J’ai beaucoup aimé ce film dont la
bande son des années 70 valide son entrée sur le blog (Syd Barett,
Tangerine Dream, Captain Beefheart… ben oui ça plane un peu)
L’action se passe en 1971, Olivier
Assayas nous fait revivre ce moment de notre jeunesse où nous
étions trop jeunes pour avoir pu lancer les pavés, mais
suffisamment vieux pour s’accrocher à cet état d’esprit
révolutionnaire et artistique qui flânait encore. Quel sens allions
donner à notre existence ?
Les souvenirs ressurgissent, les vestes
de treillis US, les sacs marocains, les mobs bleues, les manifs, les
discussions politiques, les vinyls, les filles, les copains qui
partaient en Inde….
Mais voilà ce film est aussi
esthétiquement beau, les mouvements de caméra sont souples et cela
fait du bien, pas de ralentis, de caméra à l’épaule, de gros
plans, pour faire passer des émotions, non, juste de bons
travelling. Il y a une séquence magnifique où Laure déambule,
shootée à l’héroïne, dans une immense demeure bourgeoise, la
caméra la précède, la suit dans l’escalier, l’attend dans sa
chambre, hallucinée, tous les ressentis sont transférés par ce
seul jeu de la caméra.
Bon oui c’est bobo par instant (mais
c’est une autobiographie, Olivier Assayas, Gilles dans le film, est
un fils de) mais cela ne doit pas être réducteur. Bon oui la coupe
de cheveux de Gilles le personnage central m’a un peu énervé,
mais réflexion faite c’est peut-être ce détail qui rattache ce
film au présent, cette coupe est actuelle et n’importe quel jeune
d’aujourd’hui peut s’identifier, et c’est tant mieux, cela ne
réduit pas le film à un film pour vieux cons. Rien n'a changé et
pourtant tout est différent, Rien n'est pareil et pourtant tout est
comme avant disait Moustaki…
Assayas fait dire à son personnage
(approximatif) « je vivais mes rêves, lorsque le réel frappait à
ma porte je n’ouvrais pas »
Nous avons pourtant tous fini par
ouvrir la porte…hélas ?
JC CinocheBof
Syd Barrett -Terrapin
Extrait d'un interview d'olivier Assayas
Le film est littéralement habité par la littérature, la peinture ou la musique qui fonctionnent comme des fétiches…
Je raconte une époque qui n’était pas touchée par la sur-communication. Tout était précieux, parce que la culture était difficilement accessible. La contre-culture était pour les jeunes une sorte de monde parallèle permettant de s'évader du réel. Elle tissait un lien entre des gens définis par leur jeunesse et leurs aspirations à autre chose que ce que la société leur proposait. Aujourd'hui on fétichise les objets (les films, les livres ou la musique) de cette contre-culture par effet de consommation, alors que c’était les vecteurs d'un lien social quasi communautaire. Je tenais beaucoup à représenter cette matière-là dans le film.
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