar d'un accordéon et d'une basse n'est pas tout à fait intuitif chaque instrument trimbalant des stéréotypes tellement différents. Et pourtant il s'accordent merveilleusement bien. Y a t'il dans une leçon à retenir de cet assemblage ? 

Stracho m'étonne toujours dans sa gourmandise à jouer de plusieurs instrument à la fois c'est le seul que j'ai vu percuter d'une main les cordes de sa basse et de l'autre les peaux de ses tambours .. avec brio.

On ne peut que s’enthousiasmer de la richesse qu'apporte la fusion des cultures à l'heure ou certains voudrait revenir à une France bien blanche avec béret et tablier d'écolier qui bien heureusement n’existe pas

Il est en résidence à jazz à Vienne cette année aussi il sera présent sur d'autres scènes alors n'hésitez pas.

JazzMarc
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Stracho Temelkovski : guitariste / basse / viola / percussions
Jean-François Baez,: accordéon
Ashraf Sharif Khan  : Sitar

samedi 22 juin 2024

Leo Sidran: "What's Trending" Le groove salvateur

Vous vous sentez oppressés par l'ambiance délétère du moment, par les messages de haines et les compromissions de nos responsables politiques qui nous disent agir pour la France ...
j'ai une bonne nouvelle pour vous, voici une belle découverte à partager sans modération pour accéder à un peu de légèreté et d'insouciance ... au moins pour un temps.
Voilà ma prescription: Une écoute régulière du dernier album de Léo Sidran "What's trending" jusqu'à la disparition des symptômes.
Vous serez alors pris d'une envie de chalouper sur le groove irrésistible de cet artiste.
Entre Michael Franck et Steely Dan ( plutôt Donald Fagen en solo d'ailleurs) Léo Sidran nous offre une cure de jouvence à la mode californienne.
Il a déjà quelques albums à son actif et un père qui est loin d'être un inconnu Ben Sidran, pianiste et chanteur américain connu pour sa participation au groupe Steve Miller Band. 
L'album est très bien produit et s'écoute entièrement avec plaisir. S'il fallait pointer quelques morceaux pour vous donner envie le premier morceau et titre de l'album "What's trending" donne le ton général "Hanging by a thread" et "Nobody kisses annymore" sont deux superbes ballades et "1982" est une petite facétie où les titres de chansons de l'année 1982 défilent.

Moi ça me fait du bien fou.

JazzMarc  



mercredi 12 juin 2024

Le trio David Bressat à Saint-Fons pour French connection Vol.3

Photo: Jean-Pierre Jacquot

Le  vendredi 7 juin 2024 à la médiathèque de Saint-Fons

C'est dans une "bulle de jazz" à Saint-Fons que se produit ce soir le trio de David Bressat à l'occasion de la sortie de l'album "French connection Volume 3". Les bulles de jazz ont a été imaginées par les organisateurs du festival de Jazz et l'école de musique de Sant-Fons pour continuer à  accueillir des artistes de jazz pendant la fermeture pour travaux du Théâtre Jean-Marais, où se tient habituellement le festival.

La bulle du soir est hébergée à la médiathèque dans une salle parfaitement bien sonorisée pour la mise en valeur d'un trio de haute volée. David Bressat pianiste et compositeur est un artiste basé dans la région dont la notoriété a dépassé depuis longtemps le territoire nationale.
Ce soir il présente la suite d'un projet qu'il a débuté en 2008 avec le premier volume de la série où il revisite de grandes chansons du répertoire populaires français pour les transformer en standards de jazz contemporain.

L'exercice est assez ludique au départ on reconnait assez facilement le thème. La composition ayant été cependant reprise du sol au plafond on est rapidement happé par les cheminements et les arrangements audacieux du trio. Nous voilà en excellente compagnie d'un pure trio de jazz contemporain magnifiée par une rythmique au cordeau avec Charles Clayette à la batterie et Thomas Belin à la contrebasse; chacun se lançant à son tour dans des envolés en solos propices à la délectation. .

