La 40 ème édition de Jazz à Vienne est celle de la promesse d'un retour de la musique en live sans contrainte.
Alors même que le off est très limité cette année, le plaisir procuré par cette édition semble être décuplé par tant d'abstinence durant tous ces mois.
En guise d'explosion des plaisirs musicaux les organisateurs du festival ont donné en cette soirée du 4 juillet une carte blanche à Manu Katché pour une résurection de son émission culte "One Shot Not" en live.
De 2007 et 2011 le temps qu'a duré cette émission sur Arte Manu Katché recevait des artistes dans un esprit de mélange de genres et de générations pour des interviews et des sessions musicales dans les conditions du live.
Le grand intérêt de cette émission était de retrouver quelques pointures qu'on voyait peu, voir pas, à la télé comme Marcus Miller ou David Byrne et de découvrir de nouveaux talents comme Portico Quartet, Krystle Warren et bien d'autres.
Il me semble bien que c'est aussi la mission d'un festival comme Jazz à Vienne...chic!
Manu Katché est depuis toujours un hardant défenseur du décloisonnement de la musique. Il l'a prouvé dans sa carrière de batteur en passant de la chanson française quand il accompagnait Michel Jonasz ou Véronique Samson, à la pop rock anglaise aux côtés de Peter Gabriel voir au Jazz pur jus quand il collabore avec Jan Garbarek où pour ses propres projets. La liste de ses compagnons de route est longue et éclectique
Il l'a prouvé aussi avec ses choix d'invités dans son émission et ce soir il enfonce le clou!
Le set commence comme un concert classique à Vienne; Manu Katché avec son groupe joue les morceaux de son dernier album "The Scope". Jérôme Regard est à la basse, Elvin Galland aux claviers et Patrick Manouguian à la guitare.
Ce "house band" va accompagner quelques invités, en devenir ou prestigieux que Manu va présenter en fabuleux maitre de cérémonie témoignant d'une grande complicité avec les uns et les autres.
Et ça commence avec des locaux de l'étape:
En effet Manu Katché présente avec moult superlatifs la chanteuse Célia Kameni* bien connue de la scène jazz locale. Elle chantera ce soir un morceau de l'album The Scope mais aussi 3 autres de l'album "Secret places" qu'elle a enregistré avec la complicité du pianiste Alfio Origlio,sur scène également ce soir, une autre pointure locale qui nous rend fiers du jazz que nous défendons au quotidien à jazzrhonealpes.com.
Le décloisonnement musical façon Manu Katche sera illustré ensuite par l'intervention du rappeur Jazzy Bazz, pour 2 morceaux puis par celle d'une artiste rare Sophie Hunger qui, elle, joue déjà sa propre partition de l’éclectisme.
Elle a repris magnifiquement à son compte une chanson de Noir Désir "le vent l'emportera", a fait une incursion dans le jazz lors d'une collaboration avec Erik Trufaz sur son album " in Between" et le titre " Let me go" qu'elle chantera ce soir, mais son registre de prédilection c'est une pop folk énergique et polyglotte.
Après un petit retour de Raoul Midon le guitariste virtuose et chanteur ( Que j'avais pour ma part connu lors d'une émission de "One Shot Not") qui a assuré la première partie de la soirée Michel Jonasz arrive alors en véritable star.
Il est accompagné de son fidèle pianiste Jean-Yves D'Angelo, et nous régalera de quelques unes de ses chansons tubes inoxydables: "Du blues, du blues, du blues", "Lucie", "Super Nana". Bien sûr le public en redemande c'est tellement bon de partager à nouveau ces chansons intemporelles !Mais la vrai star internationale arrive !
La surprise était bien gardée et c'est le policeman en chef , Sting himself qui entre en scène.
Ah quand même ! ( Oui j'avais envie de placer "Ah quand même!" dans cette article)
Il annonce qu'il n'a pas fait de scène depuis 2 ans; qu'il ne sait pas s'il sait encore faire.
Nous fumes très vite rassurés avec pour notre plus grand plaisir des morceaux presque jamais entendus: " Message in a botle" , "English man in New York" et " Shape of my heart" avec le guitariste Dominic Miller et Célia Kameni toute heureuse de se retrouver en duo avec cette
star. Excusez du peu !.
Et si on finissait avec " If you love somebody, set them free" tous ensemble: Bon et ben d'accord.
Si je me permettais un écart de langage pour qualifier cette soirée, je dirais qu'après une année de merde ( dixit Manu Katché lui même) c'était un putain de plateau ( dixit moi même!)
JazzMarc
*: pour mémoire, Célia Kameni a débuté sa carrière de chanteuse en janvier 2011, avec le projet collectif « Motown revival » à l’instigation d’un certain Jérôme Regard qui dirigeait le département jazz du C.R.R. de Lyon à l’époque. (j'y étais )