lundi 16 octobre 2023

Sophie Alour à l'underground de l'opéra de LYon

 
Photo: Christophe Charpenel

Un vendredi 13 à l'underground de l'opéra de Lyon
"Délicat"
C'est le qualificatif qui me vient pour évoquer le concert de ce soir.
C'est un très grand plaisir de retrouver Sophie Alour découverte en 2008 avec son premier album "uncaged" au Radiant.

Oui c'est toujours la très grande classe, elle est entourée ce soir de musiciens d’exception dans une formule originale guitare, violoncelle, batterie et Saxophone/flute traversière pour la leader et compositrice Sophie Alour.
Pierre Perchaud est la guitare, Guillaume Latil au violoncelle et Fabrice Moreau à la batterie.
Pas exhibitionnisme pas de chichi juste de la belle zique avec des arrangements au cordeau  portés par des musiciens qui sont tous des leader dans d'autres formations.
Ce soir Sophie Alour présente son dernier Album " Le temps virtuose", projet qui évoque le thème du temps sur plusieurs aspects. Il a été composé dans les périodes troubles de Covid et de la guerre en Ukraine au regard de la vie qui avance. "Petite anatomie d'un présent qui passe" est par exemple un jolie titre écrit lui en pensant à sa fille de 10 ans.
J'ai adoré "Musique pour Messieurs" délicieusement tourmenté par la guitare saturée et une rythmique entêtante, suivra "Musique pour Dame" beaucoup plus apaisée, peut être nostalgique.
Elle revisite dans ce nouvel opus un morceau emblématique de son premier album justement  "Haunted"  : le temps passe mais le talent reste!     

Un ptit coup de griffe au passage, je regrette le temps où l'underground s'appeler l'amphijazz et où nous pouvions écouter/voir du jazz tous les mois. J'aime pas trop les "c'était mieux avant " mais en l’occurrence on ne va pas vers du mieux en la matière.  La dynamique est cassée. 

JazzMarc

Trio EYM au Periscope avec Varijashree Venugopal et BC Manjunath

Le mercredi 11 octobre 2023 au Périscope

Et si la musique pouvait sauver le monde !
C'est un langage commun à toutes les civilisations et un véritable véhicule d'émotions et de joies en commun.

Prenez le trio EYM qui se présente ce soir sur la scène du Périscope ils sont originaires de Lyon ( quelle bonne idée); ce qui les motivent eux, c'est d'aller rechercher de nouvelles sonorités et d'enrichir leur créativité en s'ouvrant aux influences du monde entier.
Ce soir ils présentent leur 4ème album "Bangalore" une fusion de jazz contemporain et de musique Carnatique du sud de l'inde.
Ces deux styles sont à des années lumière l'un de l'autre et pourtant! ... et pourtant leur fusion ce soir est tout simplement somptueuse. Alors si toutes les musiques du monde pouvaient se donner la note!

EYM  c'est d'abord un trio de jazz contemporain piano, basse et batterie  porté, dans le même ordre, par Elie Dufour, Yann Phayphet et Marc Michel. Le groupe est né en 2011 et depuis ils ont sillonné le monde et collaboré avec pas mal d'artistes de nombreux pays.
Cette ouverture donne à leur musique des couleurs chamarrées parfois au sein même d'un unique morceau.
Le concert démarre en trio seul avec  "Pique nique à Tchernobyl" morceau qui figurera dans un futur 5 ème album. Déjà les sonorités de l'orient sont là, je pense à Avishai Cohen ( Israël), à Tigran Hamasyan (Arménie) voir à Aziza Mustafa Zadeh ( Azerbaïdjan) quand la chanteuse Indienne interviendra: des artistes qui poussent la fusion musicale comme un instrument de paix massif. 

Dès le deuxième morceau la chanteuse Varijashree Venugopal et le percussionniste BC Manjunath rejoignent le groupe pour dérouler les titres de l'album "Bangalore". C'est juste un monde nouveau qui s'ajoute et se mêle au premier pour l'enrichir davantage. Comment ?  la question technique est vite oubliée tant le résultat semble une évidence (Au secours André Manoukian)
La voix de la chanteuse est envoutante, elle ne fait aucune surenchère c'est une musicienne comme les autres, elle est en osmose avec le groupe, elle improvise et participe pleinement à la fusion générale. (elle aurait mérité une meilleure sonorisation ce soir)
Le percussionniste BC Manjunath est un véritable phénomène il joue du mridangam, instrument traditionnel étonnant faisant partie des tambours en tonneau. Au cours du concert il propose au public un langage de la percussion et entraine tout le monde dans des phrases rythmiques.
Les morceaux s'enchainent  très percussifs comme "No madness" et "I'm traveling alone" ou des ballades comme  "song for Anilou". Tous sont des compositions d'Elie Dufour excepté  le très beau  chant traditionnel "Jagadoddarna"arrangé par lui.

Le groupe propose pour finir le titre "Bangalore" ville au sud de l'inde dont ils sont tombés amoureux et où ils ont rencontrés Varijashree et BC Manjunath. Au rappel ce sera  "Emile" une ballade composée par Elie pour son fils.

 Un mot sur le piano d' Elie Dufour qui est un sujet à lui tout seul, en effet avec un ami ingénieur ils ont mis au point une pédale spéciale qui active un dispositif venant appuyer sur les cordes pour en faire un piano "préparé" à la demande. Les notes sont ainsi altérées ponctuellement. Ce soir le piano a des sonorités  d'instrument à corde traditionnel me semble t'il comme une Kora africaine. ( fusion encore)

La salle était pleine ce soir pour accueillir les enfants du pays et leurs amis, elle était unanimement enthousiaste pour célébrer la beauté des musiques du monde et leur mélange. 

Les tyrans et les barbares ignorants n'aiment pas la musique; soit ! et bien défendons là encore plus! 

JazzMarc
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