Ce troisième opus nous permet d'entendre, entre autre, leurs versions de "la bohème" de Charles Aznavour, "c'est si bon" chanté par Yves Montand, ou "la belle vie" de Sacha Distel, c'est deux derniers titres ayant été déjà repris outre atlantique pour devenir là-bas des standards de Jazz.
Sur la pochette de l'album David Bressat rédige d'ailleurs un texte qui donne le ton, me semble t'il de l'esprit de l'artiste, dans cet exercice de style. Il se présente comme un extrait d'un polar qui se passerait dans un club de jazz américain où tout les titres sont cités au fil du récit  et évoque  les liens entre les chansons françaises et les standard de jazz internationaux: "French connection".

Sur ce dernier volume David Bressat intègre, comme à son habitude, quelques unes de ses compositions et reprend également une composition d'Eric Satie ce qui vient encore confirmer l'étendu de son talent.

Pour le rappel le trio reprendra " Les feuilles mortes" de Joseph Kosma, chanson présente dans le premier volume de French Connection; standard ultra plébiscité par les musiciens de jazz de tous les continents.
Ils invitent à les rejoindre pour l'occasion la chanteuse  Catali Antonini bien connue de la scène jazz qui se trouve être aussi très impliquées dans l'école de musique de Saint-Fons. Elle nous offre un beau moment de lâché prise avec ses vocalises sur le thème et une très belle façon de terminer ce set .

Surveillez notre agenda le Trio David Bressat va poursuivre sa tournée de présentation de l'album avec des dates sur Paris mais aussi à Saint-Étienne et bientôt de retour à Lyon.

JazzMarc
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mardi 6 février 2024

City Life : Orchestre national de Lyon et le trio TNT

Le 2 février 2024 à l'auditorium de Lyon.

Changement de décor voir de classe pour l'équipe de Jazz-Rhone-Alpes.com ce soir. Ce n'est pas dans un club ou un festival de jazz que nous nous retrouvons mais à l'auditorium de Lyon pour entendre l'orchestre national de Lyon; oui Monsieur.
Dans le cadre de son week-end Percussions l'Auditorium présente une soirée spéciale avec au menu une composition de Stéphane Pelegri, bien connu de la scène jazz, encadrée par deux œuvres de deux compositeurs américains pionniers de la musique dite minimaliste John Adams et Steve Reich.

L'ambiance est plus solennelle ici, l'orchestre au grand complet est impressionnant le protocole aussi. Le premier violon, Jennifer Gilbert, arrive après tout le monde sous les applaudissements puis le chef d'orchestre Pierre Bleuse qui l'a salut ostensiblement on va pouvoir commencer ?

Le courant minimaliste est apparu dans les années 60 aux États-Unis; les têtes d'affiche de ce genre musicale sont Philip Glass, Steve Reich, John Adams et Arvo Pärt.
L'écriture musicale est basée sur le rythme et la pulsation. Ces pionniers introduisaient dans leur musique des boucles analogiques de sons divers bien avant l’apparition de nos "looper" numériques actuels.   
"The chairmain dances"  de John Adams, créé en 1985, sera le premier morceau interprété. La belle mécanique de l'orchestre nationale se met en action pour nous plonger dans une ambiance entêtante dans laquelle on serait resté bien au-delà des 13 minutes annoncés. L'auditorium nous offre une qualité sonore idéale pour cet ensemble acoustique; moi, certainement mal habitué par les sons amplifiés, j'aurais volontiers déboutonné le nœud papillon et poussé le potentiomètre.     

Pour l'interprétation de la création de Stéphane Pélégri, "Random Memories", l'orchestre se modifie, les percussions en fond de salle disparaissent et les timbales apparaissent désormais au premier plan, prises en main par Adrien Pineau. La création s'articule en trois mouvements qui seront des dialogues entre les timbales et l'orchestre. J'y ai vu pour ma part un échange entre le sauvage et le civilisé. Le caractère tribale des percussions avec l'utilisation de  maillets, baguettes, ballets...voir simplement des mains du musicien se confronte à l'élégance et au raffinement de l'orchestre: L'opposition du charnel et du spirituel.      

