Paco de Lucia,
Ton nom c'était déjà un voyage et ta guitare fiévreuse avait chauffé au
rouge une nuit de Fourvière en juillet 2006.
Les JazzBof 1 et 2 étaient
là. Dans un précédent billet on discutait d'albums qui nous ont marqué,
celui -ci tourne encore dans ma tête.
Une pochette noire et trois noms
magiques. Un chef-d'oeuvre. Laissons un musicien parler de toi, j'ai
bien aimé les mots de ce guitariste américain (article Télérama de cette
semaine) .
Hasta luego.
JC JazzBof
La Réponse de Larry Coryel
"Quand on s'est produit à Madrid en février 1979 grâce
à tous les fans de Paco, il y avait là plus de spectateurs que pour un
concert des Rolling Stones ! Nous avons conclu notre deuxième tournée au
Royal Albert Hall, à Londres : ce concert a fait du clic sur YouTube
pendant un paquet d’années.
Je l'avais rencontré quelques mois plus tôt à Paris, chez John McLaughin. Très ouvert, très humble Paco m'avait dit avoir peur de ne pas être capable de jouer du jazz.. Or, dès qu'on a empoigné nos guitares, il s'est adapté au style de John et du mien. De notre côté, John et moi avons hispanisé notre phrasé à son contact,
on a appris à jouer plus flamenco. Nos racines musicales semblaient
destinées à s'épanouir sous l'influence de l'esprit ibérique.
Quelques années plus tard, après que j’ai quitté le trio, j’ai recroisé
Paco sur des festivals en Europe, où j’ai eu le bonheur de le voir en
spectateur. Je me souviens surtout d’un concert à Pau : il était seul
sur la scène et, en l’écoutant, j’ai réalisé que son jeu me rappelait
celui de l’immense pianiste de jazz américain Bill Evans. Paco avait
élevé son degré de créativité à un niveau où l'expression et sa
connaissance pure du flamenco rejoignaient la dextérité, la puissance et
la transcendance de géants du jazz comme Evans ou Chick Corea – que
Paco aimait beaucoup. Ce concert restera gravé comme la performance de
guitare la plus incroyablement pure que j'ai jamais entendue – et que je
n'entendrai jamais plus de ma vie. Son art était l'expression magique
d'une fierté faite d'émotion, mariée à cette portée universelle,
indéfinissable, qui caractérise le génie. John, Paco et moi nous sommes
retrouvés à nouveau dans les années 90, à Séville, lors des “Légendes de
la guitare”. Le soir du concert de Paco, j’ai eu le privilège et
l’immense fierté de le présenter sur scène: “L'ame de l'Espagne”, est le
terme qui m'est venu. Il l'était vraiment et le restera… siempre" Propos recueillis par Anne Berthod
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