Samedi 30 mars au Quai du polar
Grand jour que ce samedi 30 mars 2019 qui nous permet de retrouver deux
auteurs majeurs de romans policiers, Michael Connelly et James Sallis,
autour d'un jeune groupe de jazz issu du Conservatoire de Lyon (le HH
Quartet), composé de Xavière Breillet (chant),Dorian Janin
(contrebasse),Milan Ollier (guitare) et l'excellent Elie Goulème
(batterie).
Le modérateur, belge (Michel Dufranne ?), nous prévient que
pour des raisons de "pré-guerre civile" dans l'hexagone (comprenez
"gilets jaunes"), Connelly devra partir plus tôt pour rejoindre son
prochain lieu d'intervention mais que nous pourrons finir dans lui,
Sallis étant réputé pour ses écrits sur le jazz.
Sinon, cette rencontre est conçue comme l'alternance d'un débat
littéraire et de morceaux de musique. Première remarque sur
l'inextricable proximité et complémentarité d'un genre littéraire ,le
polar, et d'un style musical, le jazz. Pourquoi ? Les auteurs expliquent
l'analogie de construction d'un polar et d'un air de jazz, avec un
thème (musical ou intrigue) dont on s'éloigne pour mieux y revenir par
des chemin de traverse et avancer dans l'oeuvre. La précision du texte
n'est d'ailleurs nullement l'ennemie de l'improvisation de l'auteur au
cours de la rédaction du roman.
Seconde remarque sur les citations de titres de jazz qu'écoutent les
protagonistes du roman. Dans quel but ? Le mot émotion est prononcé,
aussi bien celle de l'auteur qui écrit (et se met en condition) que
celle du lecteur ainsi sollicité .Alors, demande le modérateur, peut-on
utiliser une musique qu'on n'aime pas pour faire jaillir un personnage
antipathique ou créer une situation insupportable? Pas vraiment, répond
Michael,car si on l'écoute, on en vient à reconnaitre les qualités ,par
exemple, d'un morceau de rap, et à en intégrer le texte dans le roman,
jusqu'à ce qu'on vous réclame des droits d'auteur exorbitants!
A quatre reprises, le quartet invité ponctue le débat d'un morceau de
jazz. Le premier sera de Kenny Garrett, le second une composition
personnelle du jeune combo, le troisième une œuvre de Christian Mac
Bride. Les écrivains prouvent leur respect des musiciens en refusant de
rester le dos tourné à l'orchestre. Et Connelly , qui part le premier,
ira serrer la main de chacun des musicos dans les coulisses.
Sallis, quant à lui, a fait un aparté sur la qualité de la rythmique.
Dommage que le modérateur avoue ne pas être jazzophile !Le quatrième
morceau achève ce moment musico-littéraire par une reprise de la
contrebassiste et chanteuse Esperanza Spalding dans laquelle Xavière,
qui a fait beaucoup de scat, chante davantage et Milan produit un solo
de guitare plus fourni. Felicitations au HH Quartet qui salue son public
sous les applaudissements ( James Sallis n'est pas en reste pour la
claque).
François Jazzbôf
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