Une pause permet à l'orchestre de se modifier encore pour la composition de Steve Reich " City life". Le groupe musicale est plus resserré il est désormais amplifié. On y trouve quand même, entre autre, deux pianos et deux synthétiseurs, un technicien y est même accueilli pour les sons de la ville qui parsèment le morceau créé en 1995:Vingt minutes dans les rues de New York, rythmées par les klaxons, la sirène des pompiers les coups de freins. Steve Reich y a intégré aussi les échanges radio entre les pompiers de New York lors de l'attentat du World Trade Center de 1993. J'avoue ne pas les avoir entendu ce soir.
Contrairement à ces précédentes compositions, comme "Different trains" les sons enregistrés ne sont pas sur bandes magnétiques mais bien échantillonnés et joués en direct sur des claviers.
Une très belle expérience que d'entendre en live une telle œuvre.

C'est avec la banane au visage après ces moments d’exception qu'au sortir de la salle nous sommes accueillis dans l'atrium de l'auditorium par un trio jazz pur jus pour un "after" oui madame un "after".
Aussi nous voici dans un contexte plus familier pour nous avec le trio jazz TNT à la manœuvre.
Benoit Thevenot est au piano, magnifique musicien bien connu aussi avec son autre trio Magnétic Orchestra. Greg Theveniau est à la guitare basse au bon son groove et au slap assassin.  Hervé Humbert pilote la batterie avec beaucoup de créativité on le connait aussi pour sa participation au big band de l'Oeuf. Ce qui est bon dans les soirées impromptues c'est que tout peut arriver ! Aussi comme Stéphane Pelegri a participé grandement à l'organisation de la soirée, il lance un bœuf en prenant place au piano, invite Gaby Schenke au saxophone et Arnaud Geffray (de l'ONL lui aussi) à la trompette et c'est parti sur un thème de Wayne Shorter et un moment de grande liberté et de pur plaisir pour les spectateurs.
La chanteuse jazz Catali Antonini viendra rejoindre ce bel équipage sur un thème chanté autrefois par Claude Nougaro.

Les spectateurs avaient de quoi êtres comblés ce soir parce que bousculés, surpris et enrichis par la musique avec ou sans protocole.

Benoit Thevenot : claviers, Greg Theveniau : Guitare basse, Hervé Humbert : batterie

JazzMarc
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Pour illustrer la musique minimaliste voici un morceau emblématique de Steve Reich

Et mon chouchou du moment Arvo Pärt idéal pour les moments de lâcher prise

lundi 16 octobre 2023

Sophie Alour à l'underground de l'opéra de LYon

 
Photo: Christophe Charpenel

Un vendredi 13 à l'underground de l'opéra de Lyon
"Délicat"
C'est le qualificatif qui me vient pour évoquer le concert de ce soir.
C'est un très grand plaisir de retrouver Sophie Alour découverte en 2008 avec son premier album "uncaged" au Radiant.

Oui c'est toujours la très grande classe, elle est entourée ce soir de musiciens d’exception dans une formule originale guitare, violoncelle, batterie et Saxophone/flute traversière pour la leader et compositrice Sophie Alour.
Pierre Perchaud est la guitare, Guillaume Latil au violoncelle et Fabrice Moreau à la batterie.
Pas exhibitionnisme pas de chichi juste de la belle zique avec des arrangements au cordeau  portés par des musiciens qui sont tous des leader dans d'autres formations.
Ce soir Sophie Alour présente son dernier Album " Le temps virtuose", projet qui évoque le thème du temps sur plusieurs aspects. Il a été composé dans les périodes troubles de Covid et de la guerre en Ukraine au regard de la vie qui avance. "Petite anatomie d'un présent qui passe" est par exemple un jolie titre écrit lui en pensant à sa fille de 10 ans.
J'ai adoré "Musique pour Messieurs" délicieusement tourmenté par la guitare saturée et une rythmique entêtante, suivra "Musique pour Dame" beaucoup plus apaisée, peut être nostalgique.
Elle revisite dans ce nouvel opus un morceau emblématique de son premier album justement  "Haunted"  : le temps passe mais le talent reste!     

Un ptit coup de griffe au passage, je regrette le temps où l'underground s'appeler l'amphijazz et où nous pouvions écouter/voir du jazz tous les mois. J'aime pas trop les "c'était mieux avant " mais en l’occurrence on ne va pas vers du mieux en la matière.  La dynamique est cassée. 

JazzMarc

Trio EYM au Periscope avec Varijashree Venugopal et BC Manjunath

Le mercredi 11 octobre 2023 au Périscope

Et si la musique pouvait sauver le monde !
C'est un langage commun à toutes les civilisations et un véritable véhicule d'émotions et de joies en commun.

Prenez le trio EYM qui se présente ce soir sur la scène du Périscope ils sont originaires de Lyon ( quelle bonne idée); ce qui les motivent eux, c'est d'aller rechercher de nouvelles sonorités et d'enrichir leur créativité en s'ouvrant aux influences du monde entier.
Ce soir ils présentent leur 4ème album "Bangalore" une fusion de jazz contemporain et de musique Carnatique du sud de l'inde.
Ces deux styles sont à des années lumière l'un de l'autre et pourtant! ... et pourtant leur fusion ce soir est tout simplement somptueuse. Alors si toutes les musiques du monde pouvaient se donner la note!

EYM  c'est d'abord un trio de jazz contemporain piano, basse et batterie  porté, dans le même ordre, par Elie Dufour, Yann Phayphet et Marc Michel. Le groupe est né en 2011 et depuis ils ont sillonné le monde et collaboré avec pas mal d'artistes de nombreux pays.
Cette ouverture donne à leur musique des couleurs chamarrées parfois au sein même d'un unique morceau.
Le concert démarre en trio seul avec  "Pique nique à Tchernobyl" morceau qui figurera dans un futur 5 ème album. Déjà les sonorités de l'orient sont là, je pense à Avishai Cohen ( Israël), à Tigran Hamasyan (Arménie) voir à Aziza Mustafa Zadeh ( Azerbaïdjan) quand la chanteuse Indienne interviendra: des artistes qui poussent la fusion musicale comme un instrument de paix massif. 

Dès le deuxième morceau la chanteuse Varijashree Venugopal et le percussionniste BC Manjunath rejoignent le groupe pour dérouler les titres de l'album "Bangalore". C'est juste un monde nouveau qui s'ajoute et se mêle au premier pour l'enrichir davantage. Comment ?  la question technique est vite oubliée tant le résultat semble une évidence (Au secours André Manoukian)
La voix de la chanteuse est envoutante, elle ne fait aucune surenchère c'est une musicienne comme les autres, elle est en osmose avec le groupe, elle improvise et participe pleinement à la fusion générale. (elle aurait mérité une meilleure sonorisation ce soir)
Le percussionniste BC Manjunath est un véritable phénomène il joue du mridangam, instrument traditionnel étonnant faisant partie des tambours en tonneau. Au cours du concert il propose au public un langage de la percussion et entraine tout le monde dans des phrases rythmiques.
Les morceaux s'enchainent  très percussifs comme "No madness" et "I'm traveling alone" ou des ballades comme  "song for Anilou". Tous sont des compositions d'Elie Dufour excepté  le très beau  chant traditionnel "Jagadoddarna"arrangé par lui.

Le groupe propose pour finir le titre "Bangalore" ville au sud de l'inde dont ils sont tombés amoureux et où ils ont rencontrés Varijashree et BC Manjunath. Au rappel ce sera  "Emile" une ballade composée par Elie pour son fils.

 Un mot sur le piano d' Elie Dufour qui est un sujet à lui tout seul, en effet avec un ami ingénieur ils ont mis au point une pédale spéciale qui active un dispositif venant appuyer sur les cordes pour en faire un piano "préparé" à la demande. Les notes sont ainsi altérées ponctuellement. Ce soir le piano a des sonorités  d'instrument à corde traditionnel me semble t'il comme une Kora africaine. ( fusion encore)

La salle était pleine ce soir pour accueillir les enfants du pays et leurs amis, elle était unanimement enthousiaste pour célébrer la beauté des musiques du monde et leur mélange. 

Les tyrans et les barbares ignorants n'aiment pas la musique; soit ! et bien défendons là encore plus! 

JazzMarc